Steve - Take Care

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La première chose qui me parvint de l'extérieur fut un vacarme assourdissant. Je plissai les yeux tandis que le grand soleil qui avait remplacé la pluie m'éblouissait. Je ne pouvais dire où je me trouvais puisque tout simplement je ne me souvenais de rien. La cacophonie des voitures et autres véhicules qui circulaient dans les rues aux alentours me donnait une impression de vertige et je toussai d'une force à en recracher mes poumons.

- Bon sang, mais qu'est-ce que je fous ici ? Hallucinai-je à voix haute.

Mes yeux s'habituant peu à peu à la lumière, je fixai le ciel bleu face à moi, en restant allongé, sans oser regarder autour. Je n'essayais même plus de me demander où j'étais ni ce qui s'était passé tant j'avais peur de la réponse. Mon cerveau semblait vouloir m'empêcher de me souvenir, et je devinai alors que cela ne pouvait être dû qu'à un choc lourd. Alors que je bougeai mes bras et mes mains pour tâter ce que j'avais autour de moi, je sentis étonnamment une couche épaisse de plumes, douces quoiqu'un peu sèches. Je me relevai d'un brusque saut et criai quand je vis que ce simple mouvement m'avait envoyé dans les airs :

- Ah, mais qu'est-ce qui se passe?!

Je battais des jambes et des bras sans comprendre pourquoi, soudainement, je volais et d'un coup, je tombai en chute libre. Je hurlai quand mon corps rencontra le sol, et je gémis... Je sentis un mouvement près de moi, et entendis des pas qui couraient. La panique me vint : quelqu'un arrivait et il allait voir ces plumes qui semblaient faire à présent partie de mon corps. Peut-être m'avait-il même vu voler, je ne voulais pas être une bête de foire.

Je regardai aux alentours et remarquai un conteneur à quelques mètres. Je me précipitai derrière, le souffle haletant, les mains posées sur mes genoux et le corps plié en avant, essayant de reprendre ma respiration. Je guettais les pas qui se rapprochaient il y a un instant et qui ne me parvenaient plus. Est-ce que la personne qui courait tout à l'heure était partie ? Je comptais trente longues secondes avant de sortir de ma cachette, pour être sûr que la personne qui était là ne l'était plus. Je m'écartais du conteneur en balayant des mains ces plumes sales qui avaient en fait la forme de deux ailes collées à mon dos. Je marchais quelques pas les yeux fixés sur ses ailes sombres qui changeaient de couleurs, quand je trébuchai et tombai lourdement par terre sans comprendre ce que j'avais rencontré.

- C'est vraiment pas ma journée, gémissais-je en me frottant l'arrière du crâne.

Je regardai la chose sur laquelle j'étais tombé, croyant tout d'abord que c'était une pile de vêtements sales que des gens avaient laissés en plein milieu de la sombre ruelle, mais je devinai bien vite des cheveux trempés derrière ces habits. Je me reculai, effrayé, sûr que la personne était morte. Et en tournant un peu pour regarder, je vis le visage de la personne. Et tous les souvenirs que mon cerveau semblait alors vouloir garder me revinrent en mémoire. Juliette. Son visage m'éclata au visage comme si je le voyais pour la première fois, son teint pâle me fit trembler d'inquiétude, et ses yeux fermés me donnaient envie de pleurer. Elle ne respirait plus aucune vie, car directement elle ne respirait plus du tout. Je me précipitai sous le choc auprès d'elle pour prendre son pouls mais elle n'en avait plus. Mes larmes coulaient sans mon accord, striant mes joues sales de deux traits blanchâtres, tandis que je la secouai doucement.

- Juliette ! Juliette, réveille-toi ! Tu ne peux pas mourir, tu n'as pas le droit, pleurais-je désespéramment, C'est moi qui devrais mourir, pas toi. Oh Juliette s'il-te-plaît pardonne-moi d'avoir été si stupide en te laissant à tous ces monstres, pardonne-moi de m'être laissé tenter par l'argent pour mes propres intérêts... J'ai été égoïste et par ma faute tu n'es plus là, avec moi. Je t'en prie, reviens...

Je criai et pleurais en même temps à l'injustice, car c'est moi qui devrais mourir en ce moment et pas l'inverse ! Je pris doucement son corps entre mes bras, la berçais en lui pleurant de revenir, et mes ailes se déployèrent comme naturellement autour de nous deux, créant un cocon protecteur, qui ne me rassurait pourtant pas le moins du monde. Mes ailes avaient pris une couleur divagant entre le marron et le noir, une sorte de kaki peu chatoyante, comme si elles voulaient refléter la douleur, la tristesse et la colère que je ressentais. Je sanglotais comme un vulgaire enfant dans ses bras qui ne dégageait plus sa force d'âme.

Wild RosesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant