1001 façons de se ridiculiser #FreeYourBody

7- La Sainte Table Sacrée du Maire

J'empile rapidement les tasses utilisées dans l'évier et pars servir une cliente qui commence à s'impatienter.

- Bonjour, que désirez-vous?

- Hm. Quel est ce pain derrière vous à gauche?

- Ça?

- Oui.

Misère. Ils n'auraient jamais dû m'embaucher dans cette boulangerie. Je ne me souviens absolument pas des sortes de pains. Ces derniers temps j'avais plutôt les pensées focalisées sur un autre sujet.

- Eh bien, c'est un pain graineux à la...farine et,
je toque le pain,
il est assez consistent, je dis en prenant un ton d'expert.

Elle me regarde en haussant le sourcils.

- Bon je prendrais une baguette.

Ouf. Ça au moins je connais.

- Voilà, ça fera un euro vingt, s'il-vous-plait.

Elle me tend les pièces et je lui souris de toutes mes dents en prononçant la phrase type transmise de génération en génération par toutes les serveuses de boulangerie: «Passez-une bonne journée.»

Quelques minutes plus tard, Cynthia, la gérante s'approche vers moi et me prend à part.

- Écoute, aujourd'hui on recevra le maire et les autres représentants  accompagnés de leurs familles pour déjeuner. Tu t'es assez bien débrouillée ces derniers temps, donc j'ai pris la décision de te confier leur table.

Et avant que je n'ai le temps de réagir, elle ajoute:

- Bon en même temps, c'est en partie parce qu'Alice n'est pas là mais je suis sûre que tu te débrouilleras, elle ajoute en me tapotant l'épaule.

Génial.
1) Je vais devoir gérer une tablée de snobinards accompagnés de leurs mômes.

2) Je suis juste un choix par défaut et on vient de me rappeler mon incapacité à gérer le seul petit boulot que j'aie réussi à dénicher.

Je me renfrogne et pars me consoler en allant mangeant quelques pâtisseries.
Oui, parce que, en travaillant ici j'ai un accès libre et gratuit à la nourriture.
Et je ne vous cacherais pas que ça reste l'une des principales motivations qui me pousse à venir travailler ici.

* * *

Vers midi et demi, le maire entre accompagnés de ses sbires.
Ils prennent place et je me force à abandonner mon croissant à moitié dévoré et aller les servir.
Mais ça risque de prendre du temps vu leur nombre.
Et je ne peux pas abandonner mon petit croissant aux noisettes. Il va s'ennuyer.
Je ne réfléchis pas plus longtemps et engloutis le reste tout en me dirigeant vers eux, un calepin à la main.

- Ok vous prenez quoi, je commence tout en finissant de mâcher mon croissant.

Je croise le regard appuyé de Cynthia et me reprend.
Le maire est en train d'essuyer avec dégoût les postillons de croissant mâché que je lui ai envoyés.
Oups.
Je m'éclaircis la gorge et reprend.

- Bonjour, vous me voyez absolument ra-vie de vous accueillir dans cet établissement par cette magnifique journée!
Que désirez-vous boire?

Cynthia me regarde à nouveau en levant les yeux aux ciels.
Il est trop tard pour changer de serveuse maintenant mais je ne doute pas qu'elle me vireras d'ici la fin de la journée.
Je soupire et me tourne vers la table pour prendre les commandes. Ils sont environ une dizaine et consultent la carte.