Chapitre 8: Paramé

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Une lumière aveuglante assaillit mes yeux. Je clignais plusieurs fois des yeux avant de voir correctement. Un grand soleil brillait sur un fond de ciel bleu azur. J'étais assise sur du sable brillant, et devant moi s'étendait une eau aux reflets bouteille qui se balançait au rythme des vagues. Derrière moi, des falaises sculptées par le temps dominaient la vaste plage.

Pas loin, deux formes sombres gisaient sur le sable. Je me précipitais et découvrais Aliya et Iza-Sarah; qui comme moi, venaient à peine de reprendre connaissance. Et derrière elles, Azher se passait une main dans les cheveux en regardant la mer. Ce fut le premier à rompre le silence:

- On est vraiment dans l'Autre Monde?

- Bof, on dirait Ghanem. Si ça se trouve, on s'est juste déplacé dans l'Empire! lui répondit Iza.

Aliya s'était relevée et son regard balayait le paysage. Elle s'attarda sur les falaises avant de lancer:

- Non, c'est sûr, on est plus dans Ghanem. L'énergie n'est pas la même. Ici, c'est… l'énergie est viciée, comme si… comme si le Mal était dans ce monde!

- A Ghanem aussi, le mal existe, dis-je, ce pays n'est peut-être pas si mauvais.

- La meilleure façon de le savoir c'est encore de rencontrer ses habitants, répondit Iza en enlevant le sable de ses cheveux.

Nous nous dirigeâmes vers les falaises, qui je m'en rendis compte une fois devant, n'étaient finalement qu'un gros amas de rochers, faciles a escalader. Seule la prêtresse voyait une difficulté à les franchir, Azher, Iza et moi ayant déjà escaladé bien plus haut et escarpé. Soudain, je ressentis un vide. Les autres avaient déjà commencé à escalader, même la prêtresse, mais je restais en bas, essayant de trouver ce qui n'allait pas.

- Ysha, qu'est-ce qu'il y a? S'inquiéta Azher.

J'ouvrais la bouche pour répondre quand je comprenais enfin:

- Le…les chevaux! Où sont-ils?

Mes compagnons se regardèrent un instant avant de répondre tous en même temps.

- Peut-être que seuls les humains peuvent franchir le Portail.

- C'est vrai qu'ils n'ont l'air d'être nulle part.

- Ou peut être qu'ils sont restés bloqués entre deux mondes, à jamais perdus dans une dimension inconnue.

La dernière remarque d'Iza jeta comme un froid. Constatant l'effet de sa phrase, elle s'empressa d'ajouter:

- Heu… c'était une blague, hein? Je disais ça pour rire…

Mais bon, c'était dit. On ne reverrait sans doute plus jamais Zéphyr, Lérain, Alice ou Vent du Nord, le cheval d'Azher. Ce n'est pas comme s'il s'agissait de l'un de nous quatre, mais la douleur de leur perte était tout de même palpable.

Du haut des rochers, nous avions une vue plongeante sur la ville qui s'étendait sous nos pieds. De hauts bâtiments côtoyaient de petites maisons cossues, qui laissaient parfois place à des parcs découpant de larges carrés verts dans le labyrinthe urbain.

- Waouh! C'est…super grand! s'exclama Iza-Sarah.

- On descend? Proposais-je.

Les autres acquiescèrent et nous nous laissâmes glisser le long de la langue de terre qui succédait aux rochers. Les rues étaient pavées de gros blocs de pierre grise, rien à voir avec nos rues de terre battue et rebattue!

Il faisait froid, un vent glacé soufflait sur nos nuques. Nous nous étions vêtus chaudement pour le Nord, mais nous avions laissé les vêtements chauds là-bas après le changement de paysage opéré par le Portail, et nous commencions à le regretter.

Douze [En pause]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant