Mes quinze ans

15 Septembre

Hier soir, juste après que j'ai fini d'écrire la pire journée de ma vie, je suis allée me coucher. Mais Maman est arrivée en me demandant pourquoi j'étais encore debout. Je lui ai simplement répondu la voix cassée par les larmes qui semblaient infinies que je n'arrivais pas à dormir. Elle en a profité pour obtenir la réponse sur la raison de mes pleurs. Mais j'ai gloussé de plus belle. Je n'arrivais même pas à formuler une réponse concrète même fausse cela m'était impossible. Elle s'est absentée quelques secondes pour revenir avec un verre d'eau.

- Tiens, c'est bon pour ta gorge, me murmura t'elle, et file faire dodo tu as école demain chérie.

Entre deux hoquets j'ai réussi à lui glisser un remerciement. Et je tombais dans un profond sommeil.

Je rêvais. J'étais à l'église pour mon mariage avec Paul. Ingrid était son témoin et Louis le mien. Elle n'arrêtait pas de me lancer des regards noirs qui semblaient vouloir dire : tu ne le mérites pas, il n'est pas pour toi.

Au moment du consentement c'était mon tour. Je voulais lui répondre positivement mais il semblait que ma bouche en était contre. J'avais beau me débattre, crier à l'intérieur de moi-même pour essayer de formuler ces trois lettres. J'en étais incapable. Le prêtre s'impatientait, l'assemblée me dévisageait, tous attendaient ma réponse. Je tombai à genoux en pleurant. Un rire retint mon attention. Ingrid. Elle parlait à Paul

- Je l'avais dit.

Paul semblait conquis. Il ajouta

- J'aurais dû t'écouter.

- Il n'est pas trop tard, renchérit-elle

Et ils s'embrassèrent. Ils étaient serrés l'un contre l'autre. Je restais pétrifiée devant leur baiser langoureux. Puis je redoublais mes pleurs. Je fus prise d'une envie de me ruer sur Ingrid et de la réduire à ce qu'elle valait. Mais deux mains me retinrent. Louis.

- Ma chérie, réveille-toi il est l'heure d'aller à l'école.

Qu'est-ce qu'il me disait ? C'était bizarre. Je relevais ma tête vers lui et vis qu'il avait des cheveux longs bruns, des yeux bleus azur et un regard inquiet. Maman. Mon affreux cauchemar était terminé. Tout cela n'était que le fruit de mon imagination.

- Ne me dévisage pas comme ça, je viens te réveiller, ajouta t'elle, lève toi tu vas être en retard. Heureusement j'ai eu la bonne idée de te verser un somnifère tu ressemblerais à un squelette à l'heure qu'il est. Tes pleurs sont terminés. Enfin. Allez, un coup de blues, ça arrive. Tes amis te consoleront. File choupette !

J'avais compris : mon réveil si brutal c'était maman.

Je me suis habillée lentement. Je n'avais pas envie d'aller au lycée. Mais peut-être que Paul m'attendait à l'entrée de la maison pour s'excuser de ce qu'il avait fait hier. Tout cela faisait sûrement partie de mon rêve. Je suis sortie. Pas de Paul. Ingrid lui a vraiment retourné le cerveau. Il ne m'aime plus. Il me déteste. Il croit que je le trompe. Les larmes roulaient sur mes joues. Elles me chatouillaient au niveau de mon cou. Je n'avais pas la force de les arrêter avec mon bras. J'avais des frissons. Je devais aller au lycée pour que mes amis me consolent comme avait dit maman. Mais je n'ai plus d'amis. Tout le monde me déteste. Je suis restée seule dans la cour à trier mes pensées. A observer les autres rires. A voir ma table à la cantine vide avec que moi pour me parler. C'est d'ailleurs la journée que j'ai passée. Je suis seule abandonnée de tous.