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La perfection n'existe pas. C'est faux. La perfection existe partout où on décide qu'elle soit, les hommes peuvent être parfaits si on le veut, les endroits, les lieux presque magiques de par leur beauté ou leur originalité sont parfaits, les petits instants de bonheur sont parfaits. La perfection existe partout, il faut savoir la trouver ou la désigner. Il suffit de peu. Des nobles pensées alors que le soleil se couche devant moi. Incandescent. Comme si le ciel était en feu, comme si l'horizon s'enflammait, l'océan flambe. Quelle beauté. Merveille. La plage sur laquelle je suis est encore chaude, la chaleur de l'après-midi ensoleillé est encore bien présente dans le sable blond. À quelques mètres de là un feu de camp a été installé, il flambe, comme le ciel il y a quelques instants. Les dernières rayons disparaissent et les étoiles au dessus de ma tête se fond plus visibles. Je m'approche du feu près duquel des jeunes sont regroupés. Ils rient et mangent. Il y a là des chamalows et des grillades, quelques bouteilles circulent mais je n'y touche pas. On mange tous ensemble, paisibles. Après ce petit repas les guitares sont de sortie, l'air entamé est lent et triste, le talent qui émane des musiciens est tel que plusieurs personnes ont le visage ruisselant de larmes, dont moi. Lorsque les dernières notes s'élèvent dans le ciel dégagé plus un mot n'échappe de nos lèvres. Personne ne parle, personne ne bouge, tout le monde se remet tranquillement de ses émotions. Au bout de quelques minutes une enceinte est sortie, une musique entrainante et énergique résonne. Les corps bougent en rythme, les rires fusent, les sourires également. Les amoureux s'éclipsent, les amis profitent, les inconnus se rencontrent et s'apprécient. Ce manège dure quelques heures, les participants partent se coucher les uns après les autres. Mais moi je reste. Je m'allonge sur le sable encore légèrement tiède et ressers ma veste sur mes épaules. Je regarde les étoiles, elles brillent, imposant leur clarté dans l'obscurité. Elles imposent le respect, tant de beauté, de bienveillance dans une si petite chose. Elles sont si loin de nous mais pourtant si près à la fois, on voudrait les toucher du bout des doigts, juste les effleurer. Petite, je pensais que c'était de la poussière de fée, que des petites créatures ailées était passées par là et que pour prouver leur passage elles laissaient dans le ciel ces grains semblablent au diamant. Ou alors des sortes de vestiges d'un temps ou des créatures merveilleuses et légendaires avaient habitées les cieux. Rêves d'une enfant pleine d'imagination. Seulement ce temps est révolu, maintenant je rêve mais je n'y crois plus, j'ai encore quelque part dans un coin de mon esprit tous ces souvenirs, toutes ces histoires fantastiques de princesses, de gentils dragons, de jolies fées, de papillons qui parlent, de licornes et d'arcs-en-ciel, de lutins malchanceux, de petites bêtes qui vendent des bonbons, d'anniversaires et de barbe-à-papas, de cirques et d'animaux légendaires, de grands châteaux en verre, tous cela parfois encore j'y pense mais je sais que la magie n'existe que quand on y croit. La magie c'est la beauté des choses, lorsque c'est extraordinaire ou juste beau, comme pour la perfection, la magie est une affaire de choix, de réalité, de bonheur et de croyance. Les étoiles si belles et si purs attirent le regard et amène les rêves. Petites lumières fantasques, rêves épatants d'aventures, d'amours et d'amitiés, de richesses et de pauvreté. Je me redresse finalement et me rends compte qu'il ne reste près du eu que cinq personnes en plus de moi. Deux sont en train de s'embrasser fougueusement, ils se mangent presque, et cette scène finira sûrement de manière plus torride une fois qu'ils seront seuls. Un troisième est écroulé ivre mort sur le sable et ne bougera sûrement pas d'ici demain matin. La dernière fille, de l'autre côté du feu, face à moi, pleure doucement en murmurant quelque chose que je n'entends pas. J'aimerai bien aller la consoler seulement au moment où j'esquisse un geste elle se lève et part en hurlant comme une folle le prénom d'un garçon. Chagrin d'amour sûrement. Enfin, juste à côté de la place qu'occupait il y a encore quelques minutes la jeune fille, un garçon. Il me regarde, je le regarde, nous nous regardons, nous détaillons, et ce avec le feu nous séparant encore, ce dernier meurt petit à petit. Il n'est plus alimenté. Il finit par ouvrir la bouche:

- Elle ira mieux demain, elle sort avec un pote à moi, c'est tout le temps comme ça entre eux.
- Ok, je réponds.

S'ensuit un long silence que ni lui ni moi ne veut brisé. On est bien, comme ça. Je suis sûre qu'une sorte de discours silencieux à lieu, un échange sans paroles, on se sourit et on se regarde, on est à-l'aise, calmes, tranquilles. Au bout de quelques minutes il finit cependant par parler à nouveau, son regard toujours plongé dans le mien:

- C'est drôle tu ne trouves pas?? On est là, face à face, on se regarde, on ne dit rien, mais pourtant on est bien, on ne veut rien dire mais pourtant c'est comme si on se parlait. C'est drôle, il fait une pause avant de reprendre, c'est drôle c'est tout.

Je ne réponds pas mais lui sourit à nouveau. Il a résumé. Je me rallonge pour regarder les étoiles et rêver de nouveau. Je l'entends se lever. Il marche. Il doit partir. Et pourtant il vient s'allonger à mes côtés. Nous sommes côte-à-côte, silencieux, nous regardons le ciel. Après cette grosse journée ce calme est reposant, presque je m'endormirais. Cependant je ne veux pas, je veux profiter, ce moment est, selon moi, parfait, alors je veux qu'il continue. Au bout d'une dizaine de minutes sans paroles je décide de parler:

- Belle soirée, et belles étoiles, dis-je.
- Belles étoiles et magnifique moment, calme et doux, répond-il.
- C'est drôle tu ne trouves pas?? On est là, côte-à-côte, on regarde les étoiles, on ne dit pas grand chose, mais pourtant on est bien, on parle peu mais c'est comme si l'on savait déjà tout. C'est drôle, et comme lui tout a l'heure je m'arrête avant de terminer, c'est drôle c'est tout.

Je souris, dans le noir, sans le regarder, mais je suis persuadée qu'il le sait et qu'il sourit lui aussi. Sa voix perce l'obscurité bienfaisante:

- Comme une impression de déjà vu.
- Une impression, conclus-je.

Puis je me redresse, me lève, lui tends ma main pour qu'il se lève également, il la regarde rapidement avant de l'attraper. Je souris une fois qu'il est debout. Je le vois se questionner en silence, son nez se plisse, ses sourcils se froncent légèrement, il remet ses cheveux en place de sa main droite. Je souris puis part en courant vers la mer en lui criant que je veux me baigner et que les bains de minuit sont souvent très agréables. Il sourit et renchérit rapidement en disant que minuit étant passé depuis longtemps cela serait encore mieux. J'éclate alors de rire avant de commencer à ôter mes vêtements. Je n'avais pas prévu de me baigner mais mes sous-vêtements opaque bleu marine conviendront parfaitement. Après avoir enlever mon haut je lève les yeux et vois qu'il est en caleçon. Je m'approche alors doucement de l'eau avant de hurler à pleins poumons:

- A l'eau ! ! !

Il rit mais je l'entends malgré tout me suivre. L'eau froide, gelée même, me réveille instantanément et je le vois, en face de moi, grimacer. Il a exactement le même avis. Je ris.

LibertéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant