Il inspire calmement avant de commencer à parler:
- Tu sais, dans le fond, on se connait pas mais on est bien ensemble, je ne sais même pas ton prénom et tu ne connais pas le mien non plus. Mais tant pis, on le découvrira plus tard. Je ne sais pas où tu vis, avec qui, je ne connais pas ta vie, tes amis, ta famille, et même ton âge m'est inconnu mais ça me va. Nous sommes que deux inconnus qui ont passé un super moment ensemble, et c'était parfait. Mais, maintenant je veux savoir, je veux comprendre, je veux connaître. Alors raconte moi ta vie, décris toi, puis nous verrons.
Il a prononcé tout cela en me regardant droit dans les yeux et il ne m'a pas lâché, je suis toujours dans ses bras. Je le regarde longuement avant de répondre que je veux d'abord le connaitre lui avant de me dévoiler moi. Il n'y voit aucun inconvénient et recommence donc à parler:
- Je ne vais pas m'attarder sur des détails futiles. Nom, prénom, âge, je zappe. Je suis né le soir, pendant la nuit. Ma mère, de sa chambre, voyait les étoiles, elle aime ça les étoiles. Alors elle dit toujours que ce jour là était le plus beau jour de sa vie. Pas uniquement parce que j'étais né mais aussi parce que c'était la plus belle nuit qu'elle avait vécu. Elle dit même que c'est grâce à moi qui pleurait qu'elle avait pu voir les étoiles cette nuit là, j'étais resté dans ces bras, à être cajolé et elle, avait rêver les yeux ouverts, plongée dans l'infinité céleste. Mon père, je ne le connais pas, il s'est barré à ma naissance, mais dans le fond c'est peut-être mieux comme ça, au moins, je n'ai pas souffert à cause de lui. Ma mère le décrit comme un gros con égoïste et radin. Donc c'est une bonne chose, j'en suis persuadé. Je n'ai pas de frères et soeurs, rien, juste une Maman que j'aime de tout mon coeur. On est inséparable tout les deux. C'est un peu comme ma meilleure amie sans vraiment l'être, mais disons que je rigole énormément avec elle et qu'elle est toujours là pour moi. Mon enfance a été extrêmement paisible, j'avais ma mère et mon père n'était pas là, j'étais bien et puis cela me paraissait normal d'avoir une famille comme ça. En grandissant j'ai toujours gardé ce lien avec ma mère, les seules fois où je me suis battu c'était pour la défendre, les seules fois où j'ai pleurer avait un lien avec elle. Je ne suis pas un fils à maman mais malgré tout elle est importante pour moi. Étant gosse on avait du mal à joindre les deux bouts mais elle travaillait d'arrache-pied pour m'offrir la vie qu'elle voulait que j'ai. Jamais elle n'a raté une occasion de partir en vacances. Elle dit que ça rapproche. On partait avec la vieille voiture et le matelas de son lit que nous mettions dans le coffre. On a visiter plusieurs pays et rencontrer énormément de gens. Parfois on prenait un aller-simple en avion pour loin et avec les économies de maman on voyageais quelques semaines avant de revenir des étoiles pleins la têtes et du bonheur plein le coeur. Maman a toujours travaillé très dur pour ces vacances, c'était le but de toute l'année. On ne fêtait ni Noël ni nos anniversaires pour partir. Le sens des priorités dit-elle. On s'est fait des amis aux quatres coins du monde. J'ai pas énormément de potes, comme on dit, y'a que les vrais qui restent. Ceux qui sont encore à mes côtés sont les meilleurs. Ils sont toujours restés et c'est tout ce que je retiens. J'ai eu des problèmes avec la dépendance et ils m'ont aidé, échec scolaire, ils m'ont pas lâchés, problèmes de santé, ils étaient là. Je retiens. Maintenant je profite de la vie comme elle vient. Je profite et puis c'est tout.
Il me sert un peu plus fort dans ses bras, me plaquant contre son torse avant de m'inviter à commencer. Je me lance donc:
- Je vais faire comme toi, je ne vais que te raconter ma vie, pas tous les détails futiles.
Je le sens sourire dans mon cou lorsque je dis cela. Je souris également avant de reprendre:
- Mon père et ma mère sont géniaux, ils s'aiment, c'est ce qui compte le plus, j'ai un petit frère que j'aime aussi. J'ai passé une enfance de rêve, disont jusqu'à ce que j'ai une dizaine d'années tout allait bien, on partait dans la Drôme l'été, on voyait la famille, on passait du bon temps. L'hiver on allait au ski, tout le temps. Où que j'aille j'étais heureuse, mes parents disent que j'étais hyper-sociable. J'étais. J'ai déménagé vers la fin de ma primaire. J'ai tout quitté pour suivre mes parents dans une nouvelle orientation professionnelle. J'étais contente au début, ça n'a pas durer longtemps. Ils travaillaient tellement qu'ils ne pouvaient plus s'occuper de mon petit frère et de moi. Je faisais la cuisine, leur rappelais de venir dormir, faisais la liste de course, le ménage, préparais les affaires pour les cours de mon frère, m'occupais de tous les devoirs qu'il avait à faire en plus des miens, je faisais tout. Et je ne leur en voulais pas. C'était mes parents, ça l'est toujours et ça le restera. Le soir je pleurais dans mon lit, la tristesse de la situation, tous les soirs, mon frère l'entendait et quand il me demandait ce que j'avais je répondais à chaque fois que je repensais à quelque chose de drôle qui s'était passé ce jour-là. Je suis sûre qu'il n'y a jamais cru mais il ne m'a jamais posé aucune question. Une sorte d'accord tacite entre nous. Après environ deux ans comme ça on a redéménager, mon père voulait se rapprocher du sien qui avait des problèmes de santé. Le début du collège. Tout a recommencer, j'étais mal dans ma peau, je me faisais harcelée aussi. Mes parents n'étaient toujours pas là pour mon frère et moi, c'est comme si nous étions orphelins. On ne les voyait pas. Ils travaillaient. Alors je me suis reposée sur mes amis. Je n'avais qu'eux et mon frère dans le fond... Et je voulais préserver l'innocence de ce dernier même si je savais très bien que ça faisait longtemps qu'il ne l'étais plus, innocent. Il avait grandi et mûrit. Comme moi. C'est malheureux de devoir grandir aussi vite sans profiter. J'avais eu une enfance, mais pas lui. Les problèmes de mon grand père ont augmenté et la mauvaise humeur de mes parents aussi, leurs cris étaient plus que réguliers. Ils se disputaient pour tout et rien à la fois, ils se notaient dans le travail, mettaient leur santé en péril. Et à côté nous subissions, moi et mon frère, on pleurait en silence et souffrions continuellement. Je m'enfonçais dans mon mal être et lui aussi, on était côte-à-côte mais on ne s'aidait pas, on n'y arrivait pas. Je me suis réfugiée dans la nourriture, je grossissais, ne faisais que ça. Et lorsque je ne pouvais plus supporter mon corps j'ai tout arrêté. Je ne mangeais plus, plus du tout. Papa et maman n'ont rien vu ou peut être faisait-il exprès?? Je ne sais pas. J'étais mal. Je voulais tout arrêter mais je ne l'ai pas fait. Pour mon frère. Il ne pouvait pas porter tout ça tout seul. Mais il a finit par craquer. Dire qu'il ne pouvait plus, qu'on ne pouvait plus, que c'était trop, qu'il fallait tout arrêter. Ils ont tout arrêter. On est rentrer dans la ville où j'habitais avant, celle où j'étais heureuse, où j'avais passé mon enfance. J'ai retrouvé mes amis d'autrefois, avec bonheur mais tristesse également. J'avais tout quitté une troisième fois en quatre ans. On ne se remet jamais complètement de ça. Ma famille s'est ressoudé petit à petit. On a retrouvé notre complicité, à grand renfort de vacances, de psychologue, de jeux de sociétés, d'après-midis sportifs, de recettes de cuisine. À la maison chacun avait retrouvé sa place, mon frère pouvait enfin profiter de son enfance même si celle-ci était déjà fini, j'ai arrêté de préparer le repas, je ne fais que quelques gâteaux de temps en temps, maman et papa cuisinent, font le ménage, rigolent, jardinent, s'aiment. Tout ce qu'ils avaient sûrement oublier, recommence. J'ai retrouvé d'autres amis, trouvé un certain équilibre, mais seulement après plusieurs années. Ils ne m'ont jamais lâchés, elles surtout. J'ai fais une grosse dépression mais elles m'ont soutenue et je suis encore là. Je ne les remercierai jamais assez. J'avais besoin d'aide et j'ai été aidé. Celle, qui, comme moi, sombrait, m'a aidé, elle ne me lâchais pas et je lui rendais la pareil, je l'aidais comme je pouvais. Elle a sauvé une vie un jour même. Ce n'est même pas sûre qu'elle le sache... Mais cela vaut une reconnaissance sans borne. Maintenant ma famille et les amis sont là, tous ce petit monde s'entend à merveille et moi je suis bien. Je suis passé au dessus de tout ça, j'ai tourner la page, continuer l'histoire. Je vis, enfin pour de vrai, pour de bon, je me suis même promis de ne pas plonger comme j'ai pu le faire. Donc tout va bien et tout ira bien le plus longtemps possible.

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Liberté
RandomEnvie de loin, Départ soudain, Rencontre d'une nuit, Découverte d'une vie. Lisez, donnez moi vos avis, racontez moi ce que vous en pensez, ce que vous voulez vous aussi. Bonne lecture.