~ Chapitre 9: Le test de la mort ~

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      PDV Maya.

Je vois au loin ma mère se diriger de plus en plus vers Mr Guilteray. Je la suis de près sans trop être collée à elle pour ne pas lui montrer que je suis en train de me liquéfier sur place. Comme à son habitude, il était à regarder ce tableau accroché derrière son bureau. Cette fois, le tableau ne représentait pas le dialogue entre une fille et un homme, mais simplement une fille faisant jaillir des arbres et des amas de terre de ses propres mains. Je n'arrive pas à savoir comment ce tableau a pu se transformer en aussi peu de temps. Et puis, je ne comprends pas trop le fait de peindre ce genre de chose. Ce tableau me laisse dubitative.

Mr Guilteray se retourne d'un geste fluide vers nous, et nous fixe avec un grand sourire au lèvres.

- Je suis extrêmement surpris par ton arrivé, dit-il en me regardant. Certes, je me doutais que tu allais revenir, mais pas aussi tôt.
Il tourne ensuite son regard vers ma mère.
- Elise, ma chère enfant, cela doit faire une éternité que je ne t'ai pas revu.
- Ça fait exactement 12 ans que je ne suis pas revenue, dit-elle avec un sourire en coin. Mais, comme tu l'as deviné, je ne suis pas venue ici pour prendre un café, mais seulement parce que je crois qu'il est temps de lui parler et de lui expliquer certaines choses de Notre monde.

- Je m'en doutais bien. Allons ! Je vais faire le test pour vérifier si elle est prête.

Le vieil homme se rapproche de moi. Il prend mes mains et me demande de les tenir, paumes vers le haut. Après un moment d'hésitation, je viens trouver du réconfort dans le regard de ma mère qui me sourit et me fait un signe de la tête pour me dire que tout va bien se passer. Je fait donc ce qu'il me demande. Il pose alors ses mains sur les miennes. Il n'arrête pas de faire des "oui,... oui je vois très bien" en ayant les yeux fermés, ce qui me stresse encore plus étant donné que je ne sais pas du tout de quoi il parle. De temps en temps je jette des regards à ma mère. Elle est très concentrée par ce qui est en train de se passer, je suis sûr qu'elle sait ce que tout ça signifie. D'un coup, il plonge ses yeux d'un gris puissant dans les miens. Une sensation étrange m'envahie. Je n'arrive plus à décoller mon regard du sien. J'ai l'impression de lui dévoiler tous mes secrets et tous mes souvenirs les plus anciens, juste avec ce regard. C'est vraiment très bizarre, plus il cherche dans mes souvenirs, plus j'ai l'impression de tous les oublier. Il transforme tous mes rires et mes pleurs en vide. Plus aucun lien ne me retient à mes parents. Je suis vidée de toute émotion, de toute sensation. Prise par une crise d'angoisse due au fait de ne plus avoir de famille, ma respiration se coupe. Mon cœur ralentit de plus en plus. J'entends la voix d'une femme s'élever dans les airs.

- Guilteray! arrête maintenant ! Ça va lui faire mal! S'inquiète t-elle.

- Un instant Elise, elle peut y arriver! Lui répondit-il.

Je les entends toujours, mais ne comprends plus ce qu'ils se disent. J'arrive à percevoir, encore un peu, par l'intonation de la voix de cette femme, qu'elle est inquiète. J'ai toujours les yeux encrés dans ceux du vieil homme. Je ne sais pas ce qu'il attend de moi. Je ne sais même plus comment se prénomment les gens autour de moi. Je ne sais pas qui ils sont, ni ce qu'ils font. D'un coup, par je ne sais quel endroit, ni de quelle façon, une image apparaît dans mon esprit. Je me vois, à 4 ans, enlacée par cette femme. Je me souviens peu à peu de ce qu'elle m'avait dit ce jour là: " Je t'aime ma fille!", je revois ses yeux remplis d'amour et de tristesse. En me disant ces paroles, une larme avait coulé au coin de son œil et avait glissé le long de sa joue, puis, elle avait fini sa course au centre de mon front. Cette larme a eu sur moi la puissance d'une bombe qui explose. Instantanément, mon cœur reprend son rythme normal, je sens un souffle d'air chaud sortir de ma bouche légèrement ouverte. Tous mes souvenirs reviennent très rapidement dans mon esprit, peut-être trop rapidement. Toutes les émotions se bousculent en moi. Je suis partagée entre l'envie de pleurer et de rire. Mes mains, toujours entrelacées dans celle de Mr Guilteray, tombent le long de mon corps. Je sens ensuite mes jambes se dérober sous moi. Tout mon être s'effondre sur le fauteuil qui se trouve derrière moi.

PROMISEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant