Averiyah

Dylane

Derrière les murs, des cris retentissent, d'horribles explosions de voix qui m'arrachent de mon profond sommeil.

Malgré une atroce migraine, j'émerge péniblement de sous les draps. Mon dos trouve appuie sur la pile d'oreillers derrière moi et ma tête se laisse aller le temps d'un long mouvement circulaire de la nuque.

La pièce est sombre. Seul un faible rayon de lumière filtre au travers des volets, mais la source d'éclairage n'est pas suffisante. Le temps que ma vue s'adapte, j'étire le haut de mon corps, puis découvre les détails de la pièce, alors que mes yeux s'accommodent à l'obscurité.

Les formes des meubles, leurs agencement...Je ne reconnais rien. Cette chambre n'est pas la mienne, ce matelas n'est pas le mien. Il est bien trop moelleux pour l'être. Les draps de soie et les couvertures de velours qui le recouvrent bien trop belles et chères pour une simple voleuse comme moi. Aucun objet m'appartenant n'est aussi précieux, excepté peut être, le collier qui pend à mon cou, près de mon coeur.

De façon inconsciente, j'y porte la main afin de m'assurer qu'il est bien en place, mais avec horreur, mes doigts ne trouvent que ma peau nue. Son absence, aussi réel que douloureuse, m'angoisse plus encore que d'être dans un endroit qui m'est inconnu. Ce bijou est le seul lien qui me lie à mes parents, morts depuis longtemps. Mon coeur se serre douloureusement, il m'est impossible d'avoir perdu le seul souvenir de mes parents.

L'intense douleur que je ressens derrière le crâne m'embrouille l'esprit. Tant bien que mal, je fais mon possible pour me remémorer les différents événements m'ayant conduite ici. C'est une chose d'avoir perdu un objet cher à ses yeux, c'en est une autre de ne pas savoir où l'on se trouve. Spécialement quand je réalise que mes vêtements ont été remplacés par un long chemisier en blanc que je n'ai aucun souvenir d'avoir enfiler.

La dernière chose dont je me souvienne est la mission que Viktor m'a confiée. Encore une histoire de vol. Toujours des histoires de vols. Je passe ma vie à piller de riches familles pour lui, en échange de quoi il me laisse vivre sur son navire.

Depuis qu'il m'a trouvé dans les rues d'Elyria, un jour où je volais pour me nourrir, il a toujours été là pour moi. Pour lui prouver ma gratitude, je cambriole de beaux manoirs, à la recherche de perles, d'or ou de diamants dont il raffole tant. Je suis douée pour ça. Je l'ai toujours été.

Mais après cet ultime souvenir, je n'ai plus rien, juste un immense trou noir.

Ma pauvre Dylane... Tu deviens folle...

La porte de la chambre s'ouvre violemment. Une jeune fille entre, hystérique. Elle est vêtue d'une parfaite petite robe poudrée et se tient très droite, peut être trop. Son visage est marqué par la colère, qui semble émaner de tout son être. Ses longs cheveux roux ondoient derrière elle alors qu'elle s'avance vers moi. Depuis mon réveil, ses braillement retentissent et traversent les murs. Mes sens se mettent aussitôt en alerte quand je la reconnais. J'ai beau ne pas avoir vu son visage clairement dans l'obscurité, personne ne peut oublier de tels yeux. Des yeux profonds, vairons, qui me fusillent.

Tout me revient. Cette dingue qui me hurle dessus n'est autre que la folle qui m'a sauvagement frappée. Sous le choc, je me souviens m'être écroulée au sol C'est pour cela que je ne me souvenais de rien. La dernière chose, que j'ai eu le temps d'apercevoir avant de sombrer dans le coma n'est autre que son regard.

Je recule au fond du lit et ramène mes genoux près de mon thorax, alors qu'elle n'est plus qu'à un petit mètre de moi, l'index pointé dans ma direction. Draps et couvertures ne seront pas suffisants pour me protéger de cet tornade.

- Que comptez-vous faire d'une voleuse, Père ?!

Ses cris stridents me percent les tympans. Elle est insupportable. Jamais je n'ai rencontré de personne aussi énervante qu'elle. Je lui balancerai bien un oreiller en pleine figure pour la faire taire, mais je n'ai pas envie qu'elle se jette sur moi en retour.