Perdue

Chapitre 11

** Ethan Lewis** 20h17

La porte d'entrée claque bruyamment, et une tignasse brune apparaît dans mon champs de vision.
Mia est face à moi, ses cheveux recouvrent une partie de son visage, son corps semble prit de spasme. Je fronce les sourcils et m'apprête à me lever du canapé en cuir noir lorsqu'elle s'enfuit en courant à l'étage, ses pas tapant fortement à chaque marches qu'elle gravit.
Je passe mes mains sur mon visage en soufflant doucement. Pourquoi est-elle dans un état pareil? Mon cerveau me dit de la laisser seule quelques instants mais mon coeur n'est pas de cet avis.
Je me dirige vers la cuisine, attrape une tasse et la dépose sur le comptoir. Je fais bouillir de l'eau en y versant un sachet de thé vert. Cela fait, je verse le tout dans la tasse et monte les escaliers. Je m'arrête devant la porte de Mia. Des sanglots étouffés parviennent à mes oreilles. J'ouvre doucement la porte et pénètre dans la pièce. Mia est là, recroquevillée sur elle-même à serrer fortement son oreiller dans ses mains. Cette image me fend le cœur. Je dépose la tasse de the sur la table de nuit et m'assois au bout du lit.

«Princesse...»

«Laisse moi Ethan.» murmure t-elle

Je caresse d'un geste doux et rassurant  sa joue mouillée par les larmes.

«Je t'ai préparé un thé comme tu les aimes. Tu m'as dit que ça te faisais du bien lorsque tu étais triste.» je parle doucement, de peur de la brusquer.

Elle ne me répond pas. Je ne laisserai pas tomber, ça non. Je veux savoir qui l'a mise dans cet état là.
Je dégage les quelques mèches rebelles qui tombent sur son si beau visage. Ses yeux sont rouges d'avoir trop pleurés et ses tremblements ne cessent de s'amplifier.

« Que s'est-il passé pour que tu te mettes dans cet état?» lui demandais-je gentiment.

«Rien.» me répond t-elle

« Rien? Tu en es sûre ?» J'hausse un sourcil en la regardant, sachant pertinemment qu'elle à tord.

Je m'apprête à lui reposer la question lorsque son téléphone se met à vibrer contre le matelas. Elle ne tourne même pas la tête pour regarder qui l'appelle et  s'enfoui encore plus sous la couette.
Pendant ce moment d'inattention de sa part, j'attrape son iPhone et remarque une dizaine d'appels manqués provenant tous de la même personne, Ryan. Soudain plusieurs hypothèses émanent de mon cerveau. Mais la seule qui me revient en tête est que Ryan est le fautif dans cet histoire.

« C'est Ryan hein?»  je m'approche de son corps afin de croiser son regard mais elle me repousse du peu de force qui lui reste.

« Va t'en putain. » son ton est sec, je dirai même glacial.  Elle peut se mettre les doigts dans le nez. Je ne la laisserai pas seule. Jamais d'ailleurs.

Je soulève la couette qui la recouvre et tire son corps tremblant contre le mien sous ses protestations.
Ses poings tapent dans le vide, ou sur mon torse mais la douleur n'est pas présente. Et à vrai dire, peut importe si je ressens  une quelconque douleur, elle ne sera pas aussi forte que celle qu'elle ressens à ce moment là.

« C'est fini Mia. Je suis là.» Je resserre mes bras autour de son corps frêle.

Ses coups cessent brutalement de longues minutes après. J'esquisse un sourire et caresse d'un geste protecteur son dos. Sa tête vient s'enfouir timidement dans mon cou . Je trouve qu'on est bien là, tout les deux.
J'aime pouvoir la rassurer et prendre soin d'elle comme si j'étais son petit ami.

« Je le déteste. » chuchote t-elle.

Je la berce doucement et attend patiemment qu'elle continu de parler.
Ce qu'elle ne tarde pas à faire.

« Il m'aimait pas vraiment hein? C'était qu'un jeu pour lui. Tous ses mots qu'il  me disait , il ne les pensais pas. J'étais heureuse tu sais?  Ce  n'étais pas  uniquement réservé aux autres filles pour une fois. J'avais moi aussi envie d'être heureuse et vivre une histoire d'amour comme on en rêve toutes. Chaque jours je me sentais importante pour lui, je me sentais plus jolie, différente et ça faisait du bien. Il me disais qu'il m'aimait plus que tout, qu'il était fier que je sois à lui. J'y ai cru. Je suis tombée dans le panneau comme une pauvre gamine de huit ans. » lâche t-elle dans un souffle.

Je caresse ses cheveux tendrement comme le ferais une mère pour sa fille. Cette vision me fait sourire.
Son souffle chaud dans mon cou me fait rapidement revenir à la brute réalité: Ryan est un gros connard.

Il savais que Mia me plaisait énormément, et comme je m'y attendais il a tout fait pour qu'elle sorte avec lui dans le seul but de me faire rager. Ça ne m'étonne même plus.
Depuis notre plus jeune âge, il y a toujours eu cette compétition entre nous deux. Ryan voulait toujours avoir plus. Plus que moi, que les autres.
Il y a une raison qui l'a poussé à faire ça. C'était au collège, j'avais 15 ans lorsqu'il sortait avec cette fille, Lou. Elle était belle. Blonde avec des grands yeux bleus. On a fini par sortir ensemble en milieu d'année. Elle avait quitté Ryan pour moi. Depuis ce jour, Ryan a tout fais pour se venger, en passant par des rumeurs puis en me piquant mes copines.
Mais aujourd'hui j'ai grandi, j'ai pris confiance en moi et je ne le laisserai plus me rabaisser.

« Ethan? Tu m'écoute ... ? » Elle plante ses iris bleues dans les miennes.

« Excuse moi. J'étais ailleurs... Tu disais? » Je lui caresse la joue en souriant.

« Je l'ai surpris en train de coucher avec une fille. »

« Oh.» fut le seul mot que j'ai pu prononcé.

Elle fronce les sourcils en arborant une moue adorable.

« Pourquoi il m'a fait ça Ethan...?» Sa voix est frêle, presque inaudible. Je soupire et pose ma joue contre son crâne.

« Je lui ai piqué sa copine il y a cinq ans. Il m'a promis de se venger sur les personnes que j'aimais ou que j'aimerais. Et il se trouve que je t'apprécie. Il a osé s'en prendre à toi Mia mais je te promet que ça ne se reproduira plus. » Mon regard ancré dans le sien j'essaie de lui transmettre toute ma bonne volonté.

Cela semble marcher, son visage  auparavant triste, laisse place à un sourire sincère. Je sais qu'elle me fais confiance et en aucun cas je ne devrais la décevoir.

C'est fini Ryan. Tu ne t'en prendras plus aux personnes que j'aime. Tu ne feras souffrir personne. Je ne suis plus l'adolescent incapable de défendre les autres et lui même, et tu en auras la preuve ce soir.