Je n'arrivais pas à decrocher mon regard du cadavre de l'homme, etendu à quelques centimètres de moi. Je crois que je tremblais. Pas de peur qu'il soit encore en vie, mais de peur qu'il soit mort, en réalité. Il l'était. Mort. Seulement, à ce moment, je n'arrivais pas à y croire.
- Tu as tué un homme... ai-je murmuré
J'ai levé la tête vers l'inconnue qui remplissait son sac à dos de tout ce qu'elle pouvait trouver. Elle mit fin à tous mouvements, et, sans me regarder, soupira longuement.
Marrons. C'était la couleur de ses yeux. Ils étaient aussi sombre que la chevelure qui tombait sur ses epaules. C'était une très jolie fille. Je ne l'ai jamais entendu rire. Je crois que j'aurai aimé l'entendre.
- Ce n'était pas un homme, a t-elle repondu d'une voix tremblante.
- Pas un homme ?
Elle m'a jeté un bref regard, puis a fermé et endossé son sac.
- On devrait partir d'ici.
- Pas un homme ? J'ai insisté.
- Ils essaient de nous tuer ! a t-elle chuchoté comme si elle avait peur qu'on nous entendent.
Ses yeux ont devié vers le cadavre au sol.
- On ne peut pas rester ici.
J'ai hoché la tête, confuse.
Puis je me suis approchée de celui que je considerais encore comme un homme. Je n'ai pas pu m'empêcher de me demander s'il avait une famille, une femme, des enfants. Des êtres qui l'aiment et qui doivent sûrement l'attendre quelque part, dans une angoisse qui vous bouffe l'estomac.
« Ils essaient de nous tuer ». Mais qui sont-ils...- Attends.
La jeune fille s'est stoppée au coin de la rue, verifiant l'autre côté de celle-ci.
- Y a quelque chose ?
- Ils sont trop nombreux et bloquent l'accès au parking.
Elle a continué d'observer. C'est au bout d'une trentaine de secondes qu'elle a decidé de m'envoyer traverser la rue pendant qu'elle faisait diversion.
- Mon copain m'attends garé dans une vieille voiture grise, je vous rejoins.
- Okay... j'ai repondu, pas du tout rassurée.
- Fais moi confiance, tout se passera bien.
- Attends, tu-tu...c'est quoi ton nom ?
Elle a esquissé un sourire :
- Emily.J'ai foncé, sans regarder derrière moi, sursautant à chaque coup de feu.
J'ai rapidement atteint le parking, le parking du centre commercial de la ville. Ma mère est revenue occuper douloureusement mon esprit. Elle y faisait souvent ses courses...
J'ai cherché la voiture qui correspondait à la description d'Emily. Tous les reverbers étaient eteins, l'obscurité m'entourait complètement.
Mon coeur a commencé à s'accélérer.
Je voyais déjà un de ces agresseurs débarquer de nulle part pour m'attaquer.
- Il... Il y a quelqu'un ?
Ma voix portait à peine, j'ai recommencé :
- IL Y A QUELQU'UN ?
Le silence a duré quelques longues secondes avant qu'une sorte de craquement le brise, me faisant faire un bond de dix mètres.
J'ai retenu ma respiration, figée, à l'affut du moindre mouvement.
- Ne bouge pas, a fait une voix à quelques centimètres de mes oreilles, me provoquant une nouvelle fois un sursaut.
Je ne fis aucun mouvement, ma poitrine au bord de l'explosion.
- Maintenant, retourne toi, lentement et les mains en l'air.
J'obeissa et me retrouva face à face avec le canon d'un flingue, tenu par un jeune homme que j'identifia sur le champ comme le copain d'Emily. Il analysa attentivement mes yeux.
J'avala ma salive :
- Je-je viens de la part d'Emily.
- Où est-elle ? fit-il toujours aussi froid
- Il y avait... des gens qui bloquait la rue, elle m'a dit de venir te rejoindre pendant qu'elle s'en occupait.
Il jeta un regard derrière moi.
- Tu l'as laissé toute seule ?
Son ton était devenu agressif, et l'arme pointée sur moi n'arrangais pas les choses.
- Elle m'a dit de lui faire confiance, j'ai precisé, la voix qui tremble.
Il m'a regardé de haut en bas, avant de relâcher legerement la pression sur son flingue.
- Je ne suis pas sûr de pouvoir te faire confiance, a t-il dit plus calmement.
- Je ne suis pas de ceux-là.
Il a hoché la tête, ne semblant pas totalement convaincu.
- Mène moi à Emily.
- Est-ce que tu pourrais... arrêter de me pointer avec ton arme ?C'est une fois dans la voiture que j'ai pu découvrir son vrai visage, grâce à la lumière intérieur. Des cheveux blonds comme la paille mouillée après une pluie et deux noisettes à la place des yeux.
Une cicatrice partait du bas de sa joue au bas de son menton.
- Elle est juste au bas de cette rue, j'ai indiqué.
Il a démarré le moteur de la voiture, et tandis que je m'enfonçais dans mon siège, j'ai senti une vague de soulagement m'envahir. La chaleur et le bruit de la machine me procurait un sentiment de sécurité immense, comme si ce tas de ferraille me coupait de ce monde. J'en avais presque les larmes aux yeux tellement ce sentiment m'avait manqué, à quel point je le redécouvrais.
- C'est cette rue là ?
- Oui, c'est celle là.
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Comme dans un film américain
Science FictionComment se fait-il que le ciel semble si différent ce soir ? Nous ne sommes peut-être pas les héros qui auront sauvé le monde, mais nous sommes ceux d'une histoire, de notre histoire. ♠ Merci à Hatice-S, créatrice...