Chapitre trois

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La chaleur dans la chambre était intenable, alors que je me découvrais, essayant d'attraper un quelconque courant d'air frais. Je me levais, quittant le lit défait et drapé de noir, pour marcher jusqu'à la fenêtre à pas comptés, l'entrouvrant. A l'extérieur, tout était recouvert de neige, mon halée méconnaissable, enfouit sur plusieurs dizaines de centimètres, d'un blanc immaculé.

Je venais de faire un rêve ; je ne pouvais pas me souvenir de quoi il s'agissait. Néanmoins, une claire image d'une figure enjolivée de grands yeux émeraude tournait dans mon esprit. Un mal de tête allait en crescendo dans mon cerveau, brouillant toute pensée cohérente. Je retournais sur mes pas, étendant à nouveau mon corps sur le matelas, sentant celui-ci s'enfoncer sous mon poids. Je détaillais du regard le plafond noir et blanc, les différentes spirales noires, leurs longues lignes élégantes, qui plongeaient ensuite dans un dédale de gris profond. J'avais toujours apprécié ma chambre, elle était chaleureuse, je m'y sentais à ma place.

Elle était faite, presque uniquement, de couleur sombre. Un des murs était peint en prune, les autres en noir. Cette pièce était différente du reste du bâtiment, qui était pour la plupart éclairé–à l'aide de nombreuses fenêtres–et coloré de blanc ou de beige. Le reste de mon habitation ressemblait à une publicité d'une quelconque marque de mobilier, contrairement à cet endroit-ci. Il était très personnel. L'ensemble de la chambre était décoré, j'avais même investi dans certains objets esthétiques et onéreux idiots, uniquement pour compléter ladite décoration.

Tout cet embellissement coûteux avait un avantage : elle créait dans la pièce une atmosphère agréable, refermait cet endroit en une sorte de cocon auquel seul moi avait accès. Je pouvais faire ici ce que je voulais, personne n'était là pour m'en empêcher, personne ne pouvais me retenir : c'était simplement mon endroit–un endroit que personne ne pouvait profaner.


*


                 9:17 am –– « Tu es le Louis du bar, n'est-ce pas ? J'ai cru que tu ne m'enverrais jamais de message. »

                 9:20 am –– « J'ai cru que je ne t'en enverrais jamais, moi aussi. Mais je l'ai faits. »


*


Je me trouvais dans leur bureau, mes yeux lourds de fatigue. Nous avions malheureusement dû avancer un de nos rendez-vous, le passant de dix heures à six heures du matin. Ils étaient tous deux présents, perchés sur leurs grandes chaises, leurs jambes interminables croisées et soulignées de leurs vêtements blancs. Il était en train de noter des choses sur son carnet, elle me regardait. Ses grands yeux verts étaient plantés dans les miens, me déconcertant. Je soulignais que ses pupilles, contrairement à celles d'Harry, étaient glaciales. Elles ne dégageaient aucune chaleur, semblaient globuleuses sous la lumière des néons et me gênait–elles étaient totalement disgracieuses, à l'opposé de celles d'Harry.

Leurs deux visages étaient fins, presque tranchants. Ils portaient de longs nez aquilins, presque semblables, même s'ils n'avaient aucun lien de parenté, et de fines lèvres sèches. Le reste différait de l'un à l'autre. Il avait obtenu une peau bronzée, plutôt mate, alors qu'elle portait une peau pâle, que ses veines éclaboussaient de bleu. Il avait d'épaisses mains, sur lesquelles ses canaux sanguins créaient un aspect noueux, disparaissant en de complexes lignes bouillonnantes.

Elle repoussait ses mèches blondes hors de son visage, laissant ses lisses cheveux s'entortiller au niveau de ses oreilles. Ceux-ci étaient taillés en un carré strict et lissés à la perfection : je ne pouvais me rappeler d'un moment où l'un d'eux n'avait pas été présentable, en réalité. Sa coiffure à lui était toujours idéale, ses cheveux bruns positionné dans l'angle le plus appréciable, sans jamais qu'il n'ait à les toucher.

Black Baccara - Larry StylinsonOù les histoires vivent. Découvrez maintenant