Je ne veux pas me lever. Je veux continuer ce rêve et m'enfoncer dans sa douceur moelleuse. Je sens que j'ai transpiré, je tremble encore de ce spasme qui m'a réveillée, ce pincement en bas du ventre qui signale la possibilité d'un orgasme. J'ai les hormones en ébullition depuis quelques mois. Que dis-tu, depuis quelques années, oui ! Ton Accueil est celui qui a duré le plus longtemps ! Ma peau est tiède, légèrement frissonnante, je la sens qui scintille, qui palpite, qui crépite. Elle sent le pain grillé? Ou alors ce sont les odeurs du petit déjeuner qui parviennent jusqu'à notre chambre. Non, il est trop tôt, les Petites doivent encore être au lit, ou jouer tranquillement en attendant d'avoir le droit de se lever. Mon corps est si lourd, j'hésite à bouger. Les yeux clos, j'écoute les respirations autour de moi ; quelques bruissements de draps, un os qui craque, puis plus rien. Dans un mois, j'aurai ma propre chambre, si je le souhaite. Une pièce minuscule, une « cellule », précise toujours Sœur Isobel. Comme si le château était un organisme vivant, respirant, souffrant, un corps à alimenter, à nettoyer, comme si nous étions des bactéries affairées. Tu parles, des bactéries sacrément perverses, oui ! N'empêche, quand j'aurai ma cellule, je pourrai me toucher autant que je le voudrai, le matin, le midi, le soir, tout le temps. Jusqu'à n'en plus pouvoir. J'entends quelqu'un tousser. Je compte les secondes. A trente, je considère qu'on s'est rendormi. Ou pas. En fait, ça m'excite. Je passe ma langue sur mon sourire. Peut-être que je resterai un peu plus dans cette chambre commune, finalement.
Je bascule lentement sur le ventre, les cuisses écartées, le nez dans mon coussin. Doucement, je promène mon corps dans mon lit, j'ajuste l'angle formé par mes jambes, Au moindre mouvement, le drap caresse ma peau comme mille mains anonymes. Je relève légèrement mes fesses pour laisser le passage à mes mains, caressant au passage mes seins, mon ventre, l'intérieur de mes cuisses. Je suis déjà prête, ce rêve était si intense ! Je ne sais plus de quoi il s'agissait, sans doute que je revivais une de nos orgies. Il faut dire « fête », Betty! Avec tous ces corps magnétiques, ces mains avides, ces gémissements, douce musique... Et voilà, j'ai envie d'être pénétrée. Je les imagine, un devant moi, la bouche entrouverte, les yeux fiévreux, le sexe dressé, vibrant, sur lequel je m'enfonce le plus profondément possible, un autre dans mon dos, le regard fixé sur mon sexe qui coulisse lentement, sur mon cul qu'il s'apprête à prendre à son tour. Je salive, j'ai chaud, je me cambre encore plus. C'est le moment que je préfère, celui où je sais que le deuxième homme ne va pas pouvoir s'empêcher de nous rejoindre et de me combler entièrement. Il commence en général par caresser le creux de mes reins, comme pour signaler sa présence. Puis il remonte vers mes épaules, empoigne un peu mes cheveux, les relâche, dans l'attente d'un sourire d'autorisation que je lui accorde sans tarder. Pourquoi attendre ? Sans cesser de monter et de descendre ma chatte sur le membre de mon premier partenaire, j'attrape l'autre queue et la suce avec avidité, je l'engloutis, je l'inonde avant de lui indiquer le chemin de mon cul. J'interromps mes mouvements quelques secondes, le temps d'installer tout le monde, puis je les laisse harmoniser leurs mouvements, trouver leur rythme de baise. Ils aiment ça autant que moi, leurs queues se touchent presque, elles sont à peine séparées par une fine paroi, elles se frottent, glissent en moi comme s'ils se fourraient l'un l'autre, ils utilisent mon corps comme un alibi et je me consume dans leur désir mutuel, je disparais dans leur fièvre, sous leurs caresses, jusqu'à l'épuisement.
Je n'ai qu'à visualiser nos corps vibrants de plaisir pour grimper en flèche. De deux doigts, j'écarte mes lèvres et j'expose un sexe trempé et prêt à exploser. Je souris à cette image d'un incendie mouillé et je commence à tourner, attentive aux sensations, insistant sur une zone puis une autre. Tout mon corps est ultra connecté, de la crispation de mes orteils jusqu'aux racines électrisées de mes cheveux. Mes doigts vont et viennent, glissent dans l'humidité de mon sexe, plusieurs fois, ressortent, s'écartent pour caresser la périphérie de mon clitoris, le frustrent quelques secondes puis l'effleurent, repartent vers les lisières dès qu'il menace d'exploser, reviennent quand il est calmé... Je chahute mes cerveaux par mon indécision, ce désir de jouir mais d'attendre encore. Je contrôle ma respiration, pas de bruit, quelqu'un pourrait m'entendre, peut être qu'on m'écoute, peut être même qu'on se touche en même temps ! A cette idée, mon corps éclate en millier d'étincelles, et je maintiens l'orgasme par des pressions légères et des caresses furtives. Je cesse de respirer, tout mon sang fuse dans les parties vitales et joue une partition déchaînée avec mes nerfs en guise de cordes. Je suis un violon électrique, un concerto en punk majeur dans un corps pétrifié et silencieux. Aucun son ne sort de ma bouche grande ouverte, mon cri est intérieur, fulgurant, il ricoche sur mes os, il tambourine sur ma peau, il roule sur toutes mes chairs, encore, et encore, et encore. Mon plaisir nucléaire est englouti par les ténèbres.
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* 9 *
ChickLitElina a grandi au Château, entourée d'affection et accompagnée vers l'épanouissement et le plaisir. Mais, alors qu'elle pensait avoir réussi à maîtriser son destin, aujourd'hui elle doit fuir. Hadrien vit caché dans la nature sauvage. Il ne s...