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Je suis sauvée par le gong. Enfin plutôt par le soleil de l'aube. Nous sommes restés si longtemps ensemble que nous n'avons pas vu le temps passé, toute la nuit s'est écoulée, doucement mais sûrement. Devant moi les premières couleurs pâles du soleil se mélangent, se rencontrent et s'adorent, devant moi une palette de douceurs. Le bleu nuit à pâlit jusqu'à devenir clair, puis quelques nuances orangées voir rosées, enfin du jaune, plus ou moins intense. Les quelques nuages qui flottaient dans le ciel sont éclairés de cette divine lumière. Cet instant est parfait. Le nuit des vagues passent en arrière plan, comme si la beauté du moment devait être mise en évidence et que le temps ralentissait pour qu'il devienne éternel. Pas un oiseau, pas un poisson, pas un homme pour briser la perfection de quelques minutes. Juste moi et le lever de l'astre suprême. Enfin nous et le soleil. Il est là, devant nous, grand, immense, splendide, il apparait rayon aptes rayon et nous impose sa grandeur, ses couleurs, et sa froide chaleur matinale. Les remets occasionnés sur l'océan sont merveilleux, l'eau miroite, belle et pur, invitation ultime à la baignade. Un baignade matinale. Pour entamer la journée. Alors c'est ce que je fis. Pour la deuxième fois en quelques heures je me mis en sous-vêtements. Puis je marche jusqu'à l'eau, savourant la caresse du sable devenu froid sur mes pieds, attentive aux moindres détails de ce qui m'entoure, ainsi j'entendis bien le jeune homme qui me tenait compagnie depuis le début de la soirée se lever et suivre mes mouvements. Il se déshabille et me suis, il pose ses pieds dans mes pas, je le sens. Alors j'avance, calmement, comme si c'était la dernière fois, dans le fond c'est la première et dernière fois, tous les secondes, minutes, heures, jours, semaines, mois, années, vies sont différentes. Il faut savoir profiter de chaque instant comme s'il était le dernier que l'on vivait, être heureux est une affaire de chaque instant. C'est à cela que je pense à cette minute là, et je viens de décider que je suivrais cela toute ma vie. Je serais heureuse chaque instant de ma vie, ainsi je serais maîtresse de mes choix, de chacunes de mes décisions, le bonheur, rien d'autre. Et c'est ainsi. Je plonge dans l'eau, glacée jusqu'à l'os mais je n'en ai que faire, je suis bien, juste bien, et heureuse aussi. Je plonge et je virevolte, je danse et je ris, je plonge les mains dans l'eau pour la faire jaillir, je m'arrête brusquement pour admirer le ciel dont la teinte a, de nouveau, changée. A présent elle tire plus sur le rose que sur le jaune orangé, l'astre rayonne de son imposante et sublime beauté. Je m'arrête de bouger pour admirer le paysage autour de moi. Je tourne lentement après avoir regarder pour une énième fois l'horizon. Après avoir fait un quart de tour j'ai le soleil à ma gauche, en face de moi, à plusieurs centaines de mètres une falaise, rocheuse, dominatrice, surplombée par de la verdure, mais même de loin on peut voir que ce sont des plantes typiques du bord de mer, agrippant les rochers et ne pliant pas sous le vent violent. Et puis, nous séparant, le sable, nu, avec ses morceaux de coquillages, ses quelques algues qu'on évite tout le temps lorsqu'on les croise, les petites galets et autres cailloux. Quel tableau. En me mettant de dos à l'astre je regarde le parking... C'est tout de suite moins beau, et pourtant, je le vois lui, celui qui m'a tenu compagnie, que j'apprécie, celui avec qui je suis comme reliée, il me fait face et me sourit. Un magnifique sourire. Il finit par pencher légèrement la tête sur le côté en voyant que j'essaye de voir derrière lui. Enfin, il se décale et vient derrière moi, posant ses mains sur mes hanches et me tirnat légèrement vers lui, mon dos collé à son torse. Il croise ses mains devant mon ventre, les bras reposants sur mes hanches et me pressant contre lui, pose sa tête sur mon épaule, la blottie dans le creux de mon cou avant de soupirer et de contempler ce qui s'offre à nous. Le parking, encadré de plusieurs sapins sûrement centenaires, est vide, aucune voiture, ou moto, vélo, ou quoi que ce soit qui est des roues. Une sorte de cabane en bois est placée juste à côté, lorsqu'il sera l'heure le vendeur arrivera et comme tous les jours cet été il essayera de vendre ses bracelets, paréos, planches de surf, de bodyboard, ses glaces, gâteaux, boissons fraîches. Quand il sera l'heure... Mais ce n'est pas encore le cas. Pour finir, je tourne encore une fois. Il a toujours ta tête nichée dans mon cou, ses bras m'entourent mais il bouge ses pieds de part d'autres des miens puis les ancrent dans le sol. La place continue encore, presque à perte de vue mais elle s'arrondit légèrement pour former une baie. De ce côté-ci il y a un second parking, occupé par plusieurs caravanes, tentes, camping-cars et autres camions, une sorte de terrain de camping enfaîte, il y a même un petit local où les gens peuvent prendre une douche ou aller aux toilettes. Juste derrière, une grande foret de pins, aux branches basses et robustes, des buissons de genets, quelques ronces, des gros rochers pour s'asseoir ainsi que quelques bancs, le chemin douanier qui longe le bord de la plage, tout cela vient finir ce tableau, cet aperçu de cet endroit. Lorsque je finis de tout regarder je sais que le garçon derrière moi a également finis. Je le sens alors sourire dans mon cou. Il passe alors un bras derrière ma nuque et un autre sous mes genoux avant de me soulever et de me plaquer contre son torse. Je ne peux m'empêcher de rire. Il marche un peu, me portant apparemment sans effort. Il finit par s'arrêter et je ne sais comment mais il s'assoie sur le sable et me pose entre ses jambes repliées en tailleur, appuyée contre son torse. Je suis bien, bien installée et bien avec lui.

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