Chapitre 6: Les idrijs

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- Qu'est-ce que tu as au bras?!

- C'est un loup qui a fait ça. Iza pourrait me guérir, mais..

- Laisse-moi faire, me dit-il en souriant.

D'un coup sec, Azher déchira un grand pan de sa tunique. Il prit sa gourde et mouilla le tissu. Il entreprit ensuite de nettoyer la plaie. Je n'osais pas lui dire qu'il me faisait mal, donc je proposais de le faire moi-même.

- Ah, euh… oui, oui, bien sûr…

Il paraissait embarrassé. Je me demandais bien pourquoi. Je prenais l'étoffe qu'il me tendait et finissais de nettoyer l'entaille, plus profonde que je ne l'avais imaginé. L'eau me picotait et j'avais encore plus mal qu'avant, mais au moins la plaie était claire.

- Voilà, tu as fini. Donne-moi ton bras.

Il sortit de sa sacoche une compresse et un onguent. Il commença par appliquer ce dernier. Ses mains étaient douces et chaudes. Après avoir étalé la pommade sur ma blessure, il posa par-dessus la compresse, et finit par l'entourer d'un bandage. Le baume apaisait douleur, et le sang ne coulait plus grâce à la compresse. Je le remerciais, et il me répondit d'un sourire. Sans savoir pourquoi, je rougissais comme une idiote.

- Aliya m'a dit qu'elle ne pouvait rien faire pendant la pleine lune, alors que fait-elle?

- Elle prie. Certains pouvoirs lui son acquis, comme de faire un bouclier ou une lame invisibles. Mais pour guérir des blessés, ou faire mourir quelqu'un (je suis sûre qu'elle t'en a parlé, elle en est tellement fière), elle doit invoquer le Seigneur. C'est très facile de nuit, en particulier quand le ciel est sombre. Mais si la pleine lune est levée, cela devient quasiment impossible pour elle de faire quoi que ce soit. Là, c'est un cas d'extrême urgence, Iza peut mourir à tout moment. Donc Aliya a besoin de toute la concentration possible.

Malgré leurs chamailleries, il était évident que le frère et la sœur s'aimait: le ton tendre qu'avait Azher en parlant d'elle, et l'amour avec lequel Aliya nous l'avait décrit quand elle nous avait parlé de sa famille. Je souriais.

C'est le moment que choisit mon estomac pour émettre un gargouillis sonore. Nous nous regardâmes en silence pendant deux secondes, et il éclata de rire. Je l'imitais gaiement.

- Moi aussi, j'ai faim, dit-il. Allons manger.

Alors que jusque là, nous avions eu beaucoup de mal a allumer le feu dans cette région froide et humide, Azher fit en quelques secondes seulement de grandes étincelles qui embrasèrent facilement le fagot de bois sec. Il frottait une petite lame de métal sur une longue tige (je ne sais pas de quelle matière), et quand la lame arrivait au bout de la tige, cela produisait une grosse gerbe d'étincelles. Impressionnant.

- Qu'est-ce? Demandais-je.

- Bah, un allume-feu bien sûr! Me répondit-il en souriant.

Je préférais ne pas m'appesantir sur le sujet pour ne pas paraître totalement demeurée. Je suspendais une petite marmite au-dessus du feu, et y jetais de quoi faire une bonne soupe (je sais, on fait mieux comme petit-déjeuner…). Un fumet appétissant ne tarda pas à monter.

Je servais le repas quand Aliya vint nous rejoindre. Elle avait l'air épuisée. Elle s'assit lourdement à côté de son frère, et s'emparant d'un bol, me le tendit.

- J'ai fait ce que j'ai pu, nous dit-elle. Sa fièvre à déjà bien baissé, mais ce n'est pas suffisant.

- Aliya, tu as prié pour elle toute la nuit, regarde, il fait déjà jour. Elle guérira, j'en suis sûr.

La prêtresse ne l'écoutait déjà plus: le bol de soupe chaude sur les genoux, elle s'était assoupie sur l'épaule de son frère. Ce dernier l'allongea sur son manteau et la couvrit. On aurait dit un père s'occupant de sa fille. C'était touchant.

Douze [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant