Chapitre 5

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Amy arriva avec un gâteau recouvert de bougies et le déposa sur la table, en face de la jeune fille.
- Joyeux anniversaire Lily, dit-elle gaiment, en entrant dans la pièce. J'espère que tu mangeras au moins du gâteau !
- C'est vraiment gentil Amy, la remercia Lily avec un sourire forcé. Mais vous n'auriez pas dû !
- Bien sûr que si, voyons ! Tu as dix-sept ans aujourd'hui, c'est important !! s'insurgea la mère de Remus.
Elle ne comprenait pas vraiment le comportement de la jeune fille depuis leur retour de l'hôpital. Elle avait pensé que savoir son père en bonne santé aurait fait plaisir à l'adolescente. Mais au lieu de ça, elle la voyait se renfermer sur elle-même. Il faudrait qu'elle lui parle de cette impression de malaise qu'elle percevait chez elle. Les trois garçons, quant à eux, étaient totalement stupéfaits. Et pour cause : ils ne savaient pas que leur amie fêtée sa majorité aujourd'hui. Cela faisait six ans qu'ils la côtoyaient et ils n'avaient jamais réussit à découvrir la date de son anniversaire, au grand damne de James, qui avait pourtant tout fait pour obtenir l'information –jusqu'à aller dans les registre du lycée, mais en vain-. Une fois la surprise passée, Sirius se tourna vers elle.
- Pourquoi tu ne nous as pas dit que c'était ton anniversaire ? lui demanda-t-il, une note de reproche dans la voix.
- A quoi cela aurait-il servit ? se défendit la jeune femme.
- Nous aurions pu t'offrir un cadeau made by Maraudeurs.
- Ce n'est pas la peine. Je n'ai pas besoin de cadeau, assura-t-elle en baissant les yeux sur ses genoux.
En cet instant, elle ne se sentait pas à sa place parmi cette famille et ces camarades qu'elle avait si longtemps détestés et insultés. Elle se sentait de trop et ne voulait qu'une chose : disparaitre. Cela vaudrait certainement mieux pour tout le monde si elle n'était pas là. Mais elle ne voulait sous aucun prétexte embêter ces gens qui avaient eut la gentillesse de prendre soin d'elle, donc elle se força à reprendre contenance et à continuer la conversation.
- Et en plus, vous ne m'avez pas dit les vôtres ! reprit-elle en relevant la tête vers les maraudeurs.
- Comment ?! s'écria Sirius. Une personne sur cette planète ne connait pas LA date de naissance du dieu vivant, j'ai nommé Sirius Black premier du nom ?

Remus, qui, comme sa mère, avait vu que la jeune femme broyait des idées noires, se pencha vers Lily qui regardait son ami faire le pitre.
- Dans moins de cinq minutes, il va te dire que sa fierté en a prit un coup ; se demandant comment une amie pouvait ignorer une date aussi importante que celle du Grand Sirius, murmura-t-il pour qu'elle seule entende.
Et ça ne loupa pas. Une fois, remit de sa surprise, il lui répéta mots pour mots ce que venait de lui prédire le châtain, ce qui fit rire, faiblement, mais rire tout de même, la jeune fille. Et rien pour ça, Remus était fier d'avoir ainsi singé son ami qui, il le savait, ne lui en voudrait pas, ou alors si peu et pas longtemps.
- Quoi ? demanda le Grand Sirius, penaud devant la réaction de Lily face à son plaidoyer.
- Soit tu es prévisible, soit Remus pourrait postuler pour la place vacante de professeur de divination, ria-t-elle.
A cette remarque, Sirius se tourna vers son ami puis vers James et enfin vers Amy.
- Remus, un prof' ? réfléchit-il en se grattant le menton. Ça serait plutôt chouette !! Mais pas en divination, assura-t-il.
- Pourquoi ? s'étonna la jeune fille, ne comprenant pas se revirement de situation.
- Une fois sur deux, il est sur le point de s'endormir, se moqua James.
- Je me souviens une fois où j'ai été obligé de lui balancer ma tasse de thé pour qu'il reste éveillé, continua Sirius, entre deux hoquets de rire.
- Ha ! C'était pour ça ! comprit subitement Lily. Je savais que votre excuse était loin d'être la vérité...
- Quoi ? Tu ne trouvais pas que ça lui allait bien ? coupa James, atteint lui aussi d'un fou rire.
- Parles pour toi ! ronchonna Remus faisant semblant de bouder.
- J'aurais bien aimé voir ça ! avoua Amy avec un sourire, elle aussi amusée.
Elle se souvenait très bien de la lettre du professeur de divination suite à cet incident. Et pour dire la vérité, elle avait plus était dans le même état que les amis de son fils en ce moment, qu'en colère contre lui : le professeur n'avait pas changé depuis sa propre scolarité, et elle se souvenait qu'elle-même avait dû mal à rester éveiller. A croire que c'était génétique de s'endormir en cours de divination. Lily, pour sa part, ne comprenait pas Mrs Lupin et la dévisagea. Elle voyait en cette remarque une attaque envers son fils plus qu'une plaisanterie. Et cela la choqua plus que de raison. N'était-elle pas sensée prendre la défense de son fils ? N'était-elle pas sensée prendre la défense de ceux dont elle avait la charge ? Et si elle aussi la laisserait seule ? Et si elle aussi la verrait comme un monstre ? Et si elle aussi lui voudrait du mal ? Et si elle aussi... Ne supportant plus ses propres pensés et ses propres craintes, l'adolescente se leva d'un bond, marmonna vaguement une excuse et sortit en courant de la pièce avant de simplement...disparaître. Les quatre personnes restantes se regardèrent, étonnés par la réaction subite de Lily et par son départ quelque peu surprenant.
- Je ne savais pas qu'elle avait son permit ! s'exclama Sirius, fixant toujours l'endroit où son amie avait transplané.
- Elle ne l'a pas, assura Amy, secouant sa tête de droit à gauche afin de retrouver ses esprits.
Un silence suivit cet aveu. Mais pas un silence paisible. Non. Un silence pesant. Un silence à couper au couteau. Un silence lourd où chacun cherche des explications mais où personne ne parvient à ne serait-ce qu'effleurait une réponse. Mais malgré cette atmosphère assommante, il fallait agir pour retrouver l'adolescente qui, tout le monde l'avait comprit, n'allait vraiment pas bien. Et c'est un des confidents les plus chers à Lily qui sortit de sa léthargie en premier.
- Je vais la chercher, je crois savoir où elle se trouve ! dit Sirius avant de disparaître à son tour.
Et effectivement, Lily vit Sirius apparaitre devant elle deux minutes après son arrivé. Elle était partie se réfugier dans le premier endroit qu'elle avait trouvé en arrivant ici, et qui avait le mérite de la détendre un tant soit peu...le vieux chêne en face l'usine à savon.
- Qu'est-ce qu'il y a Lilou ? s'inquiéta le jeune homme en posant doucement une main réconfortante sur l'épaule de sa vis à vis.
- C'est occupé ! Tu ne sais pas lire ? lui répondit-elle froidement en rejetant la marque de réconfort du brun.
- C'est marqué où ?
- Sûrement derrière toi puisque tu ne le vois pas ! continua-t-elle sur le même ton.
Mais malgré tout, Sirius s'installa à ses côtés, faisant fi de l'humeur noire de son amie. Ce qui eut le don d'énerver cette dernière encore plus.
- J'ai envie d'être seule ! Dégages ! éructa-t-elle.
- Mais tu es seule ! s'emporta-t-il, lui aussi.
- Et toi, tu es où alors ?
- Je suis là. Mais je ne suis pas sûr que tu me considères comme un être humain ou même un être doué d'une quelconque intelligence vu la manière dont tu viens de me parler, lui dit-il d'une voix faussement douce.
Ce timbre de voix amplifiait les reproches envers Lily, et c'était dur à entendre de la bouche de son ami. Elle tourna alors la tête pour la première fois vers son ami, les yeux brillant de larmes contenues.
- Je...je suis désolée, marmonna-t-elle pitoyablement, lui donnant encore plus honte d'elle-même.
Elle n'arrivait même plus à prononcer une phrase sans bégayer. Elle se sentait plus misérable que les jours qui ont suivit l'accident de ses parents dans lequel elle avait...tuer...sa mère. Jamais elle ne pourrait se pardonner d'avoir fait un tel crime. Elle en voulait à sa famille pour avoir été si dur et méchante envers elle. Mais elle s'en voulait encore plus pour ce qu'elle avait fait. Et alors qu'elle pensait que tout compte fait elle n'était pas seule, Mrs Lupin avait...et puis maintenant Sirius... C'était trop pour elle.
- Ce n'est pas très grave, assura le jeune homme, la prenant dans ses bras en voyant son amie s'effondrée de plus en plus.
Il fallut à Sirius plus d'une demi-heure pour calmer la jeune femme. Lui assurant qu'il restait là, qu'il ne partirait pas, qu'elle avait le droit de pleurer, pendant que celle-ci lui répétait dans une litanie des 'Je suis désolée. Pardonnes moi.' de moins en moins désespérés. Et puis, après une n-nième parole rassurante du brun, la jeune fille arrêta enfin de demander pardon et resserra son étreinte sur son ami.
- Tu sais, Amy n'a dit ça que pour embêter Remus tout à l'heure, dit doucement Sirius, sans pour autant bouger.
- Mais...j'ai eu tellement peur qu'elle m'abandonne ; qu'elle me voit comme le font les autres. J'ai eu tellement peur que ça recommence !

Un livre trop convoitéOù les histoires vivent. Découvrez maintenant