Maudite, Reine de la rose noire. [Tome 1]

Chapitre 10

Juliana, les mains croisées devant elle, scrutait son élève d'un regard inquiet. Un air frais venait de s'installer dans la pièce. Paniquée, Nela songeait aux derniers jours, se demandant quelles erreurs elle avait pu commettre.

— Comment vas-tu ? demanda simplement la jeune femme.

Un peu déstabilisée par cette simple question, la jeune fille arqua un sourcil, ne trouvant même pas quoi répondre tant la question était banale. Était-ce un piège ?

— Euh... Bien, merci.

— Je suis heureuse de l'entendre. Je tenais à te dire que je n'étais pas ton ennemie Nela, si tu as quelque chose qui te tracasse, surtout, n'hésite pas à venir me voir, d'accord ?

Son ton était étrangement insistant, on aurait presque pu croire que ses mots en cachaient d'autres. Son élève, que cette étrange entrevue continuait de mettre mal à l'aise, se contenta de baisser les yeux, intimidée. Elle répondit par un petit hochement de tête significatif, ce qui la libéra de ce rendez-vous gênant. Nela n'avait aucune idée de ce qui préoccupait tant Juliana. En réalité, elle ne voulait même pas savoir ; elle avait déjà assez à faire avec ses propres tracas.

***

Le jour J finit par arriver, sonné par les cloches de la vieille église de Tokama, résonnant sur toute l'île. Le début de la fête tant attendue venait d'être donné.

Dans sa chambre, Nela se préparait pour le bal. Une boule au ventre. C'était sa première soirée, du moins, la première qui était dansante et surtout, au bras d'un cavalier. Avant d'arriver à l'école des pouvoirs, ses samedis soirs se résumaient à une bande de copines, des pots de glaces à la vanille et des films romantiques qu'elles se passaient en boucle.

Assise par terre, ses longs cheveux bruns s'égouttant sur le parquet, elle tentait tant bien que mal de souligner son regard d'un léger trait noir, ce qui visiblement, n'était pas chose facile. Elle remonta ses cheveux en queue de cheval pour libérer son visage de ses mèches rebelles, dissimulant ses fines joues. Il ne lui restait plus que la robe, qu'elle enfila avec précaution, par peur de la déchirer tant elle était légère et fragile.

Face à son miroir, elle lâcha un long soupir, laissant s'échapper un peu de son inquiétude. Jamais elle n'avait été aussi élégante ; c'était à peine si elle se reconnaissait. Un léger coup à la porte lui fit détourner le regard du miroir avec un petit sursaut. Fleure, Johanna et Alice firent leur apparition quand s'ouvrit la petite porte en bois. Elles étaient toutes plus belles les unes que les autres. Elles prirent quelques minutes pour se complimenter et effectuer les dernières retouches avant de descendre rejoindre leurs cavaliers dans le grand hall.

Descendant les escaliers l'une derrière l'autre, chaque fille cherchait dans le hall le garçon qui devait l'accompagner. Eux aussi avaient fait des efforts, vêtus de jolis costumes noirs, les cheveux soigneusement coiffés au gel, ils n'avaient d'yeux que pour leurs prétendantes, un sourire béat au visage, heureux de la vision que leur offrait ce défilé.

Mattéo tendit son bras à Nela et la conduisit dans la salle où le grand bal avait lieu. Attendant au bar qu'un serveur leur apportât un verre de soda, le garçon de première année observait sa cavalière de la tête aux pieds, visiblement séduit.

— Tu es vraiment belle ce soir, Nela, dit-il timidement.

— Merci Matt, tu n'es pas mal non plus, lui assura-t-elle à son tour.

La soirée lancée, les élèves dansèrent à en perdre la tête. Certains se contentaient de taper du pied, d'autres sautaient partout, heureux de pouvoir se défouler. Les plus maladroits restaient au bar, riant avec leurs amis, mangeant des petits fours. Tout était parfait, il y en avait pour tous les goûts, même les professeurs semblaient s'amuser, ils en oubliaient presque de surveiller leurs étudiants.