Comme dans un film américain

Partie 4

- N'a-n'approchez pas.
L'homme s'avança d'un pas bancal dans la boutique, me fixant de ces mêmes yeux jaunes, et ne m'offrit comme réponse qu'un sourd grognement.
Ma poigne se resserait sur le manche de mon couteau tandis que je reculais à l'aveugle, terrorisée, et le coeur tambourinant.
Il se passa alors quelque chose d'inexpliquable. A peine avais-je cligné des yeux que l'homme se retrouva à quelques centimètres de moi. Téléporté. Ma respiration s'était soudainement coupé, mais je pouvais entendre la sienne souffler lentement.
L'arme tomba sur le carrelage, faisant retentir un écho dans toute la pièce. Impossible de crier, une chaleur désagréable avait pris possession de ma gorge, de mon corps tout entier. Ses yeux lumineux me pénétraient entièrement.
Le temps semblait s'être arrêté. Il était là, juste devant moi, à me regarder. Je n'arrivais à agir, ni à simplement reculer, comme hypnotisée. Et peu à peu, mes jambes se mirent à trembler, à faiblir, ma tête à tourner et les battements de mon coeur à ralentir.
Ma vue s'assombrissa, ses yeux me semblaient de moins en moins lumineux devant moi. Une image apparu.

- Maman ?
Tout était maintenant noir autour de moi. Il n'y avait plus que moi, et elle.
- Aaron...
Sa voix sonna comme une mélodie dans ma tête. Un immense sourire qui n'appartenait qu'à elle s'était dessiné sur son visage.
- Maman... tu-tu es là ?
A peine avais-je prononcé ses mots que l'obscurité l'avait engloutit complètement.
- Maman !
- Viens Aaron...
Je ne faisais que tourner sur moi-même pour trouver un semblant de lumière ou une forme au milieu de ces ténèbres.
- Où-où ça ?
- Il te suffit de courir... Cours Aaron...
Je m'élança dans une direction au hasard pour la retrouver, complètement paniquée.
Je ne pouvais pas la perdre, encore une fois.
- Maman ?
- Aaron...
Un coup de feu retentit, détruisant le monde dans le lequel j'étais plongée.

J'ouvris difficilement les yeux et quand je retrouva une image nette de ce qui m'entourait, je commença à me relever péniblement. Les souvenirs remontaient un à un dans mon esprit.
Qu'est-ce qu'il vient de se passer ?
Je resta appuyer contre le mur, me massant les tempes pour faire passer mon soudain et horrible mal de crâne.
Je revoyais l'homme, tout près de moi, me regardant de ses yeux jaunes. Je revoyais ma mère. Sa voix résonnait douloureusement dans ma tête. Comme ce coup de feu venu de nulle part. Il se répétait sans cesse dans mon esprit. Encore et encore.
Est-ce que tout cela n'était qu'un rêve, une hallucination, un cauchemar ? Ça semblait si réel. Je souffla, fermant les yeux, lorsqu'une voix retentit.
- Ça va mieux ?
Mon coeur rata un battement. Je me retourna brusquement vers l'entrée de la boulangerie et pu apercevoir malgré l'obscurité une jeune femme. Une jeune femme dont les yeux ne brillaient pas étrangement dans le noir.
- Désolée si je t'ai fait peur, s'excusa t-elle.