Ces espaces infinis m'effraient

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De la soie bruissait en haut des arbres. Tout en haut, à la cime, le chant d'oiseaux s'échangeant des secrets. Beaux et tristes. Atis tendit l'oreille. C'était très important. Il fallait comprendre un mot. Un seul. Et tout irait bien. Le capitaine de l'Ezia Polaris tendit les mains, les referma sur une branche. Assez robuste pour soutenir son poids.
C'était grotesque. Ce genre de végétal n'existait que dans les pages des livres d'Histoire.

« Évidemment. Tout ceci est un rêve. »

À quelques mètres au-dessus de lui, Maya était assise, les pieds se balançant dans le vide. Esquissant un sourire, elle posa un long doigt sur ses lèvres.

« Mais il ne faut pas le dire. Sinon tu te réveilles. Et ce serait dommage de se priver de la vue non ?
- La vue ?
- C'est pas croyable hein ? »

Une main sur son épaule. Lugh lui sourit, avant de tourner un regard émerveillé vers l'horizon. Atis sentit le vertige le saisir quand il se rendit compte qu'il était désormais assis au sommet d'une canopée verdoyante. Au-dessous de lui, s'étendait à perte de vue des étendues vallonnées, parsemées de larges forêts. Un soleil vaillant baignait l'endroit d'une lumière douce. Quelques oiseaux peu farouches s'étaient posés à côté des humains et sautillaient sur le feuillage dense.

« Nous sommes sur Terre ? »

Il y eut un léger gloussement. Pierre émergea de derrière un gigantesque tronc d'arbre le long duquel il se déplaçait comme s'il avait arpenté une route pavée. Sa silhouette dégingandée était enveloppée dans une sorte de kimono blanc et il avait troqué ses éternelles lunettes à verres épais contre un antique pince nez. Il tenait à la main le petit appareil photo numérique avec lequel Atis l'avait vu la dernière fois.

« Sur Terre ? Non. Non pas possible. Pas encore. Trop de déséquilibres. De calculs.
- Comment ça ?
- Je vais t'expliquer. Parce qu'il est temps que tu comprennes quand même. Alors écoute bien : le viable qui de l'information se tend un peu.
- Quoi ?
- Empêcher la solution d'aimer empire les arctiques. »

Pierre avança brusquement la tête. Il se trouvait à quelques centimètres à peine de son capitaine.

« Maintenant que je t'ai tout révélé, il faut que tu me donnes une réponse.
- Je n'ai rien compris.
- Tut tut tut ! La réponse d'abord. Non. Non, la question d'abord. La question évidemment.
- Excuse-le... »

Maya avait à peine haussé la voix. Elle reposait à présent, allongée au milieu des feuilles émeraude, fixant le soleil sans ciller.

« C'est plus difficile pour nous, maintenant. Voici ce qu'il veut te demander : hormis toi, tous ceux qui sont ici ont quelque chose en commun. Devine.
- Pourquoi ?
- Parce que c'est le jeu. »

Un vent léger faisait bruisser les feuilles, à présent. Atis tourna la tête vers chacun de ses compagnons. Maya, sur son lit vert émeraude, Pierre, adossé à l'écorce, Lugh, assis en tailleur, au sommet de l'arbre le plus haut.

« Vous êtes tous mes compagnons de voyage.
- Bah ! Tu peux faire mieux que ça ! »

La branche sur laquelle le jeune homme était assis ploya brutalement. Il se sentit basculer à travers les frondaisons. Battant désespérément des bras, il tenta de se raccrocher à quelque chose ; en vain. Lianes et feuillage lui filaient entre les doigts. Puis, il sentit une griffe d'écorce lui déchirer la chair. Le sang se déploya en un ruban écarlate autour de lui, tandis que le sol s'approchait de plus en plus vite.

« Ezia !
- Aaaah, voilà ! »

La chute s'arrêta brutalement. Atis était désormais suspendu en l'air, incapable de bouger un cil, tandis que la voix de Pierre s'élevait, volute, dans l'air humide.

Ezia PolarisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant