Wild Fusion

Le grand départ

La nuit tombe. Dans la maison des Penal, tout le monde est plongé dans un sommeil profond. Tout le monde excepté Elerinna. Elle contemple une dernière fois sa chambre avant de lâcher un gros soupir. Ceux qui avaient été sa famille durant seize ne se doutent pas de ce qu'elle s'apprête à faire. Ils ne la croient pas assez courageuse. Peut être est ce mieux ainsi. Son sac est prêt. Des vivres (quelques tranches de bœuf séché, des fruits secs, une miche de pain, du fromage ainsi qu'une outre d'eau) , une tenue de rechange, des lacets pour ses bottes, une corde de secours pour son arc, une couverture ainsi que son poignard constituent ses seuls bagages. Elle l'empoigne, ouvre la fenêtre, l'enjambe et saute sur l'herbe humide dans la fraîcheur du soir. Elle se réceptionne avec souplesse et siffle doucement. Le son, qu'elle seule arrive à produire, attire Iris. La panthère noire s'approche sans bruit de sa maîtresse et lève vers elle des yeux tristes. Elerinna réprime les larmes qui menacent de couler et tourne les talons sans jeter un regard en arrière, Iris à sa suite.

Elle se dirige vers la forêt où elle a passé tant d'après midis. Avant de franchir la lisière du bois, elle lève les yeux vers le ciel afin de pouvoir s'orienter grâce aux étoiles. Elle repère le Nord et décide d'aller vers cette direction. Son seul but est de mettre le plus de distance possible entre elle et Torlieu. La capitale, Castelrouge, n'est également pas une destination possible. Son père y travaille et elle ne souhaite en aucun cas croiser son chemin. N'ayant jamais voyagé plus loin que la capitale, tout à l'Est de son petit village, elle ne sait absolument pas où son périple la mènera. Quoi qu'il en soit, Elerinna est déterminée; elle ajuste son arc sur une épaule, son sac sur l'autre, et pénètre dans la forêt. 

De nuit, celle-ci n'a plus rien à voir avec le havre de paix accueillant qu'elle est durant la journée. La faible lumière blanche de la Lune projette les ombres fantomatiques des branches. Les yeux d'Iris luisent dans l'obscurité. Elerinna frissonne et serre sa lourde cape brune contre elle. Elle se fige au moindre bruit, les sens en alerte. Sa démarche souple lui permet d'avancer sans aucun bruit, à l'instar de son familier, qui soudain, s'immobilise. Le cœur d'Elerinna a un brusque sursaut. Un craquement de branche plus intense que les autres l'a alerté. Elle s'accroupit, empoigne son arc et attend. Ses instincts de chasseuse reprennent le dessus. Iris feule doucement afin de prévenir sa jeune maîtresse qu'un intrus approche. La jeune fille prend une flèche dans son carquois et arme son arc. Ses gestes sont calmes et d'une précision impitoyable. Soudain, droit devant elle, elle aperçoit deux prunelles vertes qui la fixent. Elle connait ces yeux; ce sont ceux du prédateur. Comme lors de ses dernières rencontres, celui-ci est complètement immobile et semble vouloir lui faire passer un message. 

Soudain, un effroyable vacarme se fait entendre. Elerinna perçoit le puissant grognement d'un animal. Elle sait que ce n'est pas le prédateur aux yeux verts. Celui-ci est beaucoup plus gros. Elle retient son souffle et ne bouge pas d'un pouce. Un immense ours fait alors son apparition. C'est un mâle. Il lève sa grosse tête afin de renifler l'air. La jeune fille prie pour qu'il ne détecte pas son odeur. L'ours se met à grogner de plus en plus fort. Il avance, et n'est bientôt plus qu'à deux mètres d'Elerinna. Celle-ci ne fait pas le moindre bruit, mais Iris se met elle aussi à grogner. Sa maîtresse lui lance un regard d'avertissement, mais rien à faire. Après tout, la panthère aussi est un prédateur. Elerinna regarde, horrifiée, son familier bander tout ses muscles, prête à agir. Elle sait que rien ne l'empêchera de passer à l'assaut. Et effectivement, Iris bondit hors du buisson derrière lequel elle s'était tenue dissimulée. Elle plante ses griffes dans l'épaisse fourrure de l'ours qui se dresse alors sur ses pattes arrières. L'énorme animal produit un formidable rugissement, et chasse Iris d'un coup de patte qui la projette non loin de lui. Ceci ne décourage pas la panthère qui charge de plus belle. Cette fois-ci, elle plonge ses crocs puissants dans le flanc de l'ours. Elerinna encoche une flèche, puis une autre et vise l'ours. Il se relaisse retomber sur ses quatre pattes et entreprend de charger contre un arbre, afin d'écraser Iris. Celle-ci tombe lourdement sur le sol. Elerinna retient un cri de stupeur. L'ours lève une patte. La jeune fille se lève et court pour rejoindre la panthère. Au moment ou l'énorme animal allait abattre sa patte, elle se jette entre lui et son familier. Une onde de douleur la traverse alors. Elle a l'impression que des milliers de petites aiguilles lui meurtrissent l'épaule. Elle perd l'équilibre et s'écroule près d'Iris. Ellerinna porte la main à son épaule, elle en revient poisseuse de sang écarlate. Elle est incapable de pleurer. Son corps est comme anesthésié. La jeune fille lève les yeux vers l'ours. Celui-ci s'apprête à abattre son impitoyable patte sur elle une seconde fois, lorsqu'un éclair gris l'intercepte. La dernière chose qu'Elerinna voit est le prédateur, son prédateur, qui plonge ses crocs dans le cou de l'ours. Puis tout devient noir.

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Bonjour! Ça y est Elerinna a pris son destin en main ! A votre avis, quel est le rôle du prédateur aux yeux verts ? Je prends plaisir à lire chacun de vos commentaires, alors n'hésitez pas ! :)

A bientôt !