8. "Délivre-moi."

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J'entends quelqu'un chuchoter mon prénom, j'ai l'impression de devenir fou.
Quand j'ouvre les yeux, je vois Derya derrière les grilles de ma cellule. Je me lève de ma paillasse en vitesse, trébuche, puis rampe presque jusqu'à elle.

- Derya, soufflé-je.

- Je suis là, Adam.

Je passe une main à travers la grille pour caresser son visage.

- Tu dois partir, si ton père te trouve...

- Je voulais te voir, me coupe-t-elle. Adam, je veux qu'on s'évade, tous les deux. Je vais t'aider à partir d'ici.

- Mais comment ?

- Le matin de ton exécution, je viendrai te chercher.

- Mais on ne sait pas quel jour je vais me faire exécuter.

- Je vais me débrouiller, mon père doit le savoir.

- Ne prends pas ce risque.

- Tu es mon dernier espoir, Adam. Mon père veut me marier avec un homme, il a trente ans et il a un mauvais passé. Je veux qu'on s'en aille, tous les deux.

Je lui souris et prends sa main dans la mienne.

- Je ne te mérite pas, Derya.

- Je ne suis pas à mériter, je ne suis pas une récompense, ni un objet.

Les larmes me viennent. Elle est enfin là, devant moi, alors que je n'espérais même plus la revoir.

- Je vais t'aider, Adam, je te le promets. Je viendrai te chercher avant ton exécution.

Des bruits de pas résonnent dans les couloirs en pierre.

- Sauve-toi, dis-je.

- Je reviendrai.

Nos mains ne peuvent se décoller, j'ai envie de la tenir jusqu'à la fin.

- Pars ! m'exclamé-je à contre-coeur.

- Je viendrai te chercher, je te le jure.

Je la regarde courir pour descendre les escaliers de pierre, la robe volante.

- Je t'attends..., soufflé-je.


Le presque-mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant