18. Fuite (partie 1)

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Cela fait quelques heures que nous avons repris la route. Pendant qu'on levait le camp, Gauthier ne m'avait pas une seule fois adressé la parole, un grand vide c'était installé entre nous assez rapidement. Mon cœur se serre face à cette réalité mais il fallait que ça arrive pour que ma fuite semble le plus réel possible. Quand à Alaric, il me lançait quelques regard d'appréhension me montrant qu'il comprenait ce que je faisais. Maintenant nous voyageons silencieusement et j'appréhende ce qui va se passer dans peu de temps. J'entend toujours les espions derrière nous fidèles à leurs poste.

- Nous allons nous arrêter ici un petit moment pour reposer nos montures, déclare Alaric quand nous atteignions un petit ruisseau.

Nous nous arrêtons alors et je remarque que Gauthier me lance quelques regard froids. Mon corps est parcouru de frisson comme si ce regard m'avait blessé physiquement. Je lutte contre ma volonté de m'excuser, de le toucher, de lui faire changer ce regard, mais il ne faut pas. Alors je détourne les yeux feignant l'ignorance.

J'entend les deux inconnus qui se sont arrêtés eux aussi, ils murmurent des paroles pratiquement inaudible en décelant quelques mots provenant d'une voix féminine :

  - Elle ...... à comprendre ..... mauvais camp ... s'éloigne ..... bientôt ....... faux bons ........ encore ...... du temps ............... d'être ........ assez proche du repère.

  - J'ai les même pensées ........ qu'elle nous rejoigne ...... éliminer la reine, déclare une autres plutôt masculine.

Cette petite discussion me prouve que je n'avais pas tord. Ceux sont bien des rebelles et j'ai bien fait de m'éloigner de Gauthier. Il faut maintenant que je trouve le bon moment pour fuir. Il faudrait que je demande à Alaric à quelle distance somme nous du repère des rebelles. Je garde mon visage fermé et demande à Alaric qui s'occupe de Storm :

  - Nous sommes encore loin du repère des rebelles ?

Il se tourne vers moi, fixe un petit moment derrière moi puis me regarde en me répondant :

  - Nous allons camper dans la forêt qui se situe à quelques heures de là, puis il nous restera une demi journée il me semble. Nous sommes proche de la villes frontière, Rega, qui est essentiellement composé de rebelles. Il faudra être vigilant, j'ai le pressentiment que nous allons être désarmé des notre entrée. Donc il faudra montrer pâte blanche, pas d'attaque ni d'armes cachées, il nous faut leur confiance. Compris ?

  - D'accord, dis-je d'un ton neutre.

Bon et bien ma trahison va se dérouler assez vite que prévu. Je tremble rien qu'à l'idée que je vais me jeter dans la gueule du loup toute seule sans défense. Je cache assez facilement cette émotion, grâce aux entraînement de ma formation j'ai appris à cacher tout les émotions de peur, de tristesse, de joie, de honte, de douleur. Sauf une seul.

Au bout d'un quart d'heure nous reprenons notre route pour nous abriter dans une forêt assez dense où l'on pourra allumer un feu protégé du vent grâce aux arbre. Une fois le camp installé et les chevaux soignés, je me dévoue pour partie à la chasse, ramenant deux beaux lièvres blancs. Le dîné se passe dans un silence inconfortable, je peux sentir le regard de Gauthier me brûler la peau. Je lutte pour ne pas le regarder dans les yeux et tout lui expliquer, mais j'ai une mission et je ne compte pas échouer. Une fois les lièvres mangés chacun rejoint sa couche. Je reste un long moment éveillée, guettant le moindre bruit. J'entend d'abord le ronflement de Alaric, puis la respiration régulière de Gauthier, mais elle est trop rapide pour qu'il dorme. J'attend encore luttant contre le sommeil, je sens alors un mouvement à côté de moi. C'est Gauthier, il vient vers moi. Je ferme rapidement mes yeux et me concentre sur lui. Il s'allonge à mes côtés, je sens sa mains chaude caresser mon visage. Je lutte alors pour garder une respiration lente et régulière pour ne pas trahir mes sens.
Mais que fait-il ? Il va tout gâcher !
Enfin il cesse le mouvement, mais je sens par la suite ses lèvres chaudes se poser délicatement sur mon front. J'ai chaud et mon cœur s'emballe, mais je lutte pour le cacher. J'effectue un petit mouvement de la tête comme le ferait un dormeur en plein rêve afin d'être crédible parce que je ne peut plus tenir en place. Soudain, il colle délicatement mon dos à son torse dur et approche ses lèvres de mon oreille droite.

- Je sais que tu ne dors pas, je t'ai vu dormir beaucoup de fois pour savoir quand tu fais semblant, me chuchote-t-il dans un souffle.

Je me fige gardant les yeux fermés espérant lui prouver le contraire. Mais il continu à murmurer :

- Arrête je t'ai dit et tu vas tout m'expliquer. Maintenant.

- Je suis en mission alors laisse moi faire, je t'expliquerais tout après mais là tu dois me laisser partir, lui répondis-je dans un murmure presque inaudible.

- Je ne te laisserais pas jouer avec moi comme ça, susure-t-il les dents serrées.

- Je ne ... Tu devrais retourner dans ta couche.

Quand je prononce c'est mots, des larmes humidifient mes yeux, mais il ne les voit pas. Je voulais tout lui dire, lui dire que je regrettais de lui avoir fais du mal, pourtant je reste immobile pendant qu'il s'éloigne de moi pour rejoindre sa couche. Je ne pouvais pas me permettre de faire ça alors qu'on est surveillé. Je reste encore un long moment, puis me décide à décamper discrètement. Je ne range pas ma couche, c'est inutile, je prend juste ma sacoche de selle, ma cape de fourrure, mes armes pour enfin reprendre la route seule sur le dos de Mist. Je savais que Gauthier ne dormais pas, mais je ne pouvais pas attendre plus longtemps.

Et c'est en sortant de la forêt au galop que je vois le soleil montrer enfin son bout du nez.

La Guerrière RoyaleOù les histoires vivent. Découvrez maintenant