Chapitre 2 - Partie 2

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      Les jours passaient, devenant des semaines. Les journées d'Arouas s'écoulaient, presque identiques, mais sans que la routine ne devienne pesante. Le matin, l'elfe allait courir, le plus souvent seul, parfois en compagnie de sa sœur. À midi, il déjeunait avec Leya puis, il allait discuter avec son père dans les jardins royaux. Depuis leur entrevue houleuse, leurs rapports étaient de nouveau au beau fixe. L'après-midi, il étudiait, apprenait à se battre et faisait de longues randonnées à cheval. Il dînait en famille et se rendait aux cachots une heure ou deux.

      À force de patience, la jeune fille était de moins en moins sauvage et ils discutaient de choses et d'autres, mais elle restait toujours sur ses gardes et ne se confiait jamais. Un midi, alors qu'il mangeait avec elle, il essaya de la faire parler de son passé :

      - Tu habitais où au Notchïnà ? Tu ne me l'as jamais dit.

     Elle se referma comme une huître et ne dit plus un mot du repas, malgré les efforts de l'elfe.

      Ce soir-là, pendant le dîner, Azigon prit la parole :

      - Arouas, des gardes m'ont prévenu que tu passais beaucoup de temps avec une prisonnière humaine.

      Le prince acquiesça, conscient que nier serait inutile.

      - Puis-je savoir ce que tu fais là-bas ?

      - On parle de choses et d'autres.

      - Avec une humaine ? Une espionne en plus !

      Le roi était incrédule. Depuis son enfance, les elfes étaient en guerre contre les humains et les deux espèces se haïssaient. C'était comme ça. Alors qu'un elfe – surtout son propre fils ! – se mette à fréquenter une humaine lui paraissait totalement incongru.

      - Mais enfin, tu n'as pas... tu n'es pas... euh...

      - Amoureux ? acheva Arouas.

      Le roi déglutit avec difficulté puis acquiesça.

      - Non ! Nous sommes amis, c'est tout.

      - J'espère bien ! Je veux une jolie elfe pour belle-fille.

      Azigon éclata d'un rire forcé comme s'il venait de faire une bonne plaisanterie mais Arouas se rendait bien compte que son père n'approuvait pas sa relation avec Leya.

     A la fin du repas, quand le roi sortit de table, Nessia serra la main de son frère d'une pression encourageante. Arouas lui sourit, il savait qu'elle comprenait son désarroi mais ne souhaitant pas en parler, il se leva à son tour. L'elfe prit le chemin des cachots afin de voir Leya. Assise en tailleur à même le sol, elle l'attendait. Il s'assit dans la même position et la salua. A sa vue, un léger sourire éclaira le visage de l'humaine. C'était la première fois que le prince la voyait sourire et cela lui réchauffa le cœur. Désolé de mettre fin à sa bonne humeur, Arouas lâcha :

      - Mon père ne veut plus que je te voie.

      - Mais, protesta la jeune fille, pourquoi ?

      - Parce que tu es une humaine et que je suis un elfe.

      - Et alors ?! Je n'ai pas choisi d'être humaine.

      - Je le sais bien, soupira l'elfe, mais c'est mon père !

      - Tu ne viendras plus me rendre visite alors ?

      - Bien sûr que si ! Il ne me l'a pas clairement ordonné, il m'a juste fait comprendre qu'il désapprouvait.

      - Sans toi, je me serais sûrement donné la mort à l'heure qu'il est.

Arouas, prince elfe - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant