Le presque-mort

10. "Lettre à mon père."

Si quelqu'un vient à trouver ce journal, j'aimerais qu'il en arrache cette feuille et la donne à mon père.

Papa,

Loin de moi l'intention de te couvrir de reproches, tu ne les mériterais sans doute pas. Je ne sais pas pourquoi je t'écris une dernière lettre, toi qui m'a presque envoyé en prison. C'est sûrement dans la nature humaine de vouloir laisser une quelconque trace de soi, quelque chose pour ne pas tomber dans l'oubli.
J'aimerais au fond te remercier. Merci d'avoir toujours veillé sur la famille, surtout sur ma mère. J'avoue avoir détesté la pêche avec toi, je ne suis pas vraiment fait pour ça. Mais cela n'a plus d'importance, maintenant que je vais mourir.
J'aimerais aussi te faire part d'autre chose ; j'aime sincèrement Derya. Daryl ne m'aurait sans doute jamais laissé l'épouser, mais c'est elle, papa. Seulement elle.

Je marque une pause dans ma lettre, ne sachant quoi raconter à cette homme si étranger.

J'ai sûrement couvert la famille de honte en atterrissant ici, mais je veux te convaincre de mon innocence. Je n'ai pas tué cet homme, crois-moi. Il s'agit d'une erreur de justice, je suis incapable de faire du mal à quelqu'un, ne crois-tu pas ?