Chapitre 11

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Elle fut dans le train, comme tous les autres à dix heures. Ils s'installèrent ensemble dans un compartiment pour être tranquille. Lily se maquilla, mit même une jolie robe -la seule qu'elle possédait- pour son père sur le quai de la gare londonienne. Arrivé à destination, les amis se quittèrent pour de bon et Lily avait les yeux et les joues humides.
- Allez Lilou, pleures pas. On se revoit dans deux semaines ! la consola Pad' en la serrant dans ses bras. Et puis, je crois que James veut te donner quelque chose.
L'adolescente se tourna vers le brun, surprise.
- Heu...oui, bredouilla-t-il mal-à-l'aise. Tu comprends, tu en auras sûrement plus besoin que moi.

Il lui tendit alors Myosotis avec un demi-sourire. La jeune fille ne savait pour le coup plus quoi dire.
- Je ne peux pas accepter. Il...enfin, tu...c'est le tien, et il...
- Ecoutes, comme tu l'as si bien dit, c'est le mien ; et comme l'a dit Padfoot, je te le donne. Il t'aime bien et je crois bien qu'il te connaît aussi bien que moi.
Les quatre autres adolescents se mirent à ricaner aux souvenirs de l'amour à sens unique de leur ami et de ses tentatives plus qu'infructueuses.
- Non, je ne peux pas, s'obstina-t-elle.
- Alors dis-toi que je te le prête pour une période indéterminée...ou juste pour les vacances, rectifia-t-il en la voyant sur le point de protester. Convaincue, la jeune femme remercia le garçon, prit l'animal et rejoint son père qui l'attendait, comme à chaque fois, dans le hall de la gare. Un peu intimidé, elle ne sut pas vraiment comment se comporter. Elle ne se souvenait que trop bien ce qu'il s'était produit la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Et elle ne supporterait pas d'autre reproche.
« 21 décembre 1975, Que d'émotions aujourd'hui ! Bon, bien que j'aie longtemps hésité à prendre Myosotis, je suis toute même contente de l'avoir accepté. Ça sera sans conteste plus simple pour communiquer. Mais ce qui a été le plus stressant pour moi fut les retrouvailles avec papa. Je me sens encore tendue ; je crois bien que je devrais aller voir un kiné. Pourtant, comme d'habitude, il était là, habillé normalement d'un pantalon noir et d'une chemise blanche, sa veste sur son bras gauche. Il a toujours été ainsi. Alors pourquoi aujourd'hui je n'ai pas réussi à lui rendre son sourire ? Pourquoi ai-je voulu retrouver Amy à quelques mètres de moi et lui dire de m'emmener avec elle ? Pourquoi un regard de sa part m'en a dissuadé ? Et pourquoi celui blessé que tentait de dissimuler papa m'a fait si mal ? Et pourquoi malgré tout, j'avais plus peur que le jour de ma première rentrée à Poudlard ? Je n'ai la réponse à aucune de ses questions, même maintenant que je suis rentrée à la maison. Donc malgré tout, je suis allée jusqu'à lui avec ma valise et 'mon' hibou -après tout c'est le mien pour les vacances-. Je dois bien avouer que savoir ce dernier avec moi m'a beaucoup aidée ; puisqu'au moindre problème, je pouvais le renvoyer à son propriétaire et prévenir Momo bien sûr. Je m'en fiche de James. Il m'avait peut-être offert son animal pour deux semaines, mais ça ne veut rien dire ! C'est quand même lui qui m'a jetée comme une vieille chaussette après notre premier baiser. Enfin notre baiser ! Pas besoin de préciser que c'était le premier puisqu'il n'y a jamais eu de second ; et je pense avec regret ? -oulà je fatigue, moi !- qu'il n'y en aura pas. Bon assez parler de James, si non, je vais encore être nostalgique pendant des heures. J'en étais à ma rencontre avec papa. J'ai franchit, je ne sais par quelque miracle, les derniers mètres qui me séparer de lui sans repartir en courant. Et là, à mon plus grand étonnement, j'ai eu le droit à l'étreinte que j'attendais en juin. Il m'a prise contre son torse avec possessivité et m'a murmuré des excuses et des paroles rassurantes pour que je me détende entre ses bras. Il faut dire que je devais ressembler à si méprendre à un lampadaire tellement j'étais tendu. Il m'a fallu cinq minutes avant de me ridiculiser et de fondre en larmes. J'étais si soulagée ! Papa était redevenu normal, comme avant. Et avec tout ça, je n'ai pas vu mes amis s'en aller. Ba, je ne pense pas qu'ils m'en tiendront rigueur. Nous sommes ensuite rentrés à la maison. Pendant tout le trajet, papa m'a posé des questions sur mes quatre derniers mois, la vie chez Amy. Il m'a même demandé si je voulais inviter les garçons et Mia pour les vacances de pâques. Je dois dire que je ne m'y attendais pas du tout. Mais après un temps d'arrêt, dû à la surprise, je me suis empressée d'accepter. J'ai hâte de présenter papa à mes amis. Par contre, après ses instants de plénitude, il m'a annoncé que ce soir, ma soeur et son mari dinerait avec nous à la maison ; ainsi que pour les réveillons et Noël. Il a même invité la belle-soeur de Pétunia, une certaine Marge. Dans mes souvenirs de leur mariage, elle était encore pire que son frère ! Oui, oui. Ça existe ! Je dois avouer que je ne pensais pas cet exploit possible. Comme quoi, il n'y a pas qu'à Poudlard que tout arrive. Et maintenant, je n'ai plus qu'à les attendre tous les trois et pour ne pas tomber en total dépression, papa m'a assurée que ma cousine serait là aussi pour Noël. Je suis vraiment impatiente de la voir même si je redoute un peu ses récits de vacances dans lesquels j'aurais tant voulu figurer. »
Lily posa son stylo et descendit dans le salon en compagnie de son père. Ce dernier lisait tranquillement un journal, en écoutant distraitement la radio qui diffusait une vieille chanson.
- Tu crois que je pourrais aller en Ireland l'été prochain ? demanda-t-elle incertaine, n'osant pas franchir le seuil de la porte.
Bien que son père lui ait répété une bonne centaine de fois depuis qu'il l'avait récupérée à la gare, qu'il regrettait ses paroles et qu'il ne les pensait pas, l'adolescente restait craintive face à lui. Quand il pensait que seulement quelques mois plus tôt, il était très complice avec sa fille, il se sentait blessé et nostalgique.
- Je ne sais pas trop, répondit-il. Je pensais...
- Oui, bien sûr, le coupa-t-elle, un voile de résignation tombant sur le visage tout en baissant la tête.
- Non, se reprit son père. On en rediscutera durant les vacances de Pâques. Puisqu'il me semble que normalement à la fin de l'année scolaire tu rentreras dans la vie active. Mais je voudrais que tu réfléchisses vraiment à l'endroit où tu passeras tes dernières vacances de deux mois. Je ne veux pas que tu es un seul regret dans vingt ans lorsque tu y repenseras. Lily n'en croyait pas ses oreilles et pour dire vrai, elle ne préférait pas trop y croire. Elle avait eu trop de mauvaise surprise les dernières fois qu'elle avait planifié des choses pour ses vacances.
- Oui, répondit-elle évasivement en s'asseyant sur le sofa.
- J'ai les dernières BD que tu affectionnes tant, tu veux les lire en attendant ta soeur ?
- Et les deux autres, murmura-t-elle avec une grimace.
- Pardon ?
- Je disais : pas spécialement, non merci. Comme tu le disais, j'ai des examens à la fin de l'année. Je vais commencer à réviser !
- Penses quand même à te reposer. Nous ne sommes qu'en décembre.
La jeune femme retrouvait vraiment son père dans ce dernier conseil. A l'inverse de sa mère, il avait toujours assuré qu'il était impossible d'apprendre quelque chose sans se reposer. D'après lui, le cerveau saturerait rapidement si une personne se mettait dans l'idée d'apprendre par coeur une encyclopédie de dix huit volumes en neuf mois sans prendre la peine de se détendre et de se ressourcer. Elle lui sourit et ouvrit tout de même son livre d'histoire de la magie. Ce n'était pas vraiment sa matière préférée, mais elle était importante pour son futur travail. Pendant deux heures elle se plongea donc dans la grande révolution du quinzième siècle. Elle n'y sortit que lorsqu'elle entendit la sonnette de l'entrée. Elle ferma rapidement son manuelle, le mit sous son bras, et se dirigea dans le hall en se forçant à sourire.
- Bonsoir Pétunia, bonsoir Vernon ! les salua-t-elle en leur serrant poliment la main. Je pensais que votre soeur devait nous faire l'honneur de venir pour le diner.
- Bonsoir, lui répondit sa soeur avec un regard hautin.
- Oui, bonsoir. Ne vous inquiétez pas, Marge sort son adorable chien de la voiture et elle arrive.
« C'est sûr que ça aurait été bête qu'elle ait un empêchement ! » songea-t-elle sarcastiquement.

Un livre trop convoitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant