Chapitre 3 (partie 1).

98 13 4
                                    


Chez moi, tout crime -le meurtre principalement- a des correspondances secrètes avec l'amour. Octave Mirbeau.

Cela faisait deux semaines que l'accident avait eu lieu. Deux semaines qu'elle s'était réveillé sur ce lit d'hôpital. Maintenant le temps était compté en fonction de l'accident. Deux semaines qu'Elisabeth devait se résoudre à ne plus jamais marcher.

Aujourd'hui elle avait son cinquième rendez-vous son médecin, histoire de savoir s'il y avait eu quelconques améliorations ou quelconques complications depuis cette fatale nuit.

Le rendez-vous avait été assez rapide. Comme depuis quelques jours le médecin ne décela rien de nouveau. Encore deux rendez-vous et elle ne serait plus obligée d'aller à l'hôpital aussi souvent.

Elisabeth était non seulement épuisée physiquement, mais elle l'était encore plus mentalement. Elle en avait assez d'être chez elle, couvée par sa mère, ignorée par son père. Elle en avait assez. Sa situation familiale était compliquée. Il y avait certes eu cet accident, mais il y avait aussi son grand frère Neal. Neal a vingt-quatre ans, il était à l'armée et cela faisait un mois qu'ils n'avaient pas eu la moindre nouvelle. Toute la famille était dans un état de stress constant.

-Maman dépose-moi au parc s'il te plait.

-Maintenant ?

-Oui...

-D'accord, tu comptes rentrer à quelle heure ?

-Je n'en sais rien, j'ai juste pas envie de rentrer à la maison tout de suite !

-Quelque chose ne va pas Eli chérie ?

Elisabeth due faire un effort invraisemblable pour ne pas lever les yeux au ciel. Bien sûr que quelque chose n'allait pas. Elisabeth détestait cette manie que sa mère avait de faire comme si tout allait bien.

-Tout va par-fai-te-ment bien !

Sa mère se gara sur le bas-côté, elle due descendre de la voiture afin de sortir le fauteuil de sa fille du coffre et lui permettre de descendre à son tour.

-Merci... A ce soir.

-Bisous ma puce, à ce soir...

Elisabeth avança dans le parc. Elle s'arrêta à côté d'un banc. Face à elle se trouvait une exposition extérieure éphémère d'un photographe dénommé Blakk. C'était un ensemble d'une dizaine de photos d'un mètre sur un mètre tout au plus. Certaines étaient accrochées à des piquets plantés dans le sol, les autres étaient, à l'aide de ficelles, attachées aux branches de trois arbres différents. Des corps nus, des routes, des ciels, des portraits se mélangeaient sans avoir de logique visible.

-Insolite, s'avoua Elisabeth avec une moue laissant paraître son incompréhension.

Un doux rire s'éleva dans son dos. Elle tourna la tête.

-Blake ?

-Faut croire qu'une force veut qu'on se rencontre.... Alors pourquoi tu trouves l'exposition insolite ?

Elisabeth regarda une des œuvres, elle était signée Blakk. Cela ressemblait beaucoup à Blake.

-C'est toi qui a fait toutes ces photos ?

Il ne répondit pas, mais un doux sourire illumina son visage.

-Pourquoi t'es partit en courant la dernière fois ?

-Je... Je pensais que t'allais me prendre pour un fou, le matin j'ai assisté à une grande partie des obsèques et l'aprèm tu me vois juste à côté de la tombe de ton amie.

-Tu las connaissais hein ?

-Non... non pas vraiment... J'avais déjà vu son frère au terrain de basket mais ça s'arrête là quoi...

Elisabeth resta quelques instants à le regarder. Il lui cachait quelque chose, elle s'en doutait mais il n'avait pas l'air bien méchant.

-Dis... Quand tu y étais tu n'as pas vu une lettre ?

-J'ai en effet vu une feuille blanche, mais je n'ai pas cherché à lire. Je me suis dit que ça devait être un proche qui lui avait écrit des choses personnelles, tu vois ce que je veux dire ?

-Ouais, je vois, je vois... Alors comme ça t'es un artiste ?

-Oh ! non, c'est juste à mes heures perdues !

-Tu fais quoi alors dans la vie ?

-Je suis dans une école de Marketing dans l'Ohio.

-Wow... Cool... Ça te plait ?

-Ça me convient... J'aimerai plus être photographe mais tu sais c'est dur de vivre de ça. Mon père veut que j'ai un diplôme fiable avant que je tente quoique ce soit.

-Je vois... Bah en toute sincérité, je trouve que tu as du talent !

Blake laisser échapper un éclat de rire

-Vraiment ?!

-Oui... Mais oui, je te jure, lui répondit Elisabeth tout en riant.

-Alors faudrait que tu m'expliques un jour le « insolite » ...

-Ce que je voulais dire c'est que la mise place de ton exposition est insolite, cela n'empêche pas que je la trouve emplie de talent.

Blake sourit et posa un regard affectueux sur Elisabeth.

-Alors merci, dit-il d'un sourire timide.

Elisabeth se surprit à lui rendre son sourire. Elle était même surprise car quelques minutes auparavant elle riait. Elle riait pour de vrai.

-Tu vas bien ?

-Je... C'est juste que depuis quelque temps la vie n'est pas extrêmement une partie de plaisir...

-Depuis...

-Oui, depuis la mort de mon amie Annah... C'est aussi depuis cet accident de voiture que je dois me déplacer sur cette chaise à roues.

Le regard de Blake s'assombrit.

-J'ai moi aussi perdu des amis dans un accident de voiture...

-La vie est une chienne !

-A qui le dis-tu ?

Ils restèrent quelques instants sans parler, le regard perdu dans le vide. Elisabeth articula au bout d'un certain temps de mots qui brisèrent le silence.

-Je vais devoir y aller... Ma mère va s'inquiéter...

-Ouais, bien sûr... Est-ce que j'aurais l'opportunité de te revoir un de ces quatre ?

Elisabeth laissa apparaître ses dents incroyablement blanches.

-Je ne m'en fais pas pour ça... On s'est bien croisés trois fois en deux semaines.

-Alors à bientôt, lui répondit Blake en lui rendant son sourire tandis qu'Elisabeth était déjà en train de s'en aller.



Love and these little secrets. [En réécriture]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant