Chapitre 5 (partie 2)

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Blake marchait à côté d'Elisabeth. Il ne savait pas où elle comptait l'amener mais il lui faisait confiance.

-Nous voilà au Fairouz Café ! Tu connais ?

-De nom, mais j'y suis jamais allé !

-Eh bien mon cher, avoir ton âge et n'être jamais entré dans ce café devrait être puni par la loi ! Ils font les meilleurs granita de la ville !

Blake ouvrit la porte du café et laissa Elisabeth passer.

-Salut Elisa ! Ça fait longtemps !

-Hello Jacob !

Elle s'installa à une table avec Blake.

-Je vous sers quoi les jeunes ?

-Je vais te prendre un granita fraise-cola.

Blake commanda la même chose.

-Souvent on ne s'en rend pas compte, on se focalise sur nos problèmes, avoua Elisabeth, regarde, moi, je suis arrivée avec mes soucis et je te les ai balancés à la tronche sans me demander si toi tu allais bien...

Blake ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel et de sourire. Elisabeth sourit à son tour.

-Avec Annah, dès que l'une d'entre nous n'allait pas bien on se posait quelque part et on regardait les gens passer. On imaginait la vie d'une personne qui passait près de nous, ses moments de joies, ses déboires, ses tristesses et très souvent ça nous faisait du bien ! On relativisait, tout cela ne venait que de notre imagination mais ça nous permettait de nous sentir mieux face aux pseudo problèmes des autres.

-Pas mal comme technique pour se sentir mieux !

Un homme de la quarantaine passa près de leur table. Ses cheveux grisonnaient avec l'âge et son visage était fermé.

-Cet homme est vraiment très très tendu, commença Elisabeth à la vue de l'homme, il trompe sa femme, et elle a des doutes. Son amante voudrait partir loin de San Diego avec lui, mais c'est une femme qui doit être entretenu... Seulement depuis une semaine il a perdu son boulot... Du coup il est actuellement en train de tout perdre !

-Oh merde ! Le pauvre, avoua Blake en retenant un éclat de rire.

Elisabeth sourit, Blake semblait déjà aller mieux. Certes, cette technique n'était pas très conventionnelle mais elle faisait vraiment du bien. Un groupe de trois filles passa près d'eux. Elles devaient quinze ans tout au plus.

-Ces trois filles sont dans une crise existentielle, commença Blake avec un grand sourire moqueur, la brune à droite... Jane est amoureuse du copain de son amie, Kate au milieu...

-Et celle de gauche... Chloe ! Et bah, elle est privée de sortie par sa mère à cause de sa mauvaise note en maths... Samedi les filles veulent sortir mais Chloe ne pourra pas et elle ne peut pas dire à ses copines qu'elle est privée de sortie...

-Bah ouais c'est trop la loose attends !

Elisabeth et Blake rirent de bon cœur. Tout en buvant leurs boissons ils continuèrent ainsi à inventer des problèmes de plus en plus farfelus à des inconnus. Blake alla même jusqu'à trouver des soucis existentiels à un labrador.

-Tu n'as pas eu de soucis toi avec tes parents par rapport à ton école d'art ? reprit Blake plus sérieusement.

-Honnêtement non... Depuis le primaire je prends l'option art... Je m'améliorais un peu plus chaque année, du coup quand en dernière année j'ai dû faire un choix d'orientation, c'était l'art et puis c'est tout... Mais tu sais, je pense qu'au fond mes parents sont un peu comme ton père... Ils ont peur que je ne puisse pas vivre de ma passion je pense !

-Ouais... Ouais...ça je le comprends tu vois, c'est pour ça que j'ai accepté d'entrer dans une école de Marketing, mais j'ai besoin que mon père me laisse respirer !

-Je te comprends.

Blake et Elisabeth restèrent à se regarder durant dix minutes sans réellement parler puis ils décidèrent de partir. Une fois au parc leurs routes se séparèrent encore une fois jusqu'à leur prochain rendez-vous. Elisabeth décida d'aller au cimetière. Elle arriva au niveau de la tombe d'Annah quand son regard fut interpellé par quelque chose. Le pot de fleur en terre cuite qui contenait les orchidées blanches avait été brisé. Et sous un des morceaux du pot était callé un bout de papier.

« Connasse ! J'avais pas besoin de toi pour réaliser que toute cette tragédie puisait sa source de la connerie de mes actes !

En fait tu es faible ! Tu croyais duper qui avec tes paroles : je ne comptais pas te haïr !? Avoue -le depuis que tu t'es réveillé sur ce lit d'hôpital tu me hais ! Vas-y dit le, hurle-le, crache-le au monde ! Tu me hais, alors inutile de te cacher derrière des belles paroles, derrière de l'espoir ! Meuf tu ne pourras plus jamais marcher par ma faute, ta meilleure amie est morte ! Annah est morte ! Plus d'Annah ! Tous vos projets ensemble sont morts ! Morts putain ! Tu comprends ce mot : MORT !

Dans chacun des mots que tu écris sur ce papier en t'adressant à moi je sens ton cœur tambouriner ta poitrine ! Ment aux autres si tu veux... Mais moi je sais que tu me hais !

Tu ne veux pas que je fleurisse la tombe de ta pote, très bien ! Voilà ! J'arrête tout... J'arrête même de venir lui tenir compagnie ! Après tout c'est vrai qui a dit qu'elle voulait de moi...

Tu disais qu'en plus d'être faible j'étais lâche... Tu me reprochais de me cacher derrière un « L », de ne pas écrire mon prénom en entier, mais tu ne fais pas mieux, la preuve jamais tu n'as écrit ton prénom, pas même une seule fois !

Luciann ! »

Elisabeth laissa les perles de larmes ruisseler sur ses joues. C'était la première fois qu'elle pleurait depuis l'accident. Elle n'aurait pu décrire ce qu'elle ressentait en ce moment même. Sa gorge était nouée et chaque fois qu'elle avalait sa salive c'était comme une écharde qu'on lui plantait. Tout un univers s'écroulait autour d'elle. Elisabeth prit le papier et répondit à Luciann.

« Tu veux partir, je ne te retiens pas ! Tu pensais que j'allais pleurer ton départ ? Tu pensais que toutes ces saloperies que tu me balances à la gueule allait me manquer ?

Et voilà qu'aujourd'hui je découvre qu'en plus de tout cela tu es primesautier ! Un brutal de première ! Tu as des réactions de gamin ! Casser un pot de fleur lorsqu'on te fait une remarque... Tu n'as aucun respect pour la tombe de mon amie !

Je ne suis pas lâche, bien au contraire... J'ai hâte de voir qui de nous deux baissera le regard lorsqu'on se verra lundi au tribunal. Auras-tu même le courage de venir ? Je me le demande »

Elisabeth avait écrit ces trois mots qu'elle avait envie de lui vomir à la figure : je te hais. Puis réalisant qu'une telle réaction était inutile, elle griffonna les mots afin qu'ils ne soient plus visibles, posa le papier et s'en alla.

Elle ne voulait pas rentrer chez elle et ne souhaitait pas non plus aller au parc. Elle décida d'aller à la plage, à l'endroit où Blake l'avait emmené quelques jours auparavant. Une fois arrivée, la jeune femme s'arrêta juste au bord de la mer et ferma les yeux. A la pensée de la dernière lettre que Luciann lui avait écrit, des larmes se remirent à rouler les longs de sa figure rougie par la chaleur. Soudain, une fine pluie se mit à tomber. La pluie et ses larmes se mélangèrent sur le visage d'Elisabeth.

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En ce lendemain des attentats qui ont eu lieu à Bruxelles. Je tiens à exprimer ma tristesse face à des tels actes.

Et si écrire permettait d'éviter l'ignorance des âmes, l'ignorance face à des gens qui revendiquent des choses qui nous semblent impossibles à revendiquer tellement elles sont burlesques !

Prenez vos plumes. Prenez vos stylos, vos claviers et écrivez afin que l'on limite l'ignorance.

Coucher, sans peur, les mots afin d'exprimer votre peine, votre colère, votre soutien. Ecrivez. #PrayForBruxelles #PrayForTheWorld.



Love and these little secrets. [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant