Chapitre 7. "Shopping"

314 20 11
                                    

Après s'être assuré de l'état de la voiture et avoir échangé son numéro avec l'autre conducteur, le chauffeur remonte et reprend le volant. Il me regarde dans le rétroviseur pour s'excuser :

- Je suis vraiment désolé, Monsieur. Ça ne se reproduira plus.

- J'espère...

Malgré mon ton un peu sec, il ne réplique pas. Il enclenche le clignotant, et se glisse dans le flot de véhicules sans plus de soucis. Bercé par le ronronnement rassurant du moteur, je ferme les yeux, et je me laisse emporter dans une sorte de rêve semi-éveillé, émaillée de bruits de circulation et de coups de klaxon. J'ai l'impression de flotter entre deux mondes... Tout à coup, la voix du chauffeur me ramène à la réalité :

- Monsieur, nous sommes arrivés.

Déjà ? Pourtant, j'ai l'impression que je viens à peine de fermer les yeux ! Effectivement, il a raison : nous sommes bien arrivés. Et garés en double file. Le chauffeur me tend sa carte :

- Je vais essayer de trouver une place. Vous n'aurez qu'à m'envoyer un message quand vous sortirez, je vous récupérerai ici.

- D'accord. À tout à l'heure.

Je descends de la voiture : ma séance shopping peut commencer ! Je traîne un peu dans les boutiques, à la recherche de mon cadeau. Après plusieurs essais infructueux, une vitrine attire mon regard : un magnifique bracelet en argent brille dans la lumière artificielle de la boutique. Attiré comme un papillon de nuit par la lumière, je me plante devant la vitrine pour admirer le bijou. C'est un bracelet à mailles plates, d'une finesse incroyable. De l'or gris, si j'en crois la petite étiquette posée juste à côté... et le prix. Je n'ai pas le temps de m'attarder davantage sur cette merveille : une vendeuse vient de me tomber dessus, parée de son plus grand sourire commercial :

- Je peux vous aider ?

Je déteste qu'on m'accoste comme ça dans les magasins, mais pour une fois, je dois avouer que ça m'arrange plutôt.

- Peut-être... Je cherche deux bracelets, un peu dans le genre de celui-là.

Du doigt, je lui indique le bracelet dans la vitrine. Elle étire encore un peu plus son sourire : si elle continue, elle risque d'y laisser un plombage...

- C'est pour vous et votre copine ?

Eh non, pas de bol !

- C'est pour moi et mon copain.

Ah, tiens, elle vient de ranger cinq bons centimètres de sourire... Je me demande ce qui la chagrine le plus : que j'aie un copain, ou qu'elle se soit ramassée en beauté ? Bah, de toute manière, je m'en fous !

- Vous connaissez sa taille de poignet ?

- À peu près la même que la mienne.

- Suivez-moi, je vais vous montrer les bracelets homme.

La boutique est grande, les vitrines toutes plus belles les unes que les autres. Au milieu des pierres multicolores, les diamants étincellent de tous leurs feux. Les vitrines homme sont au fond du magasin, nettement moins brillantes et colorées que celles des femmes : le monde est injuste...

Après quelques minutes, mon cœur se met à battre un peu plus vite : j'ai trouvé nos bracelets. Dans le style gourmette, mais plus larges, en argent. Chics, discrets, masculins, élégants. Je suis peut-être idiot, mais je sens mes yeux piquer : si je continue comme ça, je vais me mettre à pleurer. Évidemment, la vendeuse se sent obligée de s'en mêler, plutôt que de faire comme si de rien n'était...

- Quelque chose ne va pas ?

Tu veux dire : à part le prix des bracelets ? Non, non, Bryan, tu ne peux pas lui sortir un truc comme ça ! Je me racle la gorge.

Ma Vie D'ado Pas Comme Les AutresOù les histoires vivent. Découvrez maintenant