Chapitre 3 : Space, la fille...

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Comme prévu, le trajet est un vrai enfer. Erza, toujours prête à rendre service, m'assomme d'un bon coup dans le ventre pour que je puisse rester dans le train sans passer l'arme à gauche. Gajeel et Luxus ne font pas les malins, eux non plus. Ils ont aussi le mal des transports. Je me réveille juste à temps pour sentir le train ralentir - Libération ! - et me précipiter vers la sortie comme si ma vie en dépendait. Et c'est le cas. Ne vous moquez pas, vous aussi ce serait pareil si vous étiez malade en train.

Le carnet me rappelle à son bon souvenir en valdinguant dans ma poche. J'ai vraiment envie de le lire maintenant, mais mieux vaut être rentré chez moi pour commencer.

~~~

Je suis accueilli par un miaulement désespéré. Happy me fait la fête, me reniflant de partout - il doit l'avoir un peu mauvaise que je sois parti sans lui, parce que qui dit plage dit poisson. Lorsqu'il se rend compte que je ne lui ai rien ramené, il part se rouler en boule dans un coin, boudant. Je souris.

"- Ben alors, Happy, on dit même plus bonjour correctement ? "

Il ne me répond pas, se contentant de fixer le mur en silence. J'ouvre mon sac de plage avec malice, en sortant un gros poisson.

"- Quel dommage, je vais devoir manger ce maquereau tout seul, alors... "

Je vois ses moustaches frémir, et ses yeux me jeter des coups d'œil à la dérobée. Avec un soupir tragique, je continue :

"- Vraiment, c'est dommage. En plus, il est encore tout frais, et je vais devoir le faire griller... "

Le mot "griller" le fait feuler de désespoir. Dans un saut digne d'un grand maître pêcheur, il attrape le poisson, retombant sur le sol avec grâce, et me grogne dessus avec mécontentement. Il déteste le poisson grillé, et je le sais parfaitement. Et il sait que je le sais. Et je sais qu'il sait que je le sais. Et il sait que je sais qu'il sait que je le sait. Et... Bref.

Je contemple quelques instants ma valise pleine d'affaires sales. Je devrais les ranger... Avec un haussement d'épaules, je la laisse sans y toucher. Je le ferais demain ! Je monte sur mon hamac, sortant le carnet de ma poche. Enfin. Livre moi tes secrets, ô livre du savoir !

"Journal intime de Lucy Hearthfilia. En cas de perte, merci de me contacter au : 06. ........ "

Le numéro est effacé. Il n'y a pas d'adresse non plus. Mis à part son nom, aucun moyen de retrouver la propriétaire. Ou le ? Je relis le nom. Luigi ? C'est un homme ? Ou bien Lucy...

L'écriture est très élégante. J'ai juste un peu de mal à déchiffrer... Hey, ne me prenez pas la tête, ok ? Je n'ai pas l'habitude de lire !

Je tourne délicatement la page, et mes yeux suivent avec intérêt les lignes manuscrites qu'à rédigé ce Luigi... Quoique, vu le style d'écriture, je dirais que c'est une fille. Ou un homme assez efféminé... Une image de maître Bob, ce petit homme rond au rouge à lèvre flashy me revient en mémoire, et je frémis. Si ce truc est le carnet d'un travelo, je le brûle immédiatement.

"Je m'appelle Lucy. Je suis une fille, et j'ai eu dix sept ans il y a quelques mois. Ne voyant pas l'intérêt de te faire une description de moi même - je sais assez bien à quoi je ressemble, et ne vois donc pas l'intérêt de l'écrire, étant donné que je serais la seule à te lire - je me contenterais donc juste de l'essentiel me concernant. "

C'est donc une fille. Un soupir de soulagement m'échappe. Je ne sais pas si mon esprit aurait supporté l'idée d'avoir touché le même objet qu'un travesti ( pardon aux travestis, je ne voulais pas vous insulter, vraiment. J'ai juste... D'assez mauvais souvenirs de l'un d'entre vous ) .

"J'ai un père. Un père très occupé. Ma mère... J'aimerais ne pas en parler, du moins pas tout de suite... On dit qu'écrire soulage les douleurs, mais ce serait un peu déprimant de commencer pas des souvenirs si négatifs, n'est ce pas ? "

J'aimerais vraiment, sans vraiment être sûr de la raison, savoir de quoi elle voulait parler. Cette fille m'intéresse.

"Aujourd'hui... Disons qu'il ne s'est pas passé grand chose. J'ai occupé le plus clair de mon temps à lire des livres et à fantasmer sur les personnages. Edward est vraiment le plus génial, non ? J'aimerais beaucoup avoir un petit ami comme ça. "

Je retire ce que j'ai dit. Cette fille est TRÈS bizarre. Et puis qui est Edward, d'abord ?

" Je suis allée à mon cours de danse, et j'ai marché sans faire exprès sur le pied de Madame Aries. Pourtant c'est elle qui s'est répandue en excuse. Elle a même fondu en larmes. Je ne savais plus où me mettre tellement j'avais honte. Pour couronner le tout, il a fallu que Monsieur Loki me drague ouvertement devant son nez, alors qu'il doit savoir qu'elle l'aime beaucoup. S'il ne s'en rend pas compte, ce n'est qu'un idiot. Mais ne t'inquiète pas. Justice a été rendue. Je lui ai donné un coup de pied "accidentel" à un endroit assez sensible. Père ne va pas être content, mais je me suis au moins un peu amusée. "

Si donner des coups de pied dans les burnes des gens est sa seule distraction, je la plains. Franchement, qui voudrait d'une vie aussi horrible ?

" J'entends mademoiselle Spetto qui m'appelle pour le déjeuner. Je suis un peu inquiète de mon sort, mais... Je n'ai pas le choix, n'est ce pas ? "

J'aimerais tellement être en face d'elle pour la contredire ! Non, tu as le choix ! Tout le monde a le choix. Mais elle ne semble pas s'en être rendue compte, ou du moins personne ne lui en a donné l'occasion. Je tourne la page. Un trait sépare les paragraphes, et je suppose que ce qu'elle a écrit se déroule un autre jour.

" Comme je me doutais, la sentence a été terrible. Père m'a confisqué tout mes livres pour une durée indéterminée. À quoi vais-je passer mes journées, désormais ? Jouer au dé ? Tout ce qu'il me reste comme distraction est l'écriture. D'ailleurs, j'écris un livre en ce moment. Savais tu que je voulais devenir écrivaine ? C'est un rêve que m'a légué mère... Mais je ne me sens toujours pas prête à en parler. Peut être dans quelques jours... ? "

J'ai de plus en plus de mal à déchiffrer. Levant les yeux, je remarque que la nuit est tombée. C'est la première fois que je suis autant absorbé dans une lecture.

C'est la première fois que je suis absorbé par une lecture tout court, d'ailleurs. Soupirant, je repose le carnet sur mon chevet et m'apprête à m'endormir. J'ai tellement hâte de lire la suite !

Lorsque je m'endors, mes rêves sont peuplés d'une étrange jeune fille au visage inconnu et de ses domestiques.

The Lost Diary Où les histoires vivent. Découvrez maintenant