~ Chapitre 2 ~

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   Mes parents rentrent enfin du travail, ce qui signifie que l'heure du repas approche. Comme aux Enfers nous dédions notre temps au travail, tous nos repas nous sont apportés sur les coups de 19h, au moment où tout le monde rentre du travail ou de l'école. Quand on meurt on garde non seulement notre âge mais aussi notre aspect physique, nous « n'évoluons » plus. Pierre a sur la poitrine une grosse blessure dû au pique. La légende raconte même qu'un morceau de bois s'y trouve encore. Ma mère reste extrêmement maigre et très pâle de peau. Ses yeux bleus sont un peu exorbités mais rien de préoccupant. Les plus à plaindre sont les grand brûlés, ils ont pour certains le visage entièrement fondu (ça n'aide pas à la conversation quand on ne situe pas les yeux sur un visage). Pour ma part puisque la Tuberculose est une maladie touchant quasiment exclusivement les poumons, je n'ai presque pas de trace visible de ma mort, uniquement de l'asthme et un teint légèrement pâle. Un peu de fond de teint et un inhalateur et le tour est joué !

   Ce soir c'est pizza ! L'Enfer est une prison mais en tout cas on y mange mieux qu'à la cantine du lycée ! On se met tous à table et comme toujours, notre chien Cerbère (quand je vous dis que mes parents ont de l'humour), se colle à nous espérant avoir de la nourriture. Cerbère est un vrai chien : aucun animal ne purge de peine ici. Quand les animaux meurent ils vont quelque part évidemment, mais je n'ai aucune idée de ce à quoi cela ressemble. Nous avons adopté Cerbère il y a deux ans à la surface. L'oxygène arrive ici par le même principe que le réseau mobile. Du moins je le crois. C'est donc la seule personne qui a la possibilité de mourir dans cette maison.

- Ca s'est bien passé l'école aujourd'hui ? demande mon père

- Plutôt bien, on a recommencé à travailler sur les forces en physique. Du coup j'ai eu le temps de faire du calcul. J'en arrive au chiffre vingt-six. Ca fait vingt-six fois que je fais ce chapitre.

- Wahou ! dit Elizabeth. N'oublie pas de faire des fautes au contrôle, une élève aussi brillante sans rien faire ça attire l'attention.

   Effectivement, si mon calcul est correct cela fera vingt-six fois que j'achève ma première scientifique. Plus besoin d'écouter en cours : je les connais par cœur. Le lycée Jean-Paul Sartre est donc mon vingt-sixième lycée, et aussi le dernier avant ma majorité. J'ai déjà eu vingt-six fois mon bac, toujours avec mention bien ou assez bien, pour ne pas attirer les soupçons. Ma mère a d'ailleurs créé une nappe en plastique avec tous mes diplômes : le bac, le permis, les cartes d'identité. Tous les deux ans je suis obligée de changer de région, pour pas que l'on se pose de question. Pour les Terriens je suis censée vieillir et donc changer physiquement, ce qui ne sera pas le cas. Je commence alors une nouvelle vie avec nouveau prénom et nouveau nom. On a convenu avec mes parents que mon dernier cycle je le passerais avec mon prénom d'adoption, celui que Pierre et Elizabeth m'ont donné quand ils m'ont adoptée. Je m'appelais Jeanne avant. J'ai toujours détesté ce prénom, trop basique à mon goût. Aëlys me va mieux.

   Un bruit de fourchette me sort de mes pensées. Je me tourne vers mon père :

- Papa, il s'est passé un truc intéressant aujourd'hui ?

- Tu sais très bien que je ne peux pas en parler mais c'est la routine : on étudie les problèmes afin de leurs trouver une solution. Pourquoi ?

- Oh, c'est juste que je vais bientôt pouvoir choisir mon orientation et je me disais qu'un stage ça pourrait être intéressant, je dis le plus naïvement possible.

- Tu crois réellement qu'un stage de gardienne ça s'obtient si facilement ? Je pourrais te trouver un petit boulot à l'Etat civil si ça peut t'occuper, réplique ma mère.

- Ta mère a raison Aëlys, devenir gardienne c'est très dur et les stages sont quasi impossibles à décrocher. Je te rappelle que je purge encore ma peine.

- Je sais papa, mais c'est vraiment ce que je veux faire. ! je peste en finissant ma part de pizza. Tu ne peux pas essayer d'en toucher un mot au conseil ? Je ne te demande pas de me mettre dans la liste des privilégiés de Thanos mais juste un petit stage !

- J'essaierais, mais je ne te promets rien. Et si tu n'es pas prise tu iras avec ta mère, c'est d'accord ?

- D'accord, si tu veux. je conclus en sortant de table.

   Je rêve nuit et jour de devenir gardienne, d'empêcher les gens de se suicider ou de faire fausse route, de m'occuper de personnes de tout âge, dans tous les continents. C'est réellement ce que je veux faire. Et puis j'ai un bon feeling avec les Terriens, on se comprend plutôt bien. Je pense que quand on comprend la psychologie des adolescents alors on devient un expert : c'est dans cette période de notre vie que l'on change le plus, que l'on s'affirme en tant que personne. C'est compliqué pour tout le monde : nous comme nos parents et proches...

   A force de penser, mes yeux se sont inconsciemment fermés et c'est sur le rêve de devenir quelqu'un qui sauve une petite fille que je m'endors, Cerbère à mes pieds, sur la couverture de mon lit.


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Bonjour à tous et à toutes !

J'espère que ce chapitre vous a plu ! Hésitez pas à commenter, je réponds à tout le monde ! Ce chapitre commence à rentrer dans l'action mais je vous prévois quelques trucs bien sympas :p Il est un peu plus court que les autres

Bonne journée/soirée/nuit 

~Sparks <3

Six pieds sous l'EnferOù les histoires vivent. Découvrez maintenant