Friends and Chinese food

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Les personnes brisées sont dangereuses, elles savent qu'elles peuvent survivre...

J'ai à peine le temps de fermer la portière que Dominic démarre en trombe. Ses mains sont crispées sur le volant et il souffle bruyamment.

- Qu'est-ce qu'il voulait encore celui-là ? demande-t-il sèchement.

- J'en sais rien, dis-je indifférente. J'ai pas eu le temps de lui parler.

- Et ça lui prends souvent de boire à en être ivre et de venir te voir dans cet état?

Le ton qu'il emploie fait sonner sa question comme une reproche. Il est clairement énervé.

- C'est seulement la deuxième fois... répliquais-je timidement.

- Oui, si on ne compte pas les dizaines d'appels par jours.

Je ne répond rien. Il n'a pas tord. Attendez, y a quelque chose qui cloche...

- Mais, comment tu sais qu'il m'a appelé plusieurs fois ?

Il se reporte son attention sur la route, resserre sa prise sur le volant et inspire un bon coup. Pourquoi fait-il mine de ne pas m'avoir entendu?

- Dominic, qu'est-ce que tu as fait ? je répète en articulant chaque mots.

- Je... je lui ai parlé.

- Quand?

- Hier soir.

Hier soir? c'est impossible, on a passé la nuit dans sa voiture. A moins que...

- Tu as utilisé mon portable.

- Je voulais pas, je te promet. Mais tu dormais et ton portable arrêtait pas sonner. J'ai pas voulu te réveiller alors je l'ai pris dans ta poche et je suis sortis de la voiture. J'ai pas voulu décrocher. Mais il continuait de sonner encore et encore. Alors, j'ai craqué et j'ai décroché. Je lui ai dit que tu pouvais pas répondre pour le moment alors il s'est énervé et il m'a insulté.

Je vois la scène d'ici. Robin encore ivre qui s'attend à m'entendre. Il a dû encore bien déraper. Et en plus face à un gars qui ne peux la fermer. Il poursuit son récit.

- Il m'a dit que j'étais un gros nul qui te méritais pas et que j'allais regretter de t'avoir un jour approché. Je lui ai répondu que... je sais pas pourquoi j'ai dit ça, j'ai pas réfléchi.

-Tu lui as dit quoi ?

- Je lui ai dit qu'en attendant c'était avec moi que tu étais et que tu l'avais oublié depuis longtemps grâce à moi.

Les mecs et leur fierté, quels idiots. Alors que je réfléchit à tout ça, il ouvre de nouveau la bouche. Ne me dites pas qu'il a empiré les choses.

- Il a rigolé et m'a dit que je prenait mes rêves pour la réalité, que t'étais beaucoup trop bien pour moi. Je lui ai dit que je pouvais lui prouver le contraire quand il voulait.

- Lui prouver comment ?

- En te faisant porter quelque chose qui m'appartienne..

Mais quel idiot. C'est pour ça qu'il a eu cette réaction en me voyant porter son pull ce matin.

- Comment tu savais que j'allais le porter? je le questionne en retenant un rire.

- J'en savais rien, répond-il en fixant un point dans le vide.

C'est la phrase de trop. J'éclate de rire. Si je n'avais pas été aussi fatiguée et aussi tête en l'air il aurait perdu toute crédibilité et serait passé pour un idiot devant Robin. Dominic me lance un regard vexé, voire énervé. Je n'aurais peut-être pas dû rire.

The Girl Who Cried WolfOù les histoires vivent. Découvrez maintenant