Chapitre 5

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Je monte sur scène toute tremblante. Je salue le jury d'une petite révérence et rapidement je me met en place. Je reste statue en attendant la musique. Et puis les notes s'égrènent, je ressens en moi cette même sensation que j'ai éprouvé lors des répétitions. Le regard du jury, de Melle Spigerfeld et de Jonas sont braqués sur moi.

Je commence ma chorégraphie en enchainant les pirouettes, les sauts de chats, les arabesques...puis la musique est tellement envoutante qu'elle me transporte. Je ne suis plus Augusta Lagarde, je suis la fée Dragée et je suis entrain de faire mon propre spectacle. Emilie, Judith, Nina, Jonas, Ariette et Melle Spigerfeld ne sont plus que quelques spectateurs qui viennent me voir. Le jury fait parti du décor. 

Jonas, mon Jonas, je le vois il tient un bouquet de rose rouge à la main. Il va me le lancer à la fin de ma prestation. Il m'en offre un à chaque tournée que je fais avec ma troupe. Lui aussi fait parti de la troupe mais il ne danse pas, il n'a pas été retenu pour le rôle du prince. Dommage, j'aurais bien aimé danser avec lui, mais je m'adapte, c'est ça être danseur professionnel. Lorsque j'enchaine mes pirouettes, je fixe mon regard dans ses yeux. A force, il connait ma chorégraphie par cœur et il suit mes mouvements avec attention. Jonas est un mari très attentionné et j'en suis reconnaissante. Il sait que je travaille dur pour  décrocher les meilleurs rôles.

Depuis que nous sommes ensemble, nous ne nous sommes presque pas accordés 15 jours de vacances. Lorsque  le chorégraphe nous donnent des jours de congés, j'en profite pour faire des stages et progresser encore plus même si à mon stade je suis presque arrivée au bout de la progression. Jonas, lui va chez ses parents. Et ainsi nous menons notre petite vie à deux. Bien sur, j'ai plus de privilèges que lui: j'ai une loge pour moi toute seule, alors que lui doit la partager avec les autres figurants, chaque jour après chaque grosse répétitions j'ai le droit à une séance de kiné  alors que pour les figurants c'est une séance par semaine.

Et puis tout à coupe je reviens à la réalité quand j'entends des applaudissement. Je me souviens que je suis sur la scène de la Royal Ballet School. Oh et le jury est debout entrain de m'applaudir. Celui-ci ne devrait pas être neutre ? Melle O'connor me félicite :

- Bravo Melle Augusta ! Quelle magnifique prestation !!!

- Merci ! dis-je encore un peu essoufflée par les pirouettes que je venais d'exécuter

Je descendis de scène et rejoignis Melle Spigerfeld qui me serra fort dans ses bras. Elle avait les larmes aux yeux, elle n'y croyait toujours pas : je venais d'être félicitée par le jury ce qui est une chose anormale. Je fus encore félicitée par les membres de mon groupe. La prestation d'Ariette me permettrait de me reposer un peu.

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Avant d'aller manger, nous devions rejoindre nos chambres et nous doucher. Après le repas, nous aurions un quartier libre. La chambre de Jonathan se trouvait dans l'aile gauche de l'étage n°2.  Arrivée dans notre chambre, je m'affale sur mon lit. J'ai mal aux pieds, mes pointes sont trop serrées. Emilie m'aide à défaire les agrafes de mon tutu. Une bonne douche me permet de me détendre. Je pense à Jonas. Lui aussi est-il entrain de se doucher ? Je laisse la place à Emilie et pendant qu'elle se douche je range soigneusement mon tutu. Pour le diner de ce soir, je choisis une jolie robe rouge à paillettes avec de fines ballerines grise argentée. Je laisse mes cheveux détachés et j'accroche un collier autour de mon cou. Pour le maquillage, je me met un peu de poudre, je dessine un parfait trait d'eye-liner sur mes paupières et pour couronner le tout j'ajoute une touche de gloss brillant sur mes lèvres. Emilie, elle est vêtue d'une robe bleue turquoise et elle a ramené ses cheveux en un chignon tressé. Ariette, Judith et Nina nous on rejoint dans la chambre. Nous rigolons tellement fort qu'on entend même pas que quelqu'un toque à la porte. C'est Judith qui va ouvrir la porte. Jonathan et son copain de chambre se tiennent face à nous.

- Salut les filles, vous voulez bien qu'on vous accompagne jusqu'au réfectoire ? dit Jonas tout timide

- Avec grand plaisir !! répondit Judith

- Avant je voulais vous présenter mon ami Valentin; il va faire sa représentation demain matin comme il fait parti du groupe 8.

Et en cœur nous lui souhaitons la bienvenue dans notre groupe. Emilie n'avait d'yeux que pour Valentin. Elle était littéralement entrain de tomber amoureuse. Si par la suite nous étions retenus tout les 4, je pourrais sortir avec Jonas et elle avec Valentin. Judith, Nina et Ariette partirent devant. Jonas se rapprochait de moi laissant Valentin roucouler avec Emilie. Il me chuchota à l'oreille :

- Tu es sublime dans cette robe ! Et tu es aussi belle les cheveux relevés en chignon que détachés ! Mais je devrais plus m'habituer à te voir avec les cheveux attachés !

- Pourquoi ?

- Parce que je sais que tu as une attirance pour moi et je ne vais pas te cacher que moi aussi, mais je voudrais attendre d'être retenu pour pouvoir sortir avec toi.

Je ne répondis rien tellement j'étais aux anges. J'adressai un regard furtif à Emilie et Valentin. Mon amie était rouge écrevisse.

Au réfectoire nous choisîmes une table de 4. Je m'assis à côté d'Emilie et en face de Jonathan. Personne ne parlait et le repas s'annonçait ennuyeux. Puis on se détendit un peu et on réussit à rigoler.

A la fin du repas nous avions quartier libre, nous pouvions nous promener dans le parc ou dans l'établissement. Nous décidâmes de remonter dans nos chambres respectives. Valentin et Emilie bavardaient devant et Jonas et moi étions derrière. Nous montâmes l'escalier qui menait au deuxième étage et au moment de tourner à droite, Jonathan m'attrapa par le bras et me plaqua contre le mur et avant que je puisse protester, il colla ses lèvres contre les miennes. Ses mains se placèrent sur ma taille et je plaça les miennes autour de son cou. Je savourais pleinement ce baiser. Puis il me relâcha et me raccompagna jusqu'à ma chambre. Et là surprise : Emilie était allongée sur son lit et pleurait à chaudes larmes. Valentin était assis sur le mien, tournant le dos à Emilie et il se tenait la joue droite. Jonathan prit discrètement ma main. Un étrange silence de mort régnait dans la chambre. On entendait juste les suffocations d'Emilie.

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