Chapitre 3 (corrigé)

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Ils burent ensemble une bonne partie de la soirée. Une très mauvaise idée, ils les avaient tous les deux, mais ils en avaient besoin pour des raisons connues et d'autres toujours secrètes. Finalement, Vesper se montrait moins curieux qu'elle ne l'aurait cru, plus à l'écoute aussi et très compréhensif sur des tas de sujets. Si elle connaissait les raisons officielles de sa mutation à Helldown, elle se demandait qu'elles étaient les officieuses.

Vers une heure du matin, il rejoignit sa chambre en titubant. Trop fatiguée, elle resta avachie sur le divan-lit du salon, à fixer le plafond sur lequel dansaient les ombres dessinées par la petite lampe près de la vitre toujours ouverte. L'alcool qu'ils avaient ingurgité l'empêchait de se rendre compte que la température baissait considérablement à mesure que les heures défilaient. Elle tourna la tête vers la commode sur laquelle reposaient une dizaine de cadres. Elle se leva, la tête lourde, les sens perturbés par la boisson. Sur trois clichés, Matt se tenait à ses côtés, souriant.

Son plus grand problème était qu'elle laissait tout couler. Intérieurement,elle hurlait à s'en arracher les cordes vocales, pourtant, elle ne confiait jamais le fond de sa pensée. Elle ne montrait rien. Elle préférait garder le silence et regarder de loin. C'était plus simple. D'une certaine façon, c'était moins douloureux aussi. Sa lâcheté la fit rire. Mais le pire ? Même si elle s'était fait rejeter et qu'elle se comportait de manière pathétique, elle ne pouvait s'arrêter de l'aimer.

Sans doute un côté masochiste tiré d'un de ses parents inconnus.

Quand on aime, on est prêt à tout, non? Elle était attachée à lui, attachée aux souvenirs qui les liaient, attachée aux sentiments qu'il avait fait naître en elle. Le genre d'amour qui consume à vie sans jamais faiblir. Merveilleux ou cruel, elle n'en avait rien à faire. Ned disparaissait des mois durant, elle ne l'en aimait pas moins. Elle traverserait le monde pour le retrouver, l'aider, le soutenir.

Ils étaient une part d'elle parce qu'elle les considérait comme sa famille. Et une famille ne se détruisait pas. C'était trop cruel, trop difficile à supporter.

Sinon...

Les larmes glissèrent sur ses joues alors qu'elle détachait les cadrans pour déchirer les photographies.

Soudain, son cœur s'arrêta de battre. Deux bras l'enlaçaient. Une chaleur inconnue la recouvrit, calma les hurlements qui vrillaient son cerveau. Elle releva la tête et se figea. Un étau emprisonna tout son être dans une pression insoutenable. Elle ne pouvait pas s'enfuir, prisonnière de son regard.

Elle planta son regard dans le sien, rougeoyant, et ce qu'elle y lut la désarçonna totalement: amusement, intérêt, luxure. Elle était à la fois effrayée des sensations qui tordaient son estomac et subjuguée par son charisme indéniable.

Elle écarquilla légèrement les yeux en s'en rendant compte.

Un frisson remonta son échine tandis qu'elle passait nerveusement sa langue sur ses lèvres sèches. L'alcool lui brûlait toujours le corps.

Ou peut-être était-ce le fait que dans les yeux de cet homme, elle se sentit réellement désirable pour la première fois de sa vie. Ce qui était risible étant donné qu'elle ne le connaissait pas du tout.D'ailleurs, comment était-il entré ? Elle fronça les sourcils et ouvrit la bouche pour le lui demander, mais ses doigts brûlant sur sa joue gauche court-circuitèrent son cerveau.

Son aura l'étouffait et la grisait tout à la fois.

Sa main s'échoua sur sa nuque lui tirant un gémissement qui la fit rougir de honte. Depuis quand une simple caresse la mettait dans tous ses états ? Elle n'était pas une vierge effarouchée tout de même!

Helldown #1 - Ville de sangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant