CHAPITRE 3: La transformation

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Cette nuit, je ne fais pas de rêve étrange. Je suis réveillée par un rayon de soleil qui glisse doucement sur mon lit. Je me lève et m'étire en écartant les griffes. Je regarde par... Attendez, en écartant les griffes !? Je baisse les yeux vers ce qui est sensé être mes mains...ou devrai-je dire mes pattes. Elles sont recouvertes de fourrure grise et blanche et des griffes remplacent mes ongles. C'est quoi ce bordel?! Je tourne la tête et j'observe mon dos. Il recouvert de la même fourrure de mes pattes et j'ai une queue. J'ai une queue! Je la remue doucement. C'est trop cool même si ça procure des sensations bizarres.
J'aperçois le chat roux qui fait sa toilette. Beurk! Quand je pense qu'il va falloir que je fasse la même chose... Me lécher le derrière, très peu pour moi!
Bref, comment je vais faire pour me détransformer? Il ne faut pas que ma mère me voie comme ça! Je saute de mon lit et grimpe sur mon bureau. Je m'observe dans le miroir qui est accroché au mur. Je suis vraiment une chatte noire, grise et blanche, tigrée, de la tête aux pieds! Comment ça se fait?
Je retourne sur mon lit et me roule en boule. Soudain, une voix masculine résonne dans ma tête:
- Ça fait toujours un choc la première fois, n'est-ce pas?
Je regarde autour de moi, affolée. Le chat roux s'est assis et me regarde d'un drôle d'air. Je veux lui parler (oui, c'est bizarre, je sais) mais aucun sons ne sort de ma bouche... Enfin, de ma gueule.
- Penses ce que tu veux dire et je l'entendrai.
Je me concentre. Ça ne doit pas être trop difficile...
-Tu m'entends là?
Pourquoi je suis un chat? Comment je fais pour me détransformer? D'ailleurs, comment es-tu entré? Pourquoi tu ne viens que la nuit? Et pourquoi tu viens chez moi justement? Tu pouvais pas aller chez quelqu'un d'autre? Ça te plait de m'emmerder, c'est ça? Avec tes yeux tous mignons et tes ronronnements tu m'as amadouée pour pouvoir rester chez moi, dans mon lit en plus! Et pendant mon sommeil, tu en profite pour me lancer un sortilège! Je comprends maintenant pourquoi ma mère ne voulait pas d'un chat! Vous êtes fourbes et vicieux!
-...
- Réponds-moi! Dis quelque chose!
Ça y est, j'ai vidé mon sac! Toute mon angoisse et ma colère ont déferlé dans son cerveau et lui ont vrillé les tympans. De l'intérieur en tous cas. Bien fait pour lui. Il avait qu'à pas venir m'em...bêter.
-Ah bah dis donc, t'as pas ta langue dans ta poche toi hein!
Je comprends que tu sois stressée. Pour répondre à une de tes questions, la première transformation ne dure que vingt minutes donc encore cinq, et tu seras sous ta forme humaine.
- Au fait, comment tu t'appelles?
- Je m'appelle Axel.
J'aime bien le prénom Axel, c'est joli. Je m'étire une nouvelle fois et descends du lit. Je vais essayer d'aller dans la salle de bain qui jouxte ma chambre. Je pousse la porte du bout de la patte puis je passe mon museau dans l'embrasure. La porte s'ouvre en grand. Je saute sur les toilettes puis sur le lavabo. Ouvre le robinet d'un coup de patte. De l'eau gicle et me mouille. Je feule et descends brusquement du lavabo. Je comprends pourquoi les chats n'aiment pas l'eau. C'est super désagréable sur le pelage. Par contre, le robinet est toujours ouvert. Je m'apprête à bondir. Soudain, une migraine explose sous mon crâne. Je m'étale par terre en couinant. Ça fait super mal! J'ai l'impression qu'un camion se balade dans ma boîte crânienne et roule sur mon cerveau. Je ne peux plus penser. La douleur est insoutenable. Je n'ai jamais eu aussi mal de ma vie. Maintenant, c'est au tour de mes pattes et de ma queue de me mettre au supplice. On dirai que quelqu'un essaie de m'écarteler. Un voile blanc recouvre mes yeux. Je vais m'évanouir.
La douleur reflue aussi soudainement qu'elle est apparue, me laissant pantelante sur le carrelage froid. J'ai retrouvé ma forme humaine. Je suis dans la tenue sur je portais avant de me transformer: mon pyjama.

On frappe à la porte de ma chambre. C'est maman. Elle n'attend pas ma réponse pour entrer et se précipite vers la salle de bain. Elle s'arrête sur le seuil de la pièce. Un air étonné de peint sur son visage lorsqu'elle me voit allongée sur le sol.
- Ma chérie! Ça va? Qu'est ce qui t'est arrivé?
- Bonjour Maman! Ça va, ne t'inquiètes pas je vais bien. J'ai juste glissé car le sol est humide.
- Tu ne t'es pas fais mal, au moins?
- Juste un peu mal aux fesses et à mon amour propre mais c'est tout.
Je lui sourit et me relève.
- Viens, j'ai préparé le petit déjeuner.
Elle sort de ma chambre et retourne dans la cuisine. Je la suis en jetant un coup d'œil à mon lit. Le chat a disparu. Tant mieux!
Je rejoins ma mère dans la cuisine pour petit déjeuner. Elle m'attend debout et me lance un regard assassin. Qu'est ce que j'ai fais encore?
- Pourquoi y a-t-il des poils de chat sur ton pyjama?
Merde! Je baisse les yeux. Effectivement, mon pyjama en est recouvert.
- Je ne sais pas du tout, Maman...
- Tu as dormi avec un chat!
- Non, ce n'est pas vrai. Euh...
Mon cerveau tourne à pleine vitesse mais je ne trouve pas de mensonge à peu près crédible. 
- Tu vois, j'ai raison. Depuis quand dors-tu avec un chat?
J'en ai marre de mentir donc je me rends. De toute façon, elle finira par découvrir la vérité et la sanction n'en sera que pire.
- Depuis la nuit dernière. Mais ce n'est pas de ma faute: quand je me réveille, il est sur mon lit et il s'en va au bout d'un moment.
Ma mère a l'air affolée quand elle entend mes paroles. Elle murmure:
- Ils sont revenus la chercher...
Je ne comprends pas ce qu'elle dit.
- Hein? T'as dit quoi?
- Rien du tout. Si le chat revient, tu l'attrape et tu viens me voir, c'est compris?
- Euh... Oui, si tu veux. Pourquoi?
- Parce que je te l'ai demandé!
- OK. On mange, j'ai faim.
Nous nous attablons et mangeons rapidement en silence. Une fois le repas terminé, je monte dans ma chambre pour me préparer. Je vais prendre ma douche. Lorsque je sors de ma salle de bain, je vois le chat, Axel, assis sur le rebord de ma fenêtre. Je n'ai pas le courage de l'amener à ma mère donc je l'ignore. Lui suit tous mes déplacements des yeux. Je n'ai pas envie de rester à la maison aujourd'hui alors j'appelle Elisa pour lui demander si je peux passer la journée chez elle. Elle me dit de venir quand je veux, que la porte de sa maison est toujours grande ouverte pour moi, même si je le sais déjà. Je prends un sac à main avec un peu d'argent et je traverse la maison en coup de vent sans dire à ma mère où je vais. Elle me court après en criant mais je suis déjà sortie de la propriété.

At dawn every cats are...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant