(4) Juliette - Pink Trouble

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Cette phrase soudaine, grave et sonore, me fit sursauter. J'eus à peine le temps de me retourner qu'on m'enfonça la seringue par derrière dans mon épaule. La douleur de l'épine qui pénétrait dans ma peau me fit tomber à terre, je roulai au sol en tentative de protection au cas où une deuxième arriverait. Ma vue se troubla mais j'essayais tout de même de distinguer l'homme qui venait d'entrer. Sa taille tout d'abord me glaça le sang. Il était gigantesque, fort, on aurait dit un monstre, ou un de ses prédateurs qui préparent leur repas en jouant avec sa proie. L'image d'un guépard me vint à l'esprit, l'un des plus redoutables prédateurs de ce monde, bâti tout de muscles et de souplesse. Alors qu'il se penchait vers moi pour observer, j'imagine, l'effet de la substance qu'il venait de m'imprégner, je vis ses yeux. Ils étaient identiques aux miens. Les mêmes nuances de couleur qui faisaient que leur couleur en elle-même restait inconnue. Ce détail m'apparut directement et je ne pus que demander :

« -Qui... Qui êtes-vous ?

Il sourit. Je ne sus si c'était par cruauté ou juste par amusement.

-Oh ça tu le sauras bien assez tôt, Juliette. »

C'est alors qu'un pénible engourdissement commença sur les bouts de mes doigts et, très vite, s'empara de mes mains entières. On aurait dit que mes mains devenaient deux boules de feux, prêtes à jaillir en cas de danger. Malgré la surprise et l'étrangeté de la sensation, cela ne me fit pas peur du tout, bien au contraire, j'eus l'impression que cette chaleur m'enveloppait pour me protéger. Le jeune homme, voyant mon regard changer, crut que j'allais m'évanouir et se rapprocha de moi. Etrangement, le maître l'ayant remarqué se recula pour qu'il m'attrape. Paniquant, j'agitais mon bras, pour l'en empêcher. Ma main entra en contact avec sa peau. Une sensation de plaisir m'envahit tandis que le regard de l'homme se liquéfia. Je ne comprenais pas ce que je faisais mais un sentiment de mauvaiseté s'empara de moi et gardai ma main sur sa peau. Je ne sais si c'était encore moi qui le laissai tel quel, j'avais l'impression d'observer la scène de loin, d'être impuissante face à ce qui se passait, mais une voix me dit « Arrête, ne fais pas ça. Tu es en train de le tuer. ». Cette révélation m'horrifia, mes deux esprits s'affrontèrent et je le lâchai, au début perdue, puis effrayée par ce que je venais de faire.
Mon père me regarda, d'un regard où était mêlé surprise, joie mais aussi peur et dégoût. Le jeune homme ne se releva jamais. Je ne comprenais pas comment je venais de le tuer, ne l'ayant que... touché. Tous mes sentiments se mélangeaient, la tristesse, la peur,... Puis, le sentiment que j'attendais le moins surgis et une colère intense jaillit de mon cerveau :

« -Il... est mort ? Qui l'a tué, moi ? Comment est-ce possible, je ne l'ai que touché ! Et puis vous ! Qui êtes-vous pour me traiter de la sorte et qu'est-ce qui était dans cette seringue ? Et puis, pourquoi avez-vous la même couleur de yeux que moi, car j'imagine que vous l'avez aussi remarqué n'est-ce pas ?!, ma voix s'intensifia et se fit grondante, Je veux des réponses et vous allez me les donner.

Incompréhensible, il souriait, comme fier de ce qu'il venait de provoquer. Il soupira finalement, et répondit :

-Ce ne sera pas aussi facile, je le crains. »

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