Un avenir tout traçé... ou pas

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J'en étais à ma troisième année de  quand les problèmes courants arrivèrent (en plus des principaux, mais chaque chose en son temps) et que je me retrouvais acculée entre vivre à cent à l'heure et donner tout ce que j'avais, ou flemmarder... mais dans quel but ? Si ce n'est pour perdre du temps : ce qui était hors de question.

À cette période, je percevais les choses de plus en plus clairement, que ce soit en ce qui concerne le monde qui m'entourait (les gens, les bruits, les mouvements, les odeurs, les sensations...) mais aussi mon instinct, qui se développait incroyablement vite. Je sentais la présence des gens plus clairement que jamais, et encore plus ce qu'ils s'apprêtaient à faire ou penser. J'avais un pas d'avance sur eux le premier jour, et plus le temps passait, plus mes capacités grandissaient... Et ce jusqu'à ce que je puisse entendre des sons en théorie impossibles à entendre, des mouvements impossibles à prévoir et des pensés qui ne devraient être devinés par personne.
Mais ça, ce n'était que la première partie du changement qui s'opérait en moi...

Tout le monde - et moi-même d'ailleurs - avait remarqué ma fâcheuse habitude de mimer ce que je voyais quand les gens à qui je faisais face me semblaient inconsciemment dignes de mon attention... Que ce soit la position, ou encore le ton de la voix jusqu'aux mots employés, j'étais une experte en la matière, et ça, parmi tous mes amis, on le savait pertinemment.
Ce n'est que quand j'ai rencontré un soir un certain homme, que j'ai compris que mes talents de mimétisme ne se résumaient pas à une simple habitude... mais à quelque chose de plus profond, d'ancrée en moi.

Ce soir là, il y avait plusieurs de mes amis pour témoigner de ce que je n'ai pu qu'à moitié me rendre compte. Malgré que la nuit était tombée, la soirée estivale s'annonçait à la hauteur de nos attentes : la chaleur n'avait baissé que de quelques degrés et on le sentait, mais cela n'empêchait pas qu'on était tous bras nus, et en sueur. Pour cause, chacun de nous bougeait sur la musique rythmé, qui nous empêchait de rester immobile. On était arrivé trois heures avant, et lors de toutes les pauses dansantes, je n'avais pas rencontré de problèmes spécifiques jusqu'à ce qu'un homme se dresse devant moi.
Il n'était pas forcément intimidant, mais étant de base petite, je paraissais forcément désavantagé physiquement. Un homme se serait joué de ma taille avec un regard désobligeant et pourtant, cet homme faisait tout le contraire. Il me toisait avec un regard à la fois curieux et prudent, comme s'il voyait une créature rare en moi...

Le monde semblait s'être arrêté de tourner durant le moment décisif où nos yeux se croisèrent. Ses yeux marrons foncés aux reflets verts - que je trouvais déjà magnifiques - se transformèrent en des yeux différents. Ce n'était plus des yeux humain dans un visage d'homme qui me toisaient attentivement, mais un regard animal : celui d'un loup.
Des yeux ambrés, plus foncés avec - à certains endroits - des éclats dorés, qui rappelaient les feuilles d'automne. Malgré cette situation incroyable, au moment où je vis ses yeux si étranges, mon corps y réagit instinctivement : Je sentis à mon tour mes yeux changer, se dilater et devenir autres, mon coeur ralentir, et mon corps attiré d'une façon inexplicable par celui qui se trouvait face à moi. Pourtant, ce n'était qu'un inconnu, mais je sentais au plus profond de moi-même qu'un lien s'était déjà formé entre nous deux, et que je pouvais lui faire confiance. Je me sentais déjà en sécurité.

Esprit SauvageOù les histoires vivent. Découvrez maintenant