Chapitre un

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Je me trouvais assis en face de cet homme, dans une pièce de taille restreinte. Les murs étaient tapissés d'une couleur jaunâtre, ils s'écaillaient à quelques endroits et gondolaient à d'autres sous l'humidité. L'air était mêlé à une odeur fétide, une odeur de décomposition. Bien que je n'aimasse pas particulièrement l'endroit en question, je me sentais détendu. Les personnes avec lesquelles je me retrouvais ici me voyaient toutes pour mon bien ; elles voulaient que je me sente à l'aise et étaient agréables (j'en étais presque persuadé).

Je plaçais mes mains sur mes genoux, souriant vaguement alors qu'il m'observait, souriant à son tour. Son sourire était insolite, un petit rictus espiègle, dévoilant une rangée de dents presque irréelle, d'une blancheur immaculée.

–– Tu as de bons résultats, cette semaine, Louis.

J'acquiesçais, mes cheveux ondoyant lors de mon mouvement de tête. J'étais confiant pour ce qui concernait les dénouements que nous allions obtenir, mes mains tremblant dans l'euphorie et la gaieté. L'expression de ma satisfaction était constante, alors que la fierté parcourait mon corps.

–– Néanmoins, a-t-il dit, nous avons eu une entrave aux règles, mardi. Je crois qu'elle t'en a déjà parlé.

Mon visage se rompait en une grimace, alors que je m'enfonçais dans ma chaise délabrée. Les cuirs rouges étaient usés et le bois grinçant, mais je m'étais adapté à cela.

–– Ce n'était qu'une petite faute, dis-je, ma voix basse.

–– Elle t'a demandé de faire quelque chose, mais tu ne l'as pas fait, a-t-il répondu, ses yeux se plissant alors que son sourire s'effaçait. Je ne considérerais pas cela comme une « petite faute ».

Il se mit à écrire, inscrivant les instructions que je devrais suivre pour me racheter. Je sentais mon visage se rembrunir : je ne voulais pas répondre à leur ordres, mais je le devais. Cela était le seul moyen que je possédais pour me débarrasser de leur colère, de leur déception et de ma culpabilité.

Lorsqu'il eut fini de raturer ses recommandation–ordres, devrais-je dire–il me rendait le papier, que je froissais entre mes mains étroitement tassées. Puis, sans me donner plus d'informations ou de contraintes, il se levait, époussetant sa chemise grise, avant de sortir par la porte arrière, disparaissant de la pièce. Je laissais échapper un souffle excédé ; les dialogues se déroulaient pourtant tellement bien, ces derniers temps. Ils étaient ouverts et rectilignes, même si je savais que les aspérités allaient réapparaître, j'avais imaginé qu'elles prendraient plus de temps à le faire.

Presque tout avait été effectué au mot près, presque. Je ramassais mon sac, le balançant sur mon dos, tout en survolant la note des yeux. Il gardait toujours un minuscule carnet, près de sa chaise, sur une petite table en acajou, duquel il tirait ses feuilles pour les recommandations–punitions.

Je soupirais, entrouvrant la porte, m'échappant de l'endroit en vitesse. Toutes les personnes dans le couloir m'observaient, me dévisageant ; ils essayaient de m'abattre sans avoir le pouvoir de le faire. Je les ignorais, passant la seconde porte, qui me menait hors du dédale étrange. Je me retrouvais dans une pièce baignée de lumière, apportée par plusieurs fenêtres encastrées dans le mur.

Le contraste était presque effrayant, la discordance entre ces deux parties de l'habitation était trop nette, dérangeante.

Je secouais la tête, écartant mes cheveux de mon visage, balayant ces pensées.


*


Puis, était arrivé cet homme. Je me trouvais dans cet endroit, la musique était bruyante, les gens épatants, les boissons affreuses. Il traînait sous la lumière falsifiée des néons rouges, loin de moi, ses yeux semblaient noirs, ses cheveux étaient une masse brune tumultueuse. Il m'avait abordé et j'avais appris son prénom : Harry.

Black Baccara - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant