Partie 6

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Les roues de la voiture ont crissées. Deux paires d'yeux jaunes nous observaient à travers l'obscurité.
Il nous a pas fallu longtemps pour l'apercevoir, l'ombre de son corps etendue sur le sol.
- E-Emily ?
C'est sur ce nom qu'un silence étouffant s'est installé. Je crois bien que nous sommes restés plusieurs minutes à la fixer, nous demandant si ce qui était face à nous était bien réel.
Puis sans tourner la tête, j'ai senti les mains du jeune homme serrer le volant, avant d'ouvrir brusquement sa portière. Il ne lui a pas fallu deux heures pour sortir son arme et abbattre d'une balle chacun les agresseurs qui semblait un peu trop proche de sa petite amie. C'est lorsque je l'ai vu courir vers celle-ci que je suis sortie du monde parallèle où j'étais plongée pour sortir à mon tour.
Emily était repliée sur elle-même, le visage caché par ses cheveux bruns.
Son copain s'est agenouillé près d'elle, la retourné sur le dos et a posé sa tête sur sa poitrine.
- Son-son coeur ne bat plus !
Mon estomac s'est soudainement retourné. J'ai fais un pas en arrière, portant mes mains à ma bouche.
Le garçon a tourné vivement sa tête vers moi, les yeux humides. Une colère ravageait ses pupilles.
- Tu l'as tué ! a t-il hurlé.
- Qu-quoi ?
Mon corps tremblait. Mon esprit se brouillait, incapable d'emboîter correctement mes pensées.
- Tu l'as laissé toute seule, et-et elle est morte !
Cette fois-ci, les larmes commençaient à inonder son visage. « morte », ce mot a percuté mon esprit de plein fouet.
- Je-je... je suis dé... Je te jure que...
Je n'avais pas eu le temps d'aligner trois mots correctement que le jeune homme pointait déjà son flingue sur moi. Ma gorge s'est serrée et mes tempes se sont mise à tambouriner douloureusement. Il dégageait une haine indescriptible.
- Range ton arme s'il te plaît... l'ai-je supplié.
Ses larmes redoublaient de plus belle. En simple réponse, il a tiré sur la gâchette de son arme. Mes poumons se sont soudainement emplis d'air, et j'ai explosé.
- Pourquoi est-ce que tu ne me fait pas confiance, je n'ai rien fait ! Je ne l'ai pas tué ! Je n'ai tué personne !
Cette fois, c'est moi qui pleurait et
voyant qu'il ne réagissait pas, j'ai insisté.
- Je n'ai pas tué Emily ! Je n'ai tué personne... Je ne-je ne voulais pas, je ne voulais pas que ça arrive...
- Emily serait encore en vie si tu avais choisi de rester avec elle !
- Elle le serait toujours aussi si TOI aussi tu avait fait le choix de rester avec elle !
Les muscles de son visage se sont relâchés. Il me semble avoir touché un point sensible à ce moment là. Je l'ai regretté immédiatement.
- Ce n'est pas ce que je voulais dire, je-
- C'est bon.
Il s'est relevé et, sans me jeter un regard, est parti rejoindre son siège, donnant un violent coup dans la jante de sa voiture au passage.
Je me suis assise à mon tour près d'Emily, essuyant d'un revers de main un larme qui roulait le long de ma joue. J'ai dégagé son visage.
Ses paupières étaient fermées, ses lèvres entrouvertes. Un filet de sang dégoulinait depuis son front.
- Je suis désolée, ai-je murmuré entre deux larmes.
Il avait raison. Elle m'a sauvé la vie et je n'ai même pas été capable d'au moins essayer de protéger la sienne.
- Je suis tellement, tellement désolée...

Au bout de très longues minutes, je me suis relevée, séchant mes larmes. J'ai rejoins la voiture du petit ami d'Emily. Sa tête était plongée dans ses bras, affalé sur le volant. Il dormais. J'ai inspiré longuement avant de toquer à la vitre côté passager.
Lentement, je l'ai vu se redressé. Il avait les yeux rougis par les larmes.
- Je peux venir ? j'ai demandé, assez fort pour qu'il m'entende.
Toujours à moitié dans les vapes, il s'est penché pour m'ouvrir la portière. Je me suis installée à côté de lui. Une atmosphère pesante s'est tout de suite installée.
Nous regardions tous les deux devant nous, ou nous la regardions plutôt elle. Ma gorge était toujours aussi sérrée. Mon estomac, noué au maximum. Et pour la première fois, j'aurai voulu être seule. J'aurai pu. Il me suffisait d'ouvrir la portière et de courir. Courir le plus loin possible. Sans se retourner. Et pourtant, je ne l'ai pas fait. Je n'ai pas ouvert ma portière. Je n'ai pas couru. Et le copain d'Emily n'a pas manqué de me le faire remarquer.
- Pourquoi tu es revenue ?
- Quoi ?
Sa voix m'a fait émergé de mes pensées.
- Ça fait deux fois que je te menace avec un flingue, alors pourquoi tu es revenue ?
J'ai haussé les épaules.
- Je n'sais pas...
Et c'était vrai. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas ouvert ma portière, ni pourquoi je n'ai pas couru, ou pourquoi j'ai choisis lui au lieu de choisir la solitude.
Je crois que j'avais déjà une certaine confiance en lui.

Comme dans un film américainOù les histoires vivent. Découvrez maintenant