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Tu es face à un obstacle incontournable. Devant toi, il n'y a rien. Rien de plus que le vide. Et pourtant, il t'est impossible de t'avancer à sa direction : une paroi de verre, invisible, vous sépare.

L'impatience te gagne, tu frappes ce mur incolore avec de plus en plus de force, quitte à t'en briser les phalanges. Tu hurles de rage, la voyant de l'autre côté de cette barrière sans pouvoir la rejoindre. Encore une fois, tu vis cette situation, si douloureuse et mesquine, qu'est de placer, sous tes yeux, la chose dont tu rêves le plus dans la vie, en t'interdisant, t'empêchant de la toucher...

L'obstacle imperceptible, semble étouffer les sons : tu ne l'entends pas plus qu'elle ne peut ouïr ta voix.

Tu es victime d'acouphène. Tu perçois les bruits faiblement, comme si tu avais la tête plongée sous l'eau. Un signal parvient à tes oreilles. Ce signal auditif est trop flou, vague, faible, inaudible, pour en savoir la source ou bien, même, ce que c'est.

Au-delà du mur fait de rien, fait de vide, elle te sourit. Ce sourire si beau, si pur, sincère et angélique. Ce sourire lui étant propre, SON sourire...

Les larmes te montent aux yeux. Comment peut-elle être si sereine, si paisible ? N'est-elle pas, tout comme toi, sortis de ses gonds, à bout de nerfs de ne pouvoir rien de plus que te voir à travers la glace ?

Cette jeune femme, cette belle et douce demoiselle te servant d'unnie, camarade, dulcinée, vient poser doucement sa main contre la paroi. Tu comprends où elle veut en venir, posant la tienne au même endroit. La paroi est fine, vous pourriez presque croire pouvoir la briser, vos paumes sont si proches, mais, hélas, belle et bien séparée par une infime particule transparente.

Tu la vois remuer les lèvres lentement. Elle cherche à articuler, te faire passer un message. "Je t'aime" voilà ce que tu réussis à lire sur ses lèvres...

Le signal sonore précédent se répète. Amplifié d'un cran, restant, cependant, difficile à transcrire. "Don..." pas moyen de comprendre la suite. Tu n'y prêtes pas plus d'attention.

Les lieux, remplient de rien, de vide, juste d'un blanc infini, immaculé, aveuglant, se teintent, doucement, de noirceur. La pénombre, lente et menaçante, ne s'empare que de l'autre côté de la barrière, de son côté...

Il ne te faut pas de schémas pour comprendre que cela ne vaut rien qui vaille.

- ENFUIS TOI ! EUNBI ! BOUGE ! RESTE PAS LA, TU VOIS BIEN QUE CA ARRIVE VERS TOI !

Tu as beau hausser le ton à t'en déchirer les cordes vocales, elle n'entend rien, contente de te regarder avec cette expression radieuse. Articulant encore et encore "Je t'aime, Zu-Mi, je t'aime...", les larmes dévalant ses joues comme deux cascades.

Ce fluide liquide et épais, noirâtre, est semblable à de l'encre. Il inonde, tel la marée, le niveau d'eau monte. Il la noie progressivement. Les chevilles, les mollets, les cuisses, le bassin, le nombril, le buste, les épaules... Tout commence à baigner dedans...

Tu cries.

- Brise-toi ! Brise-toi ! Ordonnes-tu au mur, bien que cette chose, inerte, sans vie, ne peut te répondre. Ce n'est qu'une création matérielle, pas un être doté de conscience.

" Dongsa..."

Une légère pression se fait sur ton épaule, une main s'y est posée. Tu te tournes, découvrant le visage de son propriétaire. De sa propriétaire.

- ... Rise... Unnie ? Demandes-tu, s'en y croire.

Ton aînée à la chevelure teintée de blond te sourit à pleines dents, te serrant brièvement contre elle avant de passer, sans aucun problème, un bras à travers le mur. Il t'est, pourtant, insurmontable... Comment ce fait-il que ton amie puisse passer à travers comme si ce n'était qu'un fin voile de tissu déchirable ?...

Spirited Away || ZunB - Ladies' CodeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant