02 [2007]

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I'll never know

Je viens d'arriver chez moi après trois heures intensive de gymnastique. Je me dirige tranquillement vers la cuisine histoire de boire un truc, et sort une bouteille de Fanta. Après avoir bu un coup, direction le salon où je vis que le téléphone fixe affichait un message vocal : « Les enfants, c'est papa. J'voulais vous dire que j'arrive mercredi, pour deux ou trois jours, je ne sais pas encore. Je vous aimes, bisous ».

« Wow super, mon père revient, dis-je à haute voix. »

Je n'étais pas vraiment emballée à l'idée de le revoir si c'est pour qu'il reparte deux jours après. J'ai tout de même hâte d'annoncer la nouvelle à Kev, quand il rentrera. Je sais que lui va être ravi. D'ailleurs, il n'est toujours pas rentré celui-là !  Il est toujours fourré à droite et à gauche avec ses potes. C'est souvent qu'il rentre tard, le soir. Même s'il a cours le lendemain. Il s'en fou un peu, à vrai dire. Il a toujours eu des facilités dans sa scolarité. On va dire que c'est une chance, dont moi je n'ai pas hérité, malheureusement.

Histoire de me changer les idées, je décidais d'aller prendre un bain, et sans plus tarder je montais dans la salle de bain, et fais couler de l'eau chaude mélangée à un gel douche à la rose. J'allumais également deux bougies et les posaient sur le rebord de ma baignoire. Je me démaquillais, me déshabillais et rentrais dans l'eau brûlante qui me faisait un bien fou.

En vérité je me suis endormie pendant un bon moment dans mon bain, et c'est l'appel de la nourriture – faisant gargouiller mon ventre - qui m'a réveillé. Je me dirigeais donc vers la cuisine pour manger un peu.

La porte d'entrée s'ouvrit. J'y jette un regard furtif. C'était mon frère. Il est onze heure, et c'est à cette heure qu'il rentre.

« C'est à cette heure là qu'on rentre, le moche ? »

Oui, le moche. C'est le surnom que je lui donne. Il a tellement l'habitude que je l'appelle comme ça qu'il ne prend même plus la peine de me jeter un pic à son tour et de me faire toutes sortes de réflexions.

« Je traînais sur le banc en bas de la rue avec Ben et Frid, comme d'hab, me dit-il en balançant son sac à dos sur le canapé.

T'as de la chance que papa soit en déplacement. Il t'aurait tué sinon. Surtout qu'on a cours demain.

C'est bon, Ellina. Il n'est jamais là de toute façon. Et puis je commence qu'à dix heure demain !

Et bah justement, il arrive lundi pour deux ou trois jours, il ne sait pas encore. »

Un sourire s'affiche sur ses lèvres. Ses fossettes ressortaient, ce qui me faisait sourire moi aussi. Ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu comme ça, mon frère. Pour parler plus de lui, il a seulement un an de plus que moi : seize ans. Tout le monde dit qu'il en fait plus. Non pas par rapport à son physique,non, il ressemble à un ado de son âge, mais par rapport à sa maturité.

Moi, mon rêve est de devenir une grande gymnaste et pour l'instant participer aux championnats d'Europe. Quant à lui, son rêve est de devenir acteur. Mon père pense que c'est un métier inaccessible, mais s'il y en a qui ont réussi, pourquoi pas mon frère aussi ? Je crois bien que je suis la seule à croire en lui. Ses potes, eux, préfèrent se moquer de son rêve plutôt que de le soutenir. Ils ne veulent sûrement pas le prendre au sérieux. Kev a déjà tenté de passer de nombreux castings derrière le dos de notre père. Il savait très bien que s'il lui en parlait, il allait l'en empêcher, alors il a préféré lui cacher. J'étais la seule au courant. En même temps, à qui voulez vous qu'il en parle à part moi qui suis la seule à le soutenir ? Personne. Moi, je sais ce que c'est d'avoir un rêve, un but à atteindre, alors je le comprend. Après tout, on est pas frère et sœur pour rien, vous allez me dire !

Je le laissais puis retourne dans ma chambre. Je m'allonge sur mon lit, demain j'avais cours qu'à dix heures, mais bon j'avais cours quand même. Je m'installais bien confortablement sous ma couette et commençais à fermer les yeux.


Le lendemain...

MERCREDI 19 SEPTEMBRE 2007, 9:45.

PDV KEV

Il était dix heures moins le quart et j'étais déjà devant le lycée. Je m'épatais moi-même d'être en avance pour une fois. J'attendais donc Ben et Frid, mes deux amis. Dès qu'ils arrivent, ils affichaient tous les deux, un sourire moqueur, histoire de me dire « Mais Kev, t'es en avance ? C'est pas croyable! »

« Wow, Kev, je me trompe ou t'es en avance ?Je rêve là !, fit Ben en me tapant sur l'épaule en mode "wesh poto".

- T'es lourd, Ben... »

*

Comme à mon habitude, je m'ennuyais en cours. J'y viens par obligation, pour avoir mon bac aussi mais surtout par obligation, en fait ! Je ne travaille pas, je préfère écrire quelques vannes sur mon cahier d'histoire-géo, histoire de faire passer le temps plus vite. Je le fais pratiquement dans tous les cours, en fait. C'est toujours la même chose à chaque fois ; je m'ennuie, écris des vannes, fais quelques ratures et arrache la page à chaque fin de cours. Résultat, je me retrouve rapidement avec un cahier vide au cours de l'année ! Ma sœur, elle, combine les cours et la gym, sa passion. Moi, j'aimerais en faire autant. J'ai passé des dizaines, voir des centaines de castings. Tous sont sans résultats. C'était toujours les mêmes avis du genre « tu n'as pas le physique pour » ou encore « tu es trop inexpérimenté ». À un moment donné, je ne sais plus quoi faire.

Le cinéma, c'est mon grand-père qui m'a donné cette passion. Il a rejoins le ciel il y a plusieurs années maintenant.C'était un fan de Charlie Chaplin. Il adorait le mime et pensait que la base du comédien, c'était le mime et savoir faire croire aux gens une situation qui n'existait pas. Je me souviens, il faisait semblant de prendre sa fausse tasse de café qu'il fit aussi semblant de boire. Puis il me disait « Ah, ça fait du bien un bon café,comme ça ! ». Et moi, ça me sidérais, je le prenais limite pour un fou. Pour moi, il n'avait rien dans les mains ! Puis il a réussit à me le faire voir. Il m'avait ensuite demander de le faire à mon tour. Je prenais ma fausse tasse et la but. Il me demandait si c'était chaud et ça commençait à me prendre la tête alors je levait les mains en l'air tout en prononçant « Mais je sais pas, papy ! ». Il me reprit directement en me fessant remarquer que j'avais fait tomber la tasse, vu que parallèlement j'avais lever les mains en l'air. Il m'avait même demander de la ramasser ! Mon grand-père était à fond dans son rôle. Il me fascinait tellement. Et c'est toujours le cas d'ailleurs, même s'il ne fait plus partie de ce monde. Et sans le savoir, ça a été mon premier cours de théâtre, en quelque sorte. Au collège, j'ai commencer à prendre de vrais cours de théâtre, tout simplement car ça m'intéressait de juste savoir ce qu'il se passait dans la tête de mon grand-père. J'aimais tellement ça, moi aussi. Au lycée, j'ai du arrêter car l'établissement n'en proposait pas en option. Et puis, en dehors, mes parents ne voulaient pas m'en faire faire car selon eux, c'était trop cher à Paris et ils n'avaient pas les moyens pour...

Petit, ma mère m'a emmené voir Titanic au Grand Rex. Elle n'est plus là à l'heure d'aujourd'hui, mais j'aimerais tellement la remercier pour m'avoir fait découvrir ce film car c'est ce qui m'a encore plus donné envie de faire ce métier tant adulé. Je m'en souviens comme si c'était hier : j'avais huit ans, et en voyant tous ces gens dans la salle pleurer devant le film, j'ai tout de suite dit à ma mère que moi aussi, comme DiCaprio, je voulais faire pleurer ces gens. J'ai su que je voulais devenir acteur. Elle ne m'a pas répondu et à seulement caresser ma joue en me souriant, pensant que ce n'était qu'un rêve de gosse qui finirait par me passer d'ici quelques jours. Sauf que ce n'est pas le cas. Est ce qu'elle me soutiendrai aujourd'hui, sachant que j'ai toujours ce rêve dans la tête ? Je n'en sais rien. Et je ne le saurais jamais, c'est certain.

Tous ces souvenirs qui me reviennent en tête, auxquels je pense pratiquement tous les jours. C'est grâce à mon grand-père et à ma mère si aujourd'hui je rêve de devenir acteur. Je suis toujours nostalgique. Les souvenirs, c'est quelque chose qui vous réchauffe de l'intérieur et qui vous déchire violemment le cœur en même temps.

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Avis ? :)

Never Give Up △ Kev AdamsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant