Chapitre 18

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À croire qu'elle était bannie par Dieu, elle était toujours là où il ne le fallait pas quand il ne le fallait pas. Elle avait Ibrahima Ndiaye en face d'elle totalement déstabilisé peut être par sa morphologie ou encore par le fait qu'il ne l'ait pas vu depuis longtemps. Elle le regardait avec haine se disant qu'il est la cause de tous ses malheurs.

-Très chère Touti ?

-je ne veux aucun problème, juste laisse moi m'en aller en paix.

-Toutane, je ne te veux aucun mal... Tu es enceinte à ce que je vois ! Il est de qui ?

-cela ne te concerne pas ! Répondit elle sur la défense.

-D'accord, d'accord ! Comment t....

-Ibrahima, j'étais prête à prendre un nouveau départ et tu t'es acharné à faire de ma vie un champ de bataille. Aujourd'hui, que tu as réussi, fiche moi la paix. Laisse moi vivre ma vie !

-.....

Comme hypnotisé, il restait là à la regarder comme un manquant, sans un seul mot. Elle le contourna et continua sa marche, ne prêtant nulle attention à son regard ni à ses appels. Aujourd'hui plus que jamais, elle était consciente de l'importance de son bébé et pour lui, elle laisserai tout derrière elle pour leur bonheur. L'esprit vide de toutes pensées, elle marchait nonchalamment. Elle marchait telle a la quête d'un changement immédiat ou d'un retour dans le passé. Elle finit par arriver au bord de la mer et prit place sur l'un des bancs publics installés en face de cette immense étendu d'eau à perte de vue qui se noie dans le ciel à l'horizon. Le regard vide, les yeux pleins de larmes qu'elle essayait de retenir tant bien que mal, elle pensais encore à son enfance, alors que sa mère était présente pour elle, pour l'épauler, la cajoler. C'est dans ces moments de tristesses qu'elle lui manquait follement. Elle l'aurait prise dans ses bras en lui caressant tendrement les cheveux et lui aurait soufflé que tout irait bien. Elle essuyait les deux larmes qui longeait tristement ses joues, son téléphone attira son attention. Elle le saisi et fut surprise de voir l'auteur de l'appel, elle décrocha et posa avec hésitation le combiné sur son oreille.

-allô, Touti, c'est toi.

-oui, c'est moi ! Comment tu vas Khadija ?

-très bien et toi ?

-ça va.

-je suis en ce moment à l'hôpital pour évacuer mon frère vers la France où il pourra avoir les soins dont il a besoin. J'ai cru bon de te prévenir !

-très bien ! Si cela l'aidera à guérir, allez-y. Dit elle la gorge nouée.

-je t'appellerai plus tard pour qu'on parle car on a beaucoup de choses à se dire mais pour l'instant, je m'occupe d'abord de mon frère. Je vais te laisse le médecin est justement là. Bisous, prend bien soin de toi !

-merci ma belle, toi de même ! Dit elle avant de raccrocher.

Ce coup l'avait un tant soit peu apaisée, elle était à présent sûr que Salam irait bien. Elle avait beau se forcer à le détester, mais elle ne le pouvait pas. Cela était au-delà de ses forces, elle restait ainsi fixant l'océan repensant encore et encore à l'homme de sa vie.

De l'autre côté, Salam, lui, était cloîtré sur ce lit et cette maladie qui engendrait une douleur qui lui était à peine soutenable. Il s'efforçait de paraître bien pour ne pas plus inquiéter ses proches. Sa mère appelait toutes les cinq minutes et son père remuait ciel et terre pour qu'il regagne la France afin de bénéficier des meilleurs soins. L'arrivée de Khadija dans la pièce le sortit de ses pensées.

-alors comment tu te sens ?

-malade !

-très drôle. Dit elle en s'asseyant en face de lui.

-je viens de parler à Toutane !

-hum. Soufflait-il déconcerté.

-Tu es en train de faire la plus grosse bêtise de ta vie. Tu trouveras jamais une femme qui t'aime autant qu'elle.

-tu es son avocat ou quoi ? Je ne veux plus parler d'elle. Quand est-ce qu'on m'évacue pour la France ?

- D'accord, je vois.... Si Cheikh me fournit les papiers nécessaires à temps dans quelques heures.

-je reviens !

-D'accord.

Il se replongeait dans sa solitude lugubre, la tête pleine de pensées moroses. Il était rongé par une douleur insoutenable et personne ne pouvait le comprendre. La douleur qui lui brûlait le cœur est de loin plus intense et plus douloureuse que celle que lui procurait sa maladie. Il se sentait trahit, inutile, bête et seul. Cette femme, il l'avait aimé de tout son être, de toute son âme et aujourd'hui elle l'avait trahit, elle a trahi sa confiance, s'était, il dit. Il était prêt à lui pardonner tout même son mensonge, mais cette grossesse, il ne parviendrait pas à le lui pardonner, jamais. Cet enfant est le symbole de sa trahison et cela restera à jamais gravé dans sa mémoire. Il ne sentais même pas que deux larmes avait longé le long de ses joues. Elle ne méritait pas sa tristesse, elle ne le méritait pas, se disait il. Si, elle, a pu l'oublier lui aussi en ferais de même. S'il en sort vivant, il recommencerait à zéro avec une autre qui pourra l'aimer, qui ne le trahira pas ,en qui il aurait confiance. Il le ferait pour lui et pour ceux qui l'aiment....

Quelques jours plus tard...

-maman tout se passera bien ne t'inquiète pas !
-mon fils, j'ai tellement peur de te perdre.
-Ne t'inquiète pas tout ira bien ! Dis-je en serrant sa main très fort plus pour se convaincre que pour la convaincre.
Il devait regagner la salle d'opération pour sa greffe. Après quelques jours d'attente indéfinie, il a fini par avoir un donneur et celà ravissait toute la famille. Depuis qu'il était avec sa famille il s'est senti mieux, entouré de ce qu'il aime, même si de temps à autre, il lui arrivait d'avoir envie de voir Toutane, qu'elle soit avec lui, qu'elle l'assiste et qu'elle l'aime tout simplement. Hélas, cela était impossible et il le savait très bien. Les infirmières vinrent le prendre pour l'amener vers la salle où se déroulerait l'opération. Sa mère, son père, ainsi que sa sœur s'installèrent dans la salle d'attente attendant impatiemment tels des adolescents attendant les résultats de leur examen.
Au même moment, Toutane ressentait de fortes douleurs au niveau de son ventre. Elle du appeler Abdullah pour qu'il vienne la voir. Ce dernier ne se fit pas prier et passa la prendre pour l'amener à l'hôpital. Vu que Fatima et Ismaël était sorti ensemble, elle ne voulait pas les déranger donc elle avait appelé Abdullah. Dès qu'ils débarquèrent à la clinique, elle perdu les eaux, deux infirmières vinrent la mettre sur un lit. Elle ne comprenait et se mettait à poser énormément de questions. Elle n'était qu'à son huitième mois et elle venait de perdre les eaux.
-que se passe-t-il ? Dit elle en s'accrochant à la main d'Abdullah.
-tout va bien aller, calme toi ! Tout ira bien !
-oh mon dieu !
Elle fut dirigée dans une salle toute blanche comme une extra-terrestre, elle observait sans cesse autour d'elle. Elle s'inquiétait pour son enfant, beaucoup. Les contractions au niveau de son bas-ventre devenait de plus en plus accentués.
-Madame, votre bébé va bientôt arriver, nous vous préparons pour l'accouchement.
-faites.. Ce... Qu'il..... Faut. Où est.... Abdullah ?
-le docteur Guèye viendra vous voir tout à l'heure.
Les infirmières la déshabillèrent et lui mit la camisole en bleu blanc avant de relever ses jambes la position propice pour l'accouchement.
Abdullah lui faisait les cent pas dans la salle d'attente, il avait sans en connaître la cause très peur pour elle.
Il avait pris le soin d'appeler Fatima qui avait promis de passer chez elle lui prendre ses affaires avant de débarquer à la clinique. Il hésitait à aller la voir, il ne se croyait pas capable de la voir souffrir.
À la vue du médecin Abdullah, Fatima et Ismaël se levèrent pour s'enquérir des nouvelles de Toutane.
-comment va t'elle ?
-très bien, elle a eut un garçon. Et ils vont très bien tous les deux.
-alhamdoulilah ! Soufflaient-ils en chœur.
-est ce que je peux la voir ? Lança Fatima en s'emparant du sac qu'elle avait pris pour elle.
-oui bien sûr, mais vous allez faire vite, elle doit se reposer.
Elle suivit le médecin laissant les hommes seuls.
-j'ai vu comment tu étais anxieux, tu l'aimes ? Demanda Ismaël.
-....

Prisonière de son destinOù les histoires vivent. Découvrez maintenant