Chapitre 8_ Accueil

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Je dors... Mais je ne rêve pas. Pour une fois, mon sommeil est lourd, comme si mon esprit s'était décidé à rester tranquille. Enfin... Je n'ai plus à voir des gens avec des oreilles pointues et des ailes. Alléluia. Je fêterai ça avec Odèle, cet après-midi au lycée...

Je me réveille. Pour la seconde fois en quelques heures, je suis allongée sur le dos. Ma main tâtonne pour chercher mes lunettes. Rien à droite. Je soupire, cherche à gauche et ne rencontre que du vide. Mes paupières s'ouvrent mais se referment immédiatement car une vive lumière m'éblouit. Je grimace.

Je porte ma main vers mon visage, dans l'espoir de protéger mes yeux du soleil. Mes doigts effleurent la pointe étrangement fine de mes oreilles...

Je me redresse en poussant un cri, étouffé par une intense douleur dans les côtes. Gémissant, je me recroqueville puis me laisse tomber sur ce qui est une sorte de matelas doux et mou. Une couverture chaude et épaisse m'écrase de son poids rassurant.

Malgré tout, je me dégage et tente à nouveau de me lever, plus précautionneusement cette fois-ci. Mes côtes continuent à me faire mal, mais je réussis à passer outre. Je sens que ma poitrine est comprimée par une sorte de bandage.

Un air tiède passe sur ma peau. Je constate que je suis vêtue d'une robe informe grise. J'inspecte machinalement l'habit. Je jure doucement. Deux trous ont été réalisé dans le dos pour faire passer mes ailes. Bon sang, je les ai encore... Les hallucinogènes que j'ai pris sont puissants, apparemment. De plus, mon vêtement semble être fait pour accueillir une personne ailée, en fait. Comme... Moi. J'ai l'impression de vivre un des mes rêves, j'espère juste que la suite sera moins flippante.

Mon regard survole la pièce. La chambre dans laquelle je suis est pittoresque. Voici le premier mot qui me vient à l'esprit: pittoresque

Elle est circulaire et semble étrangement être construite... Dans un arbre. Je suis sérieuse: il y a un tronc épais en plein milieu. C'est le plus gros que je n'ai jamais vu de ma vie, je ne pourrais même pas l'entourer entièrement de mes bras.

Je viens juste de quitter un lit au centre duquel il y a un trou. Je m'approche pour l'observer. C'est vraiment un trou, mais il fait exactement la taille de mes ailes lorsqu'elles sont repliées sur elles-mêmes. Je m'allonge à nouveau pour tester ce à quoi je pense. Si si, ce lit est, lui aussi, conçu pour quelqu'un ayant des ailes: elles s'y emboitent naturellement si bien que je suis couchée très confortablement.

Une petite table est sur le côté du lit. Elle est magnifiquement sculptée dans un bois sombre. Je regarde les motifs. Ils représentent des créatures étranges, mais aussi des arbres et une écriture que je n'avais jamais connu jusque là. Pourtant, je la déchiffre parfaitement: "A Tellus, la Terre Mère." Tellus... La voix de l'homme qui était avec l'enfant avait prononcé son nom. D'ailleurs... Où sont ces gens? C'est certainement grâce à eux que je me retrouve ici. Je reste quelques minutes couchée ainsi, la tête sur le côté et le cerveau en surchauffe. Mille et une questions me harcèlent. Je finis par me redresser en soupirant.

Je fais le tour de l'arbre et découvre une porte. Une armoire est juste à côté, elle-même proche d'une fenêtre. J'y jette un coup d'œil.

C'est de là que provient la lumière qui m'a réveillée. Je passe la tête au travers. En face, il y a deux autres arbres, occupés par des passerelles et des sortes de maisons en bois qui sont construites autour de leur tronc, à l'instar de celle que j'occupe. Ils sont immenses. Un soleil radieux traverse les feuilles verdoyantes. Je reste un instant émerveillée. Je vois quelques personnes ailées passer de ci et de là, vaquant à leurs occupations. Une fillette passe à toute allure devant moi, me faisant sursauter. Un homme, un peu plus loin, reste immobile et regarde de tous côtés par instant, comme s'il montait la garde. Il porte un arc et un carquois dans le dos, de sorte que les objets n'entravent pas ses ailes, qui brillent sous les jeux de lumière. Ses vêtements sont d'un cuir noir épais et souple. Il passe une main dans ses cheveux noirs tressés bizarrement et volette pour se diriger à quelques pas de là et répéter son manège.

Aedenia #WTG2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant