Helldown #1 - Ville de sang

Chapitre 19 (corrigé ++)

Heilin avisa Matt. Il dépassa un homme immense, aux cheveux noirs parsemés de trois longues lignes blondes presque blanches sur le côté gauche de la tête. La jeune femme n'eut pas besoin de demander l'identité de ce colosse. Aucun coiffeur au monde ne serait jamais parvenu à des parallèles aussi parfaites, seuls les guépards de sang royal pouvaient arborer cette couleur particulière.

- Que se passe-t-il ?
- J'ai intercepté l'appel, avoua le léopard-garou. Vu ce que Vesper a expliqué, ça ne concerne que les wastes.
- Il y a des humains, protesta-t-elle.
- Nous rendrons leur corps à leur famille quand nous les aurons identifiés.

La jeune femme plongea ses yeux sceptiques dans ceux détachés de son collègue. Elle soupira.

- Fais comme tu veux.
- Line, l'appela-t-il.

Elle leva la main et fit un bref salut pour retourner auprès du français, assis sur le trottoir, les yeux dans le vague.

- Vesper ?

Son regard hanté la frappa de plein fouet. Il se leva d'un mouvement souple et s'approcha. Un pas les sépara. La jeune femme n'osait plus bouger.Une bulle semblait les entourer.

- Je suppose qu'il est important pour lui.
- Il l'est.
- De sa famille, souffla-t-il.

Elle acquiesça. Ses poings se serrèrent puis il franchit la distance entre eux pour la serrer contre lui. Elle papillonna des yeux, surprise. Sa chaleur l'envahit. Elle fronça les sourcils, piquée discrètement par une sensation qu'elle connaissait déjà.

- Moi aussi, je voudrais mettre ma soeur en lieu sûr, si je la retrouvais.

Heilin ne broncha pas, même si son coeur battait la chamade. Sa soeur ? Il lui semblait que plus aucune famille ne le rattachait au monde extérieur.Elle n'osa pas lui poser la question, ses émotions dégoulinaient sur son visage aux yeux bleus ternes. Elle le laissa partir pour retourner à la voiture.

Un juron lui échappa quand son nez s'écrasa sur un torse bien trop solide. Elle leva la tête et déglutit face au chef des guépards. Malgré son sourire chaleureux, sa dangerosité suintait par tous les pores de sa peau.

- Êtes-vous Heilin Maxwell ?
- C'est moi.
- Ravi de vous rencontrer, la salua-t-il.

Il serra sa main, pas suffisamment pour lui faire mal mais assez pour qu'elle prenne conscience de sa force. Le respect qu'il témoignait la mit de bonne disposition pour l'écouter.

- Je sais que vous ne voudriez pas ce conseil d'un étranger et surtout pas de quelqu'un tel que moi.
- Tel que vous ? Répéta-t-elle étonnée.
- Un waste, sourit-il paisiblement.

Elle ouvrit la bouche pour protester mais il la coupa aussitôt.

- Je ne le prends pas mal. Je comprends bien votre position...
- Vous avez de la chance, grogna-t-elle.
- Ce n'est pas un secret : vous n'hébergez pas n'importe quel waste, continua-t-il sans s'offusquer de sa coupure.
- Toute la ville est au courant ?
- Juste les seigneurs, la rassura-t-il. Je voudrais juste que vous preniez conscience que l'extérieur est devenu dangereux pour beaucoup d'entre nous. D'autant plus pour les enfants.

Heilin tourna la tête vers Vesper qui discutait avec Matt. Ne venait-il pas de lui conseiller la même mesure ?

- Il ne se souvient de rien.
- Et l'enfermer ne changera pas cet état de fait.

Elle fit la moue, incertaine.

- Avouer sa faiblesse ne fait pas de nous quelqu'un de faible.
- Je sais.

Il s'agissait d'une des nombreuses leçons apprises à l'Academy. Un soldat incapable d'avouer son ignorance ne pouvait être efficace sur le terrain. Les têtes-brûlées ne servaient pas à grand chose.