Chapitre 4_ Don

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En rentrant, nous continuions à chanter même dans la voiture, malgré nos voix cassées. Les Hobbits échangeaient des regards ravis. Je rendis l'abonnement de Yannis à Emilien.

-Tu le remercieras de ma part, lui murmurai-je.

Le jeune homme ébaucha un sourire.

-Je lui dirais que de toute façon, ça en valait la peine... parce que tu fais une super supporter.

-Oui, approuva Stéphane. La prochaine fois, il faudra que tu viennes. On remettra ça, hein?

-Évidemment! assurai-je. Même si tu m'as traitée de dinde, la dernière fois, Emilien.

-Excuse-moi, fit ce dernier d'un ton qui n'était pas désolé DU TOUT.

Il eut un rire. Je me dis intérieurement que cette fois-ci, c'était lui qui ressemblait à une volaille.

Lorsque nous arrivâmes à la maison, nous remarquâmes que nos parents n'étaient pas encore rentrés. Loki parut inquiet. Il retira son manteau et ses chaussures tout en marmonnant dans sa barbe:

-C'est bizarre que maman soit aussi malade, hein? Je veux dire... C'est juste pas normal.

Je me mordis les lèvres.

-Je ne pense pas que ce soit grave...

J'essayais surtout de m'en convaincre, à vrai dire. Loki secoua la tête et enfila les pantoufles qu'il avait depuis au moins trois ans. Si je marchais pieds nus dans la maison, mon frère, lui préférait se déplacer avec ses chaussures devenues trop petites.

-Bon, on verra bien, je suppose.

Il se dirigea d'un pas vif vers la cuisine pendant que je retirais lentement mes baskets, fourbue par cet après-midi, et m'ordonna:

-Va prendre ta douche. Et dire que tu étais censée de reposer! En fin de compte, on a assisté à un match de football. Lorsque les parents vont l'apprendre, ils vont me tuer.

-Tu n'es pas obligé de le leur dire, tu sais, lui fis-je remarquer.

Le regard de Loki pétilla de malice.

-Tu es encore là, toi? me houspilla-t-il d'un ton faussement autoritaire. Va prendre ta douche, ma petite.

Je pris un air outré.

-Petite? Comment ça, petite? Nous n'avons que onze mois et onze jours d'écart!

-Et ces onze mois et onze jours font toute la différence, contra-il en balayant d'une main théâtrale ma protestation. Va, je vais quant à moi te préparer de bons petits plats.

Je haussai un sourcils. "Petits", peut-être, mais c'est au niveau du "bons" que je m'inquiétais.

-Et comment vas-tu t'y prendre, toi qui ne sais même pas utiliser le micro-ondes?

-Tu sais que tu vas finir par me vexer, grommela mon interlocuteur qui fouillait déjà dans les placards. Je vais te cuisiner les pâtes les plus délicieuses de ta vie.

-Mais bien sur.

Loki me jeta un regard noir par-dessus la porte du placard. Sa langue eut un claquement agacé. D'un geste vif, il retira sa pantoufle et me la lança. Je fis un écart. Le projectile me manqua de peu.

-Lou... commençai-je.

Avant que je ne pus lui faire une remarque au sujet de son mauvais lancer, une seconde pantoufle rebondit sur ma cuisse.

-Eh!

-Ouste!

Nous éclatâmes de rire. C'était notre manière à nous de chasser l'inquiétude au sujet de notre mère.

Aedenia #WTG2017Où les histoires vivent. Découvrez maintenant