Chapitre 6

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                Cela faisait maintenant une demi-heure qu'il était assis sur le siège coté passager de la voiture, suppliant James de rouler plus vite. Il jouait nerveusement avec l'élastique autour de son poignet, tentant de contenir son tourment, tandis que son meilleur ami, au volant de la voiture cherchait les routes les plus courtes menant à l'hôpital. Le cœur du plus jeune battait à s'en décrocher de sa poitrine.

Il leur fallut quelques minutes de plus avant de se retrouver enfin devant le grand bâtiment gris, percé de plein de petites fenêtres illuminées. Tristan descendit de la voiture aussi vite que ses jambes tremblantes le permettaient et claqua la portière. D'un pas de course, il traversa le parking, suivit de près par James et ils s'introduisirent dans le bâtiment presque vide. Ils montèrent à l'étage indiqué par la femme assise derrière le comptoir d'accueil. L'ascenseur était bien trop lent au goût de Tristan, dont les larmes menaçaient de couler.

L'engin s'arrêta finalement et les lourdes portes coulissèrent, dévoilant aux deux hommes un long couloir illuminé par de vives lumières blanches. Ils traversèrent donc ce long couloir qui paraissait infini, passant leur route devant de nombreuses portes fermés.

Tristan s'arrêta brusquement lorsqu'il vit enfin le bout de couloir, qui s'élargissait afin de laisser place à une grande pièce où se trouvait un comptoir d'accueil et de nombreux sièges sur lesquels des gens patientaient. Certains pleuraient.

Assis sur un des sièges, Andy attendait, le visage enfouit dans ses mains. Un homme en blouse blanche, tenant un dossier entre ses mains apparut, venant d'un couloir qui débouchait à l'autre bout de la pièce et s'avança vers le jeune homme qui releva la tête en remarquant son arrivée.

Le cœur de Tristan, qui observait la scène de loin, se stoppa à la vu du médecin. Il saisit la main de James et la serra entre les siennes avant de s'avancer de quelques pas vers les deux hommes, qui ne semblaient pas les avoir remarqués, afin d'entendre leur conversation.

Et tout se passa brusquement.

Les mots s'échappant de la bouche du médecin furent comme un millier de poignards transperçant le cœur du jeune garçon qui tomba dans les bras de son meilleur ami.

Tout son monde sembla s'écrouler avec lui. Tout disparut dans un sombre brouillard. Tout autour de lui sembla devenir invisible. La seule chose qui apparut à Tristan fut la vision de Sam. Il revit ses longs cheveux bruns et bouclés qui caressaient délicatement ses épaules lorsqu'il bougeait sa tête. Il sentit son regard bienveillant et amoureux sur lui. Son doux parfum semblait embaumer tout l'univers autour de Tristan et sa voix somptueuse lui paraissait résonner dans ses oreilles. Son rire semblait réchauffer toute la pièce et le cœur de Tristan en même temps. Le jeune homme eut la sensation de l'étreinte de Sam autour de son corps tremblant qui ne demander qu'à être réconforter par celui qui l'aime et qui était toujours là pour l'apaiser.

Mais tout cela n'était plus qu'illusion. Sam ne sera plus jamais là pour Tristan. Il ne le serrera plus jamais dans ses bras. Il ne sera plus là pour cicatriser les blessures de Tristan et pour illuminer sa vie. Plus jamais Tristan ne verra ce sourire qui éclairait tout autour de lui et qui avait le pouvoir de recoller les morceaux de son petit cœur meurtri. Il ne glissera plus ses doigts dans ses doux cheveux et le long de sa peau fine. Il ne goutera plus à ses lèvres soyeuses. Jamais plus il ne se réveillera à ses côtés en remerciant le ciel de sa présence.

Sam n'était plus là.

Il n'était plus là et la douleur était insupportable.

Tristan fut secoué de soubresauts et tremblait sous sa respiration saccadée. Ses bras noués derrière le cou son meilleur ami le raccrochait à lui comme s'il était la seule chose qui le maintenait en vie.

Ses jambes lâchèrent et James le retint comme il put, ses bras musclés accrochés la taille frissonnante du garçon au cœur mutilé. Les longs doigts de Tristan se crispaient autour du tee-shirt de James qui menaçait de se déchirer en lambeaux sous la pression de ses ongles.

Sa voix craquait sous les sanglots tandis qu'il hurlait de désespoir et gémissait de douleur, le visage celé contre l'épaule de James.

Andy, ayant remarqué la présence déchirante de Tristan, s'approcha aussi vite que ses jambes chétives le permettaient, essuyant ses larmes du revers de sa main. Il tendit les bras vers le corps du garçon presque à terre mais les yeux de celui-ci s'obscurcirent en remarquant la présence du plus vieux.

« -Ne m'approche pas ! Vociféra-t-il entre deux spasmes. Ne t'approche plus jamais de moi. Tout est de ta faute, je te le pardonnerais jamais », jura-t-il avant que les larmes ne le rendent muet.

Ses bras devenus trop faibles l'obligèrent à lâcher l'étreinte qu'il avait sur son meilleur ami et son frêle corps rencontra le sol, comme saisi de convulsions. James s'agenouilla et tenta de le calmer, une main posée sur sa joue et la deuxième sur son torse agité. Andy ne réagit pas, encore heurté par les mots de Tristan. Il semblait inanimé, debout sur ses pieds fixes, le regard vide et fixés sur le mur devant lui et les joues mouillés de larmes.

Une infirmière arriva vers les trois hommes d'un pas précipité cherchant à prendre Tristan en charge, à la vue de sa crise de nerfs. James prit alors le corps invalide de son meilleur ami dans ses bras et suivit la jeune femme jusqu'une pièce isolée au fond du couloir.

Il déposa alors Tristan sur le lit présent dans la chambre tandis que l'infirmière fouillait dans les étagères qui se trouvaient à l'arrière de la petite pièce remplie de matériel médical et que lui amena une chaise près du lit de Tristan afin de s'asseoir près de lui.

Des calmants furent administrés à Tristan.

Alors le jeune homme demeura allongé sur le lit, presque inerte, sa main serrée entre celles de son meilleur ami assis à ses côtés et la tête posée contre la sienne. Ils restèrent tous deux silencieux. Les yeux de Tristan fixaient le plafond chargé de petits carreaux, sans aucune expression. Sa respiration était redevenue normale et sa poitrine se soulevait à un rythme régulier. Ses joues étaient encore mouillées de larmes bien que ses yeux semblaient secs maintenant.

« James, j'aimerais retourner chez moi », dit Tristan d'une voix morne après un long moment.

James se leva alors et prit son ami par les côtes afin de l'aider à se mettre sur ses pieds.

Les deux garçons marchèrent difficilement dans les longs couloirs qui composaient l'hôpital et se dépêchèrent de quitter le bâtiment qui donnait la nausée à Tristan.

Ils montèrent en voiture et firent le trajet jusque l'appartement de Tristan dans un silence complet. Tristan demeurait immobile, la tête posée contre la vitre, considérant sinistrement la route monotone. Il paraissait totalement vide.

Ils arrivèrent rapidement chez lui, où Tristan fonça dans sa chambre et s'engouffra dans son lit, les couvertures remontées jusque son nez.

Et il explosa en sanglots.

James arriva dans la chambre après s'être changé et remarqua les larmes de son meilleur ami.

Il avança vers le lit sans un mot et s'allongea précautionneusement derrière son ami, l'enroulant de ses bras réconfortants. 


________________________________________ Hey ! Je vous ai pas mal fait attendre pour ce chapitre, j'en suis désolée. J'ai eu beaucoup de mal à l'écrire et je pense qu'il en sera de même pour le prochain chapitre parce que j'ai du mal à trouver l'inspiration en ce moment... Du coup excusez-moi si le chapitre suivant est long à venir. Dans tous les cas j'espère que ce chapitre vous a plu, n'hésitez pas à me laisser vos avis :)

Ah oui, et aussi, je me demandais si certains de vous allez au concert de garçon le 22 à Paris. Si c'est le cas, n'hésitez pas à m'envoyer un message ou à laisser un commentaire car j'y serais et ce serait cool qu'on se croise ! 

Bisous <3

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