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Jugez si vous voulez, mais moi c'est ce que j'aime. Ce sentiment de liberté en regardant la mer. Sur les falaises. La côte sauvage. Je suis assise par terre à regarder la mer. Assise à même les cailloux. Le vent dans mes cheveux a l'odeur de la mer. Légèrement salée, elle pique la langue même. La liberté. Le vent nous décoiffe en ayant que faire de notre apparence. Qu'on soit beau ou laid, petit ou grand, chevelu ou non, quelle que soit notre couleur de peau, celle de nos yeux, nos différences physiques, la longueur de nos cheveux, de nos bras, nos jambes, le vent s'en fiche et nous inflige le même traitement. Il nous balotte à son gré, nous fait ressentir ce qu'il désire. Il nous entoure de courants d'air plus ou moins mouvementés mais toujours agréable. Que les bourrasques soit chaudes ou froides, violentes ou paisible c'est la liberté, le droit de choisir. Le vent décide de ce qu'il veut. Et ici sur cette falaise, face à la mer, c'est son territoire. Il choisit notre destin, et c'est ça que j'aime. J'ai juste à fermer les yeux et à écouter, écouter le bruit des vagues en contrebat, les bruit de la flore qui m'entoure et tout ce que ce moment de liberté peut m'offrir. Loin de la foule, loin des villes, juste se ressourcer. Le bonheur libre. La caresse du vent sur mon visage, tel la caresse d'une mère me recoiffe ou dérange mes cheveux de manière aléatoire. Tant de liberté. Savoir apprécier. Apprendre à aimer. Aimer les petits bonheurs et ce qui nous entoure, apprendre à respecter. Je peux rester des heures entières, assise, à écouter, les yeux fermés, paisible. J'aime et je respecte. Juste ça. Le bonheur à l'état pur. J'ouvre tout doucement les yeux. S'habituer à la luminosité. Regarder autour de soi. Remarquer les détails. Le brin d'herbe qui bouge doucement dans la brise, il ne remue pas comme ses voisins. Diversité. Les vagues en bas, elles roulent et se déroulent, se fracassent en cadence. L'écume lèche le sable doucement et comme paresseusement elle repart, elle prend son temps, profite de l'instant présent. Elle emporte dans son sillon ces petits morceaux de coquillages et ces légers grains de sables qui vont retourner s'échouer dans le fond de l'océan. Sur cette plage il n'y a pas l'ombre d'un seul déchet, petite vierge de pollution, loin des villes. Loin de tout sauf du bonheur et de l'océan. Paradis sur terre. Je lève la tête et regarde l'horizon, pas un bateau ne bloque ma découverte, pas un promeneur ne passe derrière moi sur le chemin côtier. Le cri des quelques mouettes des environs retentit de temps à autre comme pour ne pas oublier cette présence. Ces cris habituellement désagréables forment ici une sorte de musique, une ode à l'océan. Le soleil sur ma peau me réchauffe tranquillement tandis que la brise contraste cela. Bonheur. Le vent sur ma peau, le bruit des vagues, le cri des oiseaux, les embruns, les buissons, le soleil, la chaleur. Tout est fait pour être à l'aise. Il faut juste savoir profiter.

- Léna !!

Mon père m'appelle, il veut sûrement me proposer d'aller dans l'eau. Dans les vagues. J'y vais avec toute ma famille, et même nos amis quand ils nous accompagnent dans nos grandes tournées. Je me lève doucement et me dirige vers mon père tout en finissant d'apprécier ce moment calme et reposant. Il me sourit et me tend ma combinaison de plongée. Elle est noire avec un morceau turquoise sur le devant, plusieurs matières pour optimiser le tout. Je la récupère et commence par enfiler mon maillot, une pièce, c'est plus simple quand on enlève la combinaison au moins on est sûr qu'il n'y a pas eu d'accident de parcours au niveau de la poitrine. Je commence à remonter la combinaison. D'abord les jambes, le cap des genoux, arrivé aux hanches je souffres un peu me tortille pour faire passer les fesses, le ventre et la poitrine c'est relativement simple. J'attaque les bras qui passent eux aussi sans problème mais suis obligée de demander de l'aide pour fermer la fermeture dans mon dos. Je ne suis pas si souple que ça. Après que Maman me l'ai fermée je finis de me préparer. Je m'attache les cheveux et mets deux élastiques pour être certaine que ça va tenir. En ayant fait cela je suis enfin prête. J'ai l'impression de ressembler à une princesse, tout galbée dans ma tenue, bien coiffée, dompteuse de l'océan, amoureuse du bonheur. J'aime tellement ce sentiment, un mélange de joie et de plénitude. Je récupère ma planche de bodyboard et la coince sous mon bras, de l'autre main je récupère mes palmes et après avoir vérifier que nous étions tous prêts on part. De loin on doit presque faire agent secret tellement nous avons l'air déterminé. Rien que de penser à cela je souris et je ne peut m'empêcher de le dite à haute voix déclenchant ainsi le sourire de ma famille. Dés que nos orteils touchent le sable nous nous mettons à courire vers la mer qui semble nous appeler. Nous en rigolons tous les quatre. L'eau n'étant pas si loin nous arrivons déjà à hauteur de genoux. Eau glaciale, enfin disons très rafraichissante. Ca fait du bien, retour aux sources. Apaisement. C'est partie pour une bonne après-midi dans les vagues.

Tendre le cou à la recherche de la prochaine vague. Distinguer la bonne des autres, pas petite pour aller loin, la plus grosse, tout en étant bien formée, de la puissance. Observer l'océan pour la trouver. Guetter son arrivée. Dés qu'elle est proche se préparer. Le ventre sur la planche, les épaules tendues, les bras plongeant alternativement de chaque côté de mon corps, les pieds battant l'eau avec la même mesure, le sourire aux lèvres, les cheveux au vent, les yeux grands ouverts ne ratant rien du spectacle. Puis le bonheur, la vague qui s'enroule puis se déroule, le corps flottant, perdu dans un autre monde, la fraîcheur des embruns sur le visage. La vitesse. Le grand frisson dans le dos quand, du haut de la crête, la planche bascule vers les fonds. Le cri de joie qui nous échappe lorsque la liberté est à son apogée. Le petit soupir de plaisir lorsque tout est fini. La tête sous l'eau pour refroidir le cerveau embrumé par les émotions, les joues rougies par le soleil. L'eau salée si froide avec les rayon du soleil si chaud, contraste étonnant mais bienfaisant. Le bonheur à l'état pur, grande dose de liberté et d'une sorte d'exotisme. Remonter sur la planche. Demi-tour. Nageant vers le large, la planche coincée entre les épaules et calée avec la poitrine et les cuisses. Le visage vers l'horizon. Les vagues venant s'écraser sur moi, cherchant à rejoindre la plage à mon parfait opposé. Drôle de duel que la mer gagnera toujours, on reviendra toujours sur terre mais pour quelques instants encore je reste dans les vagues. Quelques heures à recommencer tout cela, dans l'ordre. Le bonheur. Les vacances et le partage. Terre et mer, famille et amis, eau et soleil.

LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant