5- La bande de haricots poilus lunatiques apprenti gangsters

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-Donne-moi ça!

Il recule en souriant.
Je fronce les sourcils.
Il veut jouer à ça?
Très bien mais on jouera selon mes règles.
Sans plus attendre je prends en otage son vélo posé dans un coin.

- J'ai ton vélo, approche-toi sans faire de gestes brusques et donne-moi ces clés.

Il me dévisage puis avance en souriant.
Il a une démarche assurée et une fois arrivé à ma hauteur je me rends compte à quel point il est grand.
Je lève lentement la tête vers lui.

- Alors?

- Tu en as mis du temps pour venir récupérer ton vélo.

- Ne change pas de sujet.

- Tu faisais quoi?

- Je te rappelle que j'ai ton vélo en otage.

-Très bien.
Il me plante là et part chercher mon vélo qu'il déverrouille.

- Maintenant j'ai ton vélo et la clé.

Je soupire.

- On échange?

- Échanger quoi?

- Ton vélo contre mon vélo.

- C'est de l'arnaque!
Ton vieux vélo bleu ne vaut pas mon vélo...et les photos de toi en train de grimper à un arbre, dit-il en agitant son téléphone devant mon nez.
Je crois que je vais l'étrangler.

- Je réclame des droits d'auteurs!

Il sourit et des fossettes se creusent dans ses joues.

- Tu me devras un service supplémentaire alors...

- Comme quoi?

Il est vraiment très près de moi et je peux sentir son souffle sur mes lèvres. Il me regarde intensivement et je soutiens son regard avant de le descendre sur ses lèvres.
Il laisse tomber mon vélo et descend ses mains sur mes hanches.
C'est exactement l'occasion que j'attendais.
Je me décale et
j'en profite pour rapidement prendre le guidon de mon vélo et m'éloigner en pédalant.
Je me retourne en riant comme une baleine.
Je ris tellement que je manque de tomber de ma selle à plusieurs reprises. Il me sourit et me crie en retour.

- Tu me dois encore un service!

-Pfff. Compte là dessus!

Je pédale jusqu'à chez moi tout en souriant niaisement à tous les cailloux que je croise.

* * *

Je me dirige vers ma classe, une poignée de livres serrés contre ma poitrine, tout en tentant vainement d'apercevoir Josh.

* * *

Je prend distraitement des notes tout en écoutant la prof de physique nous expliquer ses histoire d'atomes, de protons et de neutrons.
La porte s'ouvre brusquement et le groupe de garçons, disons, peu fréquentables, s'introduit dans la classe en répandant une forte odeur de cigarette.
Je fronce le nez en grimaçant.
J'ai horreur de l'odeur du tabac.
Et j'ai encore plus horreur de voir Josh s'avancer parmi eux.

- Donnez-moi vos carnets, ordonne la prof de physique.

Ils l'ignorent dédaigneusement et s'asseyent à leurs places en lançant des regards menaçants autours d'eux.
Vous voyez les regards des mannequins lors des défilés?
Un peu comme si on leur avait interdit de manger de la pizza, des tacos, des biscuits et des kebabs.
Et du chocolat.
Vous voyez?
Eh bien ils ont exactement ce regard.
Mon cœur se resserre.
Josh ne m'a même pas regardée.
Comme si hier n'avait jamais existé.

- sont vos carnets, répète la prof en fronçant les sourcils.

- On n'a pas nos carnets, répond un grand brun aux yeux verts en haussant les sourcils.

Il tient son carnet dans ses mains.
Il se moque ouvertement de la prof.
Apparemment ça ne lui plait pas du tout.
Mais pas du tout.
Elle s'approche lentement du groupe.

- Donne-moi ça Josh, articule-t-elle en grinçant des dents.

- De quoi vous parlez?
Il lui sourit.
Elle s'approche de lui et inspire bruyamment.
Apparemment elle se retient à grande peine de l'étrangler.
Josh s'approche d'elle et lui fait du vent avec son carnet.

- Ça va? Vous n'avez pas l'air bien, dit-il d'un air faussement inquiété.

C'est la goutte d'eau.
Qui fait déborder.
Un volcan en éruption.

- DONNE-MOI ÇA!

Elle tire sur le carnet mais il ne lâche pas.
Elle lève la main sur lui comme si elle allait le frapper.

- Vous savez aussi bien que moi que vous n'avez pas le droit de lever ne serait-ce qu'un petit doigt sur un élève. À votre place je lâcherai ça.

- TU N'AS PAS À ME DIRE CE QUE JE DOIS FAIRE OU NE PAS FAIRE!

- Arrêtez de passer vos nerfs sur lui, qu'est ce qu'on y peut si vous êtes mentalement instable, ajoute un grand métisse.

Elle a un rire nerveux.
Limite hystérique.

- Mentalement instable?
Moi? Tu es bien mal placé pour le dire. Moi, je ne fume et ne bois pas. Vous n'avez aucun avenir devant vous.

Le grand métisse, Nessib je crois, s'avance d'un air menaçant vers la prof et articule lentement:

- Vous ne nous connaissez pas et vous n'avez aucun droit de nous juger, compris?

- Oh que si!
En tout cas je vous connais assez pour cerner le genre d'énergumènes que vous êtes.

Un troisième, que je n'avais pas remarqué jusqu'à maintenant, s'avance tellement rapidement que je n'ai presque pas le temps de le voir décrocher un coup de poing dans la tempe de notre prof de physique qui s'étale par terre.
Je me relève indignée.

- Ça va ou bien?!

- De quoi je me mêle?

- Oh ça va, hein.
Ça ne marche pas avec moi ces airs de bad boy ténébreux.

Je ne sais absolument pas ce qu'il m'est passé par la tête.
À mon avis de l'inconscience à l'état pur.
Ils s'avancent vers moi et je regrette de n'avoir pas écrit de testament.
J'aurais voulu léguer ma collection de marrons à mon petit frère.

- Répète un peu ce que t'as dit, pour voir.

- Je ne sais pas qui vous croyez être mais vous n'êtes qu'une bande de haricots poilus lunatiques qui se prennent pour des gangsters.

Ok j'ai peut-être un peu abusé et si il me restait ne serait-ce qu'une minuscule chance de survivre je viens de la pulvériser.
Je relève le menton.
Il ne faut surtout pas leur montrer qu'intérieurement je suis en train de me rouler par terre en criant.
Surtout pas.

1001 façons de se ridiculiser #FreeYourBodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant