Alpha {deux sœurs, une guerre}

Chapitre 5

PDV STELLA

- Papa j'ai mal aux pattes ! me plaignais-je.
Ma soeur, qui jusque là gambadait tout devant, me rejoignit en levant les yeux au ciel.
-Qu'est ce que tu peux être fatiguante ! Tu ne fais jamais d'effort... s'exaspère-t-elle.
Papa et maman ralentissent l'allure.
-C'est pas ma faute ! Et d'abord je ne voulais pas venir !
-C'est bon ! Arrête ton cinéma t'as plus 3 ans ! s'impatiente Louna.
-On marche depuis 2 heures ! J'en ai marre. Et c'est sensé être une récompense pour ta réussite aux épreuves de hier ? m'emportais-je.

-Non mais c'est pas vrai ! Quand est ce que vous allez enfin arrêter de vous disputer de la sorte ? s'offusque maman.
Louna repart devant la tête haute, les oreilles au vent.
Sa machoire est crispée, ce qui signifie chez elle qu'elle se retient de dire quelque chose qui risque de ne vraiment pas plaire aux parents.
-On va faire une pause pour pique-niquer, annonce papa.

La pique-nique consiste à des mulots chassés par papa ce matin.
-Qui veut du dessert ? demande-t-il.
-Il reste du gateau au chocolat ? m'enthousiasmais-je.
-Non mais j'ai attrapé des lièvres ce matin.
-Moi ! s'écrit Louna, les yeux pétillants de gourmandise.
-C'est la joie ! ironisais-je.

Évidemment il fallait si attendre... Pour récompenser Louna de ses exploits de hier, mes parents avaient décider de faire une grande randonnée sous forme de loup. Donc la nourriture se compose de créatures innocentes remplies de bon sang... Les loups ne sont quand même pas des vampires ! Stop ! Ça m'écoeure.

- Les filles ? Allez boire un peu au lac, ordonne maman.
- J'ai pas soif, maugréais-je.
Maman me fixe droit dans les yeux et indique l'eau claire et pure du lac d'un signe de tête.
Je me dirige en soupirant vers la source et lappe l'eau fraîche de ma langue endolorie par la chaleur. Heureusement que maman insiste toujours pour me faire boire car sinon je serais déjà déséchée. Je ne sais pas pourquoi mais je n'aime pas "lapper". Je trouve ça dégoûtant.
-Zut on est pas des animaux ! lâchais-je soudain malgrès moi.
-Enfin... bien sûre que si nous somme des loups, me rattrapais-je. Mais davantage des êtres humains.
Louna me considéra un instant avant de me répondre le plus froidement du monde :
-Tu te trompes. Nous sommes davantage des loups que des humains.
Je baisse mes oreilles, le coeur peiné. Elle a sûrement raison...
J'ai beaucoup réfléchis à la phrase de ma soeur. Finalement je conclu que chacun peut avoir son point de vue. Nous ne sommes pas plus d'une de nos natures que de l'autre. C'est pour ça qu'on doit choisir.
Et moi je crois avoir fait mon choix.
*****************************
Ma chambre est plongée dans le noir. Il doit encore faire nuit.
Aïe j'ai mal au ventre ! C'est horrible ! J'allume ma lampe de chevet et attrape mon réveil qui affiche 4h23. J'ai la nausée. Je sors de ma chambre et me dirige à taton vers la salle de bain. Un liquide chaud remonte le long de ma gorge et redescend dans mon estomac. J'ai un goût nauséabond d'oeuf dans la bouche ! Je m'accroupi en face des toilettes et attends de rejetter mon repas de la veille. J'attends encore et encore mais rien ne sors. Pourtant je me sens si mal ! Fatiguée, je retourne me coucher. Quelques minutes plus tard, mon mal de ventre s'accentue. Je tousse fort et finalement, je vomi. Pas le temps de courir aux toillettes... Le liquide se répend sur mes affaires de cours et dans mon lit. Je suis dégoutée ! Maman débarque dans ma chambre.
-Stella ! Ça va ? demande-t-elle.
-J'ai mal !
Elle sort de la pièce et reviens rapidement avec une bassine qu'elle me tend.
-Au cas où tu revomis, précise-t-elle.
Puis elle me fais signe de sortir du lit et elle change mes draps. Ensuite elle prend mes affaires de cours et m'informe qu'elle va sauver ce qu'elle peut. Je vais me laver les dents et retourne me coucher.
Toute le reste de la nuit je me tords de douleur et je vomi.
Résultats, je ne vais pas en cours aujourd'hui. L'avantage pour rattraper les cours, c'est que Louna est dans ma classe.
Celle-ci arrive dans ma chambre.
-Bon j'y vais, lance-t-elle.
-Prends mon DM de math à rendre pour aujourd'hui s'il te plait.
-Où est-il ?
-Au pied de mon...lit.
Zut il n'y est plus depuis mes vomissements !
Maman, qui a entendu notre conversation, entre.
-Désolée ma chérie, ton DM est plein de...vomi. Il est à la poubelle.
Louna lève les yeux au ciel et sors une feuille de son sac ainsi que sa trousse et son DM.
-Tu fais quoi ? demandais-je.
-Je recopie mon DM pour toi.
-C'est gentil Louna ! Mais tu va être en retard et si tu loupes ton bus, ni moi, ni ton père ne pourront t'emmener, retorque maman en appliquant un thermomètre sur mon front.
-J'irai à pied, murmure ma soeur concentrée.
Maman soupire mais ne dit rien. Elle connait bien Louna. Rien ne peut la faire changer d'avis.
-36.8, tu n'as pas de fièvre, se rassura-t-elle en rangeant le thermomètre.
-Je ne sais pas ce que tu as. Reposes toi, reprend-elle en sortant.
-J'ai pas digéré les souris, dis-je péniblement.
Papa passe me voir rapidement et après avoir dit à ma soeur qu'elle était tétue, il part travailler avec ma mère.
Un peu plus tard Louna range ses affaires et enfile sa veste.
- Bon quand faut y aller...
- Faut y aller, complètais-je.
Elle sourit et part de la maison en courant.
Le matin je n'ai rien fait de spécial. Je me suis reposée, j'ai bouquiné et j'ai regardé la télé. A midi je me suis réchauffée des pates mais je n'y ai presque pas touché. Je n'ai pas faim et toute envie de manger m'a quitté.
L'après-midi, j'appelle ma voisine, Lana, qui ne va pas non plus au collège à cause des grèves de bus. Nous ne sommes pas scolarisées dans le même établissement. Le sien est un chic collège privé. Il est très loin ! Elle passera tout à l'heure m'apporter des Spastirons. Ce sont des pilules contre les maux de ventre. Il n'y en a plus à la maison.
Je décide ensuite de monter au grenier. Quand je suis seule, j'y monte souvent. Il y a plein de vieux objets et vétements entassés. Là haut, je chante, je danse, je me déguise comme à carnaval quand j'étais petite, et je fouille dans les objets.
Il fait froid là dedans ! Je prends directement un gilet dans les vieux habits de maman. J'entreprends de fouiller un peu dans tout ce bazare.
Je découvre un beau service en porcelaine, une robe bustier noire, des échantillons de parfum et... Oh ! La voiture télécommandée que papa avait confisquée à Louna quand elle était petite ! Je me souviens qu'elle faisait foncer la petite voiture sur les chats du quartier ! Papa avait oublié de lui rendre ! A côté de la voiture, je découvre un carton avec tous les objets que les parents nous ont confisqués durant notre enfance. Ah oui ! On se disputait pour savoir qui jouait à la poupée princesse et maman avait dit qu'elle ne nous la rendrait pas tant qu'on ne se serait pas mises d'accord entre nous. Je souris en parcourant nos jouets d'enfance. Tout au fond du carton je trouve un album photos.
Coline Irwin en avait un semblable qu'elle m'avait montré quand j'étais chez elle. Beaucoup d'Alpha en ont un où ils collent les photos des naissances et anniversaires de leurs enfants sous leur forme d'humain et de loup pour voir leur évolution.
J'ouvre l'album.
D'abord, il y a une photo de mes deux parents, où maman est enceinte. Puis il y a la photo d'un bébé de quelques jours dans un body bleu avec "Quentin" brodé dessus. Qui est ce bébé ?
Maman a dû le découper dans un magasine car elle trouvait le body sympa et elle aurait peut-être voulu le reproduire avec nos prénoms dessus...
Ensuite il y a une photo de Louna à la naissance, puis une de moi. Puis, il y a des photos de nous de tous les âges. Même une de l'année dernière à notre anniversaire au bowling. Pourquoi mes parents ne nous ont jamais montré ce classeur de photos ? Je les questionnerai ce soir. Lana sonne à la porte. Ça m'a fait sursauter et j'ai fait tomber l'album. Je me rends compte que des photos ont glissé par terre. Ce sont des photos du bébé en body bleu !
Je les retourne. Au dos de chacune il y a écrit l'âge du bébé.
"Quentin 1 an", "Quentin 2 ans" "Quentin 3 ans", "Quentin 4 ans, Louna et Stella un mois". Je retourne la dernière. Il s'agit bien de ma soeur et moi à la naissance avec un petit garçon souriant. Il est tellement différent de nous ! Qui est-il ?
La sonnette se refait entendre.
Zut Lana ! Je range l'album et je descend ouvrir à Lana.
- C'est pas trop tôt, rouspète-elle.
- Désolée, j'étais... j'avais mal au ventre je croyais que j'allais vomir.
-C'est rien, fit-elle en me tendant les médicaments.
Je la remercie. Elle reste un peu à la maison puis elle rentre chez elle tandis que je vais me vautrer devant la télé.