chapitres 7,8, 9

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7- Jour de pluie

Novembre

La pluie était mon lot quotidien ces dernières semaines. Il tombait des cordes depuis une bonne heure déjà, aussi ne me suis-je pas pressée d'aller en cours.
En sortant de chez moi, comme à mon habitude, j'ai mis les écouteurs dans mes oreilles pour écouter John Meyer. Je me suis laissée aller à fredonner, étant seule sur le chemin.

Mes problèmes s'évaporaient peu à peu, je devenais quelqu'un d'autre avec une vie différente. La mélodie m'inspirait, les notes de guitare acoustique m'emportaient encore plus loin dans ma rêverie, j'en oubliais même que j'étais trempée. Mais la réalité a vite fait de me rattraper; où que j'aille, mon présent me torturait. Arrivée au lycée, le rêve s'est estompé, je suis redevenue cette fille banale.

Oh, génial! Mes chaussures ont pris l'eau, il ne manquait plus que ça! J'y crois pas.

Dans la classe, quelle ne fut pas ma surprise de voir que mes classeurs aussi avaient pris la flotte! Je commençais même à avoir froid, mais j'ai fait la fière pour ne pas qu'on me plaigne. Mme Thibault n'a pas été contente de voir l'état de mes affaires, elle m'en a fait la remarque devant tout le monde! C'était plutôt embarrassant, surtout qu'Alice s'est réjouie de mon malheur. Celle-là, je lui casserais bien la figure! Heureusement que l'anglais était l'une de mes matières préférées. J'ai réussi malgré tout à participer mieux que les autres, je n'avais pas de difficulté à ce niveau-là, j'avais même une certaine assurance. C'était d'ailleurs la seule matière où je prenais la parole sans que l'on m'y force, ce qui n'était pas le cas pour les autres cours.
Pendant la récré, je suis allée directement dans la classe du cours suivant, préférant me terrer dans mon coin et noter sur une feuille de papier les paroles d'une chanson que j'avais en tête. Ces temps-ci, il me prenait l'envie de composer...

Une vie meilleure je connaîtrai
Un jour peut-être ou même demain
Sans regret je vivrai
.
Never go back home again [Ne plus jamais rentrer à la maison]

M'agripper à quelque chose
Pour rester alive
[Pour rester en vie]
Et même si je dérive,
I've got the right
[J'ai le droit]
to be happy once again. [D'être heureuse une fois encore.]

— Mlle Mussard, vous ne voulez pas aller en pause? a demandé monsieur Duchemann.
— Non, je suis bien ici.
— Vous en êtes sûre? a-t-il insisté en se plantant devant moi.

Pourquoi voulait-il absolument que j'aille me mêler à la foule? Je me sentais très bien dans ma solitude. Je ne désirais pas la compagnie de personnes qui ne me comprendraient pas.

— Mais vous êtes trempée! a-t-il continué en m'étudiant de la tête aux pieds.
— Oh, ce n'est rien! Par contre mes classeurs ont pris l'eau, je suis désolée.

— Vous n'avez pas de parapluie?
— C'est que... il pleuvait tellement fort avant que je n'arrive au lycée.

— Vous êtes venue à pieds?
— Oui, j'ai l'habitude de marcher.
— J'espère que vous n'allez pas attraper froid.

— Non, non. Ça va aller.

Mr Duchemann s'inquiétait à mon sujet, c'en était presque touchant! Il paraissait vraiment contrarié par ma situation et me regardait discrètement, comme si quelque chose de grave m'était arrivé. Il a mis la main sur son front et a soupiré profondément. Enfin, la cloche a sonné, le cours a commencé, il portait sur la dissertation. Cette fois encore, je n'étais pas emballée par le sujet.

Jamais trop tard (histoire terminée)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant