- Alice?, m'interrompt-il alors que je suis prise par mes pensées.
- Oui?.., dis-je alors en secouant doucement la tête comme pour me ramener moi même à la réalité.
- Ça ne va pas ?, m'interroge-t-il en fronçant les sourcils.
- C'est juste que j'espérais être avec toi demain.
- Ça sera le cas.
- Arrêtes.. Tu sais bien que tu vas passer ta journée à dormir.. Tu fais ça chaque mardi,et chaque jeudi., dis-je alors sèchement.
- Je te promets que je ferai un effort cette fois-ci.
- Un effort ? Tu appelles ça faire un effort d'être avec moi le jour des deux ans du décès de ma sœur ? Va te faire voir Maël., je lui lance alors sans parvenir à retenir mes mots.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire Alice.., me répond-il. Excuses moi..., ajoute-t-il en me retenant délicatement par le bras, alors que je me dirige vers la porte. Puis, il me retourne doucement pour me faire face et dépose ses mains sur mes hanches. Je suis désolé.
J'y suis allée un peu fort, certes.. Mais repenser à cette date, cette fameuse date qui m'a détruite, fait resurgir en moi des blessures bien trop profondes. Je dépose ensuite mon regard dans le sien, je regrette déjà de lui avoir parler de cette sorte.
- C'est moi qui suis désolée.., je murmure, légèrement gênée. Je me suis emportée, excuses moi.
- N'en parlons plus.. Nous allons affronter cette journée ensemble. Ne t'en fais pas..
C'est alors qu'il dépose délicatement ses lèvres sur les miennes et m'embrasse tendrement. Je me détache peu de temps après de son corps et je lève les yeux vers l'horloge.
- 8h04.., je lance en soupirant.
- Tu passeras le bonjour à Noëlie de ma part.
- Et tu feras un gros bisou à papa de ma part. Au sens figuré bien évidemment, il se poserait des questions sinon., j'ajoute alors avec un petit rire ce qui le fait sourire.
Suite à cela je m'approche de lui et je l'embrasse une dernière fois avant d'enfiler rapidement mes bottines grises par dessus mon jean clair, et mon manteau de couleur identique à mes chaussures par dessus ma chemise bordeaux.
- Chérie ? Tu es magnifique.
***
8h26, après plusieurs minutes de route je me gare devant un immeuble qui tire dans le beige foncé. Je prends soin de couper le moteur puis je sors de la voiture. Je verrouille les portières et j'entre dans ce bâtiment. Je monte les escaliers, un par un jusqu'à arriver face au numéro de porte de Noëlie. J'appuie sur la sonnette, que j'entends retentir. Quelques secondes plus tard, elle ouvre la porte. C'est ainsi une jeune femme blonde aux yeux verts qui se tient devant moi. Elle ouvre ensuite ses bras, dans lesquels je me dirige immédiatement.
- Alice ! Toujours autant ponctuelle à ce que je vois ! Comment tu vas ? , elle se libère de mon étreinte et ferme la forte.
- Que veux-tu, c'est ma qualité la plus appréciée ! Et bien écoutes, je vais plutôt..bien ! Et toi ?
- Cela me rappelle le lycée, toujours la première arrivée !, dit elle avec un petit rictus amusé. Ce qui était bien loin d'être mon cas. Oh, le nombre d'heures de colles que je me suis tapées à cause de ma ponctualité si.. inexistante !
- Ah ça oui je m'en souviens très bien. J'en ai eu des fous rires à entendre les profs te crier dessus suite à tes retards., dis-je en riant.
- C'était pour moi loin d'être drôle à cette époque., dit-elle en riant également. Et tu es sûre que ça va ? Quelque chose me dit que tu dors peu ces jours-ci, si tu voyais tes cernes ! Tu devrais dire à Maël de te laisser dormir la nuit., continue-t-elle en m'adressant un clin d'œil.
- No ! Tout de suite !
- Quoi, tu vas me contredire peut-être ? Je vous connais très bien Mademoiselle Guézenec ! Après si tu t'amuses, ce n'est pas un souci, mais essaies de te reposer un peu., poursuit-elle.
- T'es lourde. Ça n'a rien à voir avec Maël. Je pense juste énormément à Abi en ce moment.
- Je plaisantais, excuses moi. Abigail te manque, Alice, c'est normal..
- Tu te rends compte, ça va faire deux ans.. deux putains d'années qu'elle est .. morte.
- Eh je suis là, d'accord ? Ça va aller, je te le promets.
Je connais Noëlie depuis la seconde, elle a toujours été l'une de mes plus grandes amies, et je sais très bien que je peux compter sur elle, tout comme inversement. Elle ne connaissait pas très bien ma sœur, elles s'étaient juste vues lors de la fête organisée pour mes dix-huit ans, et quelques autres fois. Elles n'entretenaient pas un lien d'amitié, mais mon amie avait était très émue lors du décès de ma cadette.
- Et pour couronner le tout, ce très cher Maël travaille une bonne partie de la nuit., je reprends en soufflant.
Notre petite conversation continue alors de longues minutes, elle me propose ensuite un café que je refuse gentiment. Puis nous parlons de divers sujets jusqu'à ce je remarque l'horloge qui dévoile 11h50. Je me lève alors précipitamment. Décidément, nous sommes toujours de grandes pipelettes.
- Merde ! Je dois y aller, je commence dans moins de quarante minutes. On se revoit très vite. Merci pour tout No, ça m'a fait plaisir de te voir.
- Passes quand tu veux Al, et n'hésites pas à m'appeler demain si tu as besoin de parler. Bonne journée.
Je lui dis alors au revoir, et je sors rapidement de son appartement. Je monte en voiture, et je conduis avant de m'arrêter pour acheter un sandwich que je mange sur la route, puis j'arrive au restaurant. 12h27, je me presse, je suis tout juste à l'heure. Je traverse le couloir interminable qui donne aux vestiaires puis je retire à toute vitesse mes vêtements avant d'ôter ma tenue de service.
***
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Le Fantôme D'Abigail.
Mystery / ThrillerAlice avait trente et un an lorsque sa petite soeur Abigail alors âgée de vingt-six ans est morte, sous ses yeux, sans qu'elle ne puisse l'aider. Depuis, la brune culpabilise de n'avoir rien pu faire. Selon elle, c'est de sa faute si elle ne fait au...