3. "Derya, ma Derya."

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Derya, c'est la jolie fille du quartier. Elle habite au-dessus de chez mes parents et c'est la fille d'un des gardiens de la prison. Derya est belle, très belle. Elle est magnifique. Elle a de longs cheveux foncés qui lui tombent dans le bas du dos et de grands yeux bleus pétillants. Je suis tombé amoureux d'elle sans le vouloir, juste en croisant ses yeux. Le soir de mon arrestation, je me souviens avoir tendu les bras vers elle alors qu'elle était sur le point de monter chez elle. J'ai crié son prénom, je voulais qu'elle vienne me sauver, me prendre dans ses bras.
Elle est jeune Derya, elle vient d'avoir dix-huit ans. Son père me détestait et me déteste de plus en plus, de jour en jour. Je sais qu'elle va venir me voir dans ce trou pourri, et qu'elle mettra une gifle à son père en passant.
Ma mère, elle, nous voyait secrètement mariés. Derya est jolie et ne rechigne pas à la tâche, elle plaît à tout le monde, ma Derya.
Le problème, c'est que je suis condamné et qu'elle a encore une longue vie devant elle, loin de moi. Dernièrement, j'ai même entendu son père parler de son futur mari, autant dire que c'est encore plus dur à entendre, enfermé ici.

- Le repas est là !

- Le repas, ris-je.

C'est justement le père de Derya, Daryl, qui me pose le plateau derrière la grille. Il me jette un mauvais regard puis s'en va aussi vite qu'il est arrivé.
Je prends le bol de riz et l'avale en relisant ce que je viens d'écrire. J'ai l'impression que ce carnet me rapproche de Derya. Au fond elle est là, près de moi.

Le presque-mortOù les histoires vivent. Découvrez maintenant